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Simplifier pour mieux entreprendre!

Tout a commencé par 1 ha de pommes de terre planté « pour essayer »… 50 ans plus tard, la famille Comijn en cultive près de 300 et s’est spécialisée dans la production et la commercialisation de pommes de terre épluchées et de frites fraîches. Une véritable entreprise dont les maîtres mots sont simplicité et qualité.

Temps de lecture : 5 min

Originaire de Flandre, la famille Comijn s’installe à Amay, en région liégeoise, en 1966. L’année d’après, Georges Comijn et son fils, Stéphane, décident de tenter l’expérience de la pomme de terre : « C’était une autre époque. On se lançait un peu dans l’inconnu et nous n’avions pas la chance d’être entourés de professionnels comme c’est le cas aujourd’hui », explique Stéphane.

Du détail à la pomme de terre épluchée

Les premières années, la famille multiplie les bonnes et mauvaises expériences mais maintient le cap et s’oriente vers la vente au détail. En 1978, Stéphane reprend l’exploitation familiale et intensifie la production, se spécialisant plus particulièrement dans les variétés de pommes de terre à « frites ». Il conserve néanmoins les autres cultures et l’élevage de Blanc-bleu belge.

Dans un premier temps, la pomme de terre est vendue non épluchée aux friteries mais la demande en produit fini pousse Stéphane et son épouse, Rosa, à étendre leurs activités à l’épluchage, en 1985. Au cours des années ‘90, ils investissent dans leur premier bâtiment de stockage et commencent également à travailler avec l’industrie.

Début des années 2000, Hervé, le second fils de Stéphane revient sur l’exploitation familiale. Il s’emploie plus particulièrement à développer la transformation et la commercialisation des pommes de terre. Les espaces de stockage et les équipements d’épluchage sont modernisés. En 2006, Hervé saute le pas et reprend une partie de l’exploitation familiale. Il est rejoint, en 2013, par Mathieu, son frère cadet auquel Stéphane cède sa place.

Nouveau cap et partenariat

Ces dernières années, les deux frères n’ont eu de cesse de développer l’exploitation familiale. En 10 ans, la superficie de pommes de terre est passée de 50 ha à près de 300 ha dont environ 180 ha en Bintje, 100 ha en Fontane et 20 d’Agria. La ferme comprend également une surface équivalente de cultures diverses tels que la betterave, le lin, le froment, le colza… De nouvelles infrastructures ont également été construites dont un nouveau hall de stockage et un bâtiment facilitant les différentes opérations de manutention en 2016.

Aujourd’hui, une partie des pommes de terre produites sur l’exploitation part vers l’industrie, l’autre est commercialisée vers les professionnels de la frite (friteries, snacks…) et les collectivités (écoles, magasins). L’entreprise leur propose des frites produites sur place mais elle revend également des produits de Remo-Frit, une firme spécialisée. « Il y a quelque temps, nous avons revu la gamme de produits pour les friteries et les collectivités. Aujourd’hui, nous proposons des frites produites à la ferme mais également des produits d’un partenaire privilégié. Pour certaines spécialités qui demandent plus de finition, cela s’avère plus rentable », explique Hervé.

« La reprise d’un commerce grossiste dans la Région de Marche nous a aussi permis d’étendre notre clientèle au Luxembourg. Aujourd’hui, notre clientèle est répartie dans toute la Wallonie et est livrée deux à cinq fois par semaine selon les besoins », explique Mathieu.

Au fil des années, de nouvelles infrastructures ont été construites dont un nouveau hall de stockage et un bâtiment facilitant les différentes opérations de manutention en 2016.
Au fil des années, de nouvelles infrastructures ont été construites dont un nouveau hall de stockage et un bâtiment facilitant les différentes opérations de manutention en 2016. - DJ

Le juste équilibre

Au quotidien, l’organisation du travail s’est faite naturellement. Hervé s’occupe plus particulièrement de la partie commerciale et administrative de l’exploitation et Mathieu de l’aspect cultural. « Ce n’est pas pour cela que nous n’intervenons pas l’un dans la partie de l’autre, mais Hervé a toujours eu la fibre commerciale et, pour ma part, je suis heureux quand je suis en tracteur et au champ », dit Mathieu.

À part des chauffeurs assurant la livraison des produits aux friteries, les deux frères n’ont aucun autre employé sur la ferme. « Nous préférons faire appel à des indépendants quand le besoin s’en fait sentir. Cela nous évite de devoir occuper un salarié tout au long de l’année », explique Hervé.

« En saison, nous n’hésitons pas à faire intervenir des entrepreneurs ou des indépendants avec leur matériel. Nous pensons qu’il est plus facile de trouver un bon chauffeur avec son matériel qu’un bon chauffeur utilisant le nôtre. L’important pour nous, c’est que le travail soit fait correctement, en temps et en heure, même si pour cela nous devons laisser notre matériel au fond du hangar. Nous sommes réellement satisfaits des professionnels avec lesquels nous collaborons », dit Mathieu.

« Il est plus facile de trouver un bon chauffeur avec son matériel qu’un bon chauffeur seul. »

De même, les deux jeunes agriculteurs font volontiers appel au garage pour l’entretien du matériel. Les machines plus délicates comme le pulvérisateur et l’arracheuse, sont changées tous les deux ans. « C’est une façon de travailler peu courante mais, c’est celle qui nous paraît la plus rentable », dit Hervé. « Aujourd’hui, je me considère plus entrepreneur que fermier et je peux envisager de m’investir dans d’autres secteurs, pas parce que je ne crois pas en l’agriculture mais parce que les techniques, conseils, moyens de gestion et le matériel mis à notre disposition rendent les choses plus simples et nous donnent la possibilité de faire autre chose », ajoute-t-il. Le jeune commerçant a d’ailleurs repris deux friteries avec son épouse (voir encart).

« Le but n’est plus de faire plus, mais mieux. »

Et l’avenir de la pomme de terre ?

Les jeunes hommes sont confiants en leur avenir et en celui de la pomme de terre. « Nous avons reçu un magnifique outil de travail de nos parents, dans une région qui offre de nombreuses possibilités de cultures », dit Hervé.

« Au niveau pomme de terre, nous n’avons plus pour ambition d’accroître notre superficie. Nous préférons nous concentrer sur la qualité », ajoute Mathieu. « L’industrie évoluant plus vite que les surfaces en pommes de terre, je n’ai aucune crainte quant aux débouchés et le jour ou on arrivera au top de la production, ça sera la qualité qui primera », complète Hervé. Il s’inquiète par contre du respect des rotations : « Si les gens ne font pas plus attention à respecter les rotations avant d'’emblaver à nouveau des parcelles en pommes de terre, des problèmes vont rapidement se faire sentir ». La rotation et les conditions de stockage sont pour eux des atouts qui permettront aux patatiers de faire la différence à l’avenir.

DJ

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