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Le robot de traite toujours plus populaire

En décembre 2017, les sociétés leaders du marché du robot de traite, à savoir Lely et DeLaval ont fêté respectivement 25 ans et 20 ans d’existence en traite robotisée. Un anniversaire légitime d’autant que , lors du premier semestre de 2017, le robot de traite a représenté, pour la première fois, plus de 50 % des nouvelles installations de traite. Une raison suffisante pour la rédaction du Sillon Belge de parcourir les stands des deux constructeurs précités et celui de SAC pour faire le point. L’occasion de voir si les maladies d’enfance sont encore d’actualité.

Temps de lecture : 9 min

Si on sait établit à l’heure près quand est né un bébé, il n’en est pas tout à fait de même pour le robot de traite. Quoi qu’il en soit, la technique a pris son envol à partir des années ’90 et son essor paraît désormais irrésistible, si l’on en croit le dossier économique 2017 de Fedagrim.

En 2016, les installations de traite robotisée avaient une part de marché de 45 %. Elles sont désormais les nouvelles installations de traite les plus populaires, passant devant les installations de traite côte à côte (33 %). Au premier semestre 2017, la proportion est passée au-delà de 50 %.

Le bras plus fiable

Les robots de traite ont évolué au cours de leurs 20 ou 25 ans d’existence, D’après Alfred Smits, le nombre de machines Lely, qui proviennent des Pays-Bas, devrait se situer entre 25 et 30.000, et on en trouve dans le monde entier. Pour avoir la preuve que la technologie de base se comporte bien, il faut regarder le marché de l’occasion. « Un tel outil garde sa valeur sur le marché de l’occasion. »

Son collègue Wybren Jongbloed souligne que des améliorations ont été constamment apportées au cours des années. L’une des plus importantes, selon lui, c’est le positionnement de la vache dans le robot : la vache ne doit plus faire de créneau, mais arrive directement dans le robot et en sort directement. « En général, la nouvelle génération de robot de traite est plus ouverte, ce qui donne à la vache l’impression d’être toujours dans le troupeau. »

Évidemment, la science a évolué, de sorte qu’on a pu augmenter le nombre et la qualité des capteurs. Les mesures de la conductivité, de la coloration et de la température du lait peuvent indiquer les signes d’une inflammation, de la présence de colostrum dans le lait ou d’une maladie.

Le robot Lely (à partir de l’A3) offre la possibilité de déterminer directement le nombre des cellules somatiques. Chez DeLaval, on constate la même évolution dans le domaine de l’analyse directe du lait à l’aide de capteurs plus nombreux et de meilleure qualité. Loïc Roelen signale notamment le Smart Pulsator qui détermine et crée le vide individuel idéal pour chaque vache. L’analyse du lait va au-delà de la question de la qualité car on veut aller plus loin et les utiliser dans le herd navigator. Celui-ci utilise les données pour suivre la fertilité, pour scanner les mammites et détecter l’approche d’une fièvre de lait. Pour ce qui est des « meilleures » améliorations réalisées au cours des 20 ans du robot de traite DeLaval, Loïc Roelen met en avant le bras du robot, passé d’une commande pneumatique à la commande hydraulique : « Une vache a de la force, le bras doit donc être très fiable, stable et costaud. C’est important dans le cas d’un appareillage qui doit fonctionner 24 heures par jour, 7 jours sur 7. »

Le troisième fournisseur présent à Agribex, le Danois SAC, parle aussi de changements essentiels apportés au bras au cours des années. Bien que danoise, la société SAC s’est lancée dans la robotisation de la traite en reprenant la firme néerlandaise Hokofarm. Ruud Schlenter : « Nous avons aussi 20 ans d’expérience dans cette technologie. Il doit y avoir 1.500 à 1.600 robots de la marque en fonction, principalement aux Pays-Bas, aux Etats-Unis et en Allemagne. Le bras du robot est un bras industriel, comme il en existe des dizaines de milliers dans des usines, à faire bien d’autres choses que de poser des griffes de traite. »

Le départ chez SAC, c’est le Galaxy. Il était posé sur un système de rail afin de servir deux boxes de traite. La plus importante évolution a été le remplacement du rail, sensible à l’usure, par un bras industriel, commandé électriquement. R. Schlenter : « Ce bras est utilisé depuis des années, par exemple, pour effecteur les soudures dans la construction automobile. Il est très robuste et fiable. La position des trayons est repérée par la combinaison d’un laser et d’une caméra. Les améliorations ne se comptent plus dans le domaine des caméras, et j’entrevois le jour où le laser deviendra superflu. »

Un bras, deux boxes ?

La différence évidente entre le « petit dernier » SAC et les leaders du marché, c’est qu’il commande deux boxes de traite avec un seul bras, ce qui diminue le prix de l’installation de 10 à 12 % par rapport à la concurrence. L’entretien serait également moins coûteux, et la firme espère bientôt le démontrer avec des chiffres.

Chez les deux principaux constructeurs par contre, c’est l’unanimité : on ne croit pas à « Un bras, deux boxes ». Le plus gros argument : une perte de capacité, et certainement lorsqu’une vache laisse ou fait tomber une tétine. Mais cette critique est réfutée par Ruud Schlenter: « On perd peut-être 2-3 % par rapport à deux bras séparés. Avec 60 vaches par boxe, c’est comme si on en trait 57 ou 58. » On compare souvent le nombre de vaches traites par boxe, mais Schlenter se méfie des grands chiffres : « On ne trait pas facilement 140 vaches avec deux robots. Il faut y mettre du sien. »

Lait de robot, lait

de moindre qualité ?

On pense souvent que le lait de robot est de moindre qualité. Lely conteste cette affirmation et estime même que le contraire est vrai. Wybren Jongbloed : « Nous avons analysé les chiffres du CRV qui regroupe 85 % des producteurs laitiers aux Pays-Bas et 90 % des vaches laitières. Par rapport à la traite traditionnelle chez nous, le taux cellulaire y est plus bas. Et l’avantage du robot est d’avoir les résultats de ces analyses de façon quasi instantanée ! »

André de Leeuw (DeLaval) constate la même évolution et a aussi une explication : « Les robots traient les vaches plusieurs fois par jour et cela fait diminuer le taux cellulaire. Il y a des tas de choses qui influencent la qualité du lait comme le logement ou la qualité des onglons, le robot n’est qu’un de ces éléments.

Parcours libre ou dirigé

On dit facilement : « Le parcours libre, c’est le fermier qui est dirigé ». Pourtant, on trouve ici une unanimité chez les trois spécialistes du robot de traite. Ils considèrent tous que le principe de base doit être le parcours libre. Ce que M. Schlenter résume : « C’est une question de mieux-être pour la vache. » Chez DeLaval, on estime que le parcours libre est le choix de 80 % des producteurs laitiers. André de Leeuw : « Nous n’exerçons pas de pression. C’est souvent la situation de l’étable ou la préférence spécifique de l’éleveur qui intervient pour que le trafic soit dirigé. Avec des vaches et une ration totalement mélangée, ils décident un système milk first qui oblige la vache à aller d’abord vers le robot alors qu’elle veut aller se nourrir. S’ils décident d’un système feed first, la vache n’est pas dirigée vers le robot alors qu’elle veut peut-être aller se coucher. Le système a d’ailleurs pour avantage de permettre de constater immédiatement d’éventuels problèmes grâce au nombre de visites. »

La traite robotisée, trop cher ?

Le coût du robot de traite, c’est peut-être l’argument le plus important qui détourne le producteur de l’achat d’une telle installation. Car oui la traite robotisée coûte! Ruud Schlenter estime le surcoût à 1 cent par litre de lait mais il prévient : « Cela dépend du salaire que vous vous attribuez. » Wybren Jongbloed ajoute : « Nous entendons encore parfois que, dans ce calcul, il ne faut pas tenir compte du travail humain, puisque, le producteur est sur l’exploitation. Ou alors qu’il faut tabler sur 5 euros/heure. Mais ce n’est pas une comparaison réaliste. Finalement, que veut-on comparer ? Un robot de traite n’a rien de comparable à une salle de traite qui a 15 ou 20 ans, mais davantage avec une nouvelle installation. »

S’il y a des coûts supplémentaires, il y a également des litres supplémentaires. Il y a un point complémentaire à sous-peser dans la comparaison : que fait le producteur laitier du temps qui a été libéré. Ruud Schlenter : « Si vous trayez au robot, vous disposez d’un tas de données par vache, et vous devez en tirer quelque chose. Et puis la traite conventionnelle, c’est éprouvant sur le plan physique, surtout dans des troupeaux de grande taille. » André de Leeuw : « Pouvoir déjeuner en famille, aller conduire les enfants à l’école ou aller les rechercher, ça vaut aussi quelque chose. Et puis, il faut se rendre compte que les vaches produisent davantage. Comment une vache qui donne 40 litres de lait, ou nettement plus, 60 litres, va-t-elle tenir le coup dans le système traditionnel, avec seulement 2 traites par jour ? »

Robot de traite et grand troupeau ?

Il est peu probable que les troupeaux laitiers vont diminuer en taille. D’après le rapport économique de Fedagrim, on constate pour la première fois que le nombre moyen de boxes robotisés par exploitation a légèrement diminué, il est en moyenne de 1,59 box robotisé par exploitation laitière. Cela montre bien que cette technique est faite pour de grands troupeaux.

André de Leeuw : « Chez DeLaval, on a robotisé un carrousel, c’est pour des cheptels de 300 à 700 vaches. Mais ce n’est pas pour remplacer le robot. Cela dépend de ce que veut le producteur. Au Chili, il y a une exploitation de 4.500 vaches avec 64 robots. Aux Etats-Unis, il y a des exploitations avec 20 robots. Dans le Benelux, on a des exploitations avec 8 robots. Ce sont des exemples. Il apparaît souvent que c’est la main-d’œuvre disponible pousse à la traite robotisée.

Qui fait la différence ?

Il y a des tas de clichés, mais l’un d’eux revient systématiquement : le producteur qui opte pour la traite robotisée doit connaître sur le bout des doigts tous les autres facteurs tournant autour de la traite. Lely clame que ses robots font produire plus de lait, mais que, pour expliquer la différence, c’est aussi la gestion de l’éleveur qui rend cette différence possible. DeLaval voit aussi d’autres facteurs qui assurent le succès de la technologie: la gestion, le logement, la santé des animaux… Ruud Schlenter : « En tant que producteur, on doit profiter du robot et des données qu’il fournit, mais il ne faut pas hésiter à laisser de côté une vache qui ne se rend pas systématiquement au robot. Si on utilise ce dernier intelligemment, la technologie aura une réelle plus-value. »

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