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Les populations de bourdons ont fortement décliné en Belgique ces 100 dernières années

Les populations de bourdons, insecte pollinisateur au rôle primordial, ont fortement régressé en Belgique au cours des 100 dernières années. Un déclin attribuable aux changements de pratiques agricoles, à l’urbanisation et au réchauffement climatique, selon une thèse de doctorat qui sera défendue jeudi par Sarah Vray, doctorante en co-tutelle entre l’université de Mons et l’université de Namur.

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Les recherches réalisées par Sarah Vray mettent en évidence une régression considérable de la majorité des espèces de bourdons (genre Bombus) depuis 100 ans. Sur les 31 espèces de bourdons qui vivaient en Belgique au début du 20e siècle, seules huit sont encore observées couramment de nos jours. Les autres espèces sont devenues extrêmement rares et sept d’entre elles ont même totalement disparu.

Sur le plan quantitatif, il est difficile de mesurer le déclin mais «l’on sait qu’il y a 100 ans, environ 1.000 bourdons étaient collectés lors d’une journée d’échantillonnage alors qu’aujourd’hui, si l’on parvient à en collecter 100, c’est déjà bien», illustre la doctorante.

Si la disparition des bourdons est moins médiatisée que celle des abeilles domestiques, elle est tout aussi dramatique. Le bourdon est en effet un insecte pollinisateur de premier plan. «Il est plus résistant aux faibles températures. Il sort plus tôt dans l’année et dans la journée. Quand il fait froid et quand il pleut, il continue à polliniser. Le bourdon pollinise plus d’espèces de plantes et est plus rapide. Il est assez complémentaire avec l’abeille domestique mais quand les deux espèces pollinisent la même culture, le bourdon est plus efficace», explique Sarah Vray.

Les causes du déclin du bourdon sont multiples. La thèse constate que les localités et régions de Belgique où les zones urbaines ont le plus augmenté sont celles qui ont perdu le plus d’espèces de bourdons en 100 ans. Les modifications des pratiques agricoles ont également joué un rôle. Le recours aux pesticides, la mécanisation agricole, la suppression des haies, la simplification des paysages agricoles faisant la part belle aux vastes monocultures, l’abandon des cultures de légumineuses, comme le trèfle, sont autant de facteurs défavorables. De même que le réchauffement climatique. A cet égard, les résultats obtenus par Sarah Vray montrent que les bourdons souffrent particulièrement des épisodes de sécheresse.

La doctorante a également découvert que les fleurs de chardons jouent un rôle primordial comme source de nourriture pour les bourdons mâles. La chercheuse estime dès lors que les lois d’échardonnage représentent une menace pour la survie des bourdons. Un arrêté royal de 1987 et le code rural wallon prévoient en effet une obligation «d’empêcher par tous les moyens la floraison ainsi que le développement et la dissémination des semences» de quatre chardons réputés nuisibles (cirse des champs, cirse lancéolé, cirse des marais et chardon crépu). Une législation que la doctorante estime «obsolète».

(Belga)

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