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Diminuer les émissions de méthane en adaptant la ration alimentaire

Le Centre des technologies agronomiques (Cta) de Strée met à profit sa cinquantaine d’hectares et son troupeau d’une cinquantaine de vaches pour la formation d’étudiants et la recherche appliquée. Il y existe notamment un projet Life, nommé Dairyclim, qui étudie les possibilités d’une alimentation durable pour la vache laitière.

Temps de lecture : 4 min

Le développement durable est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il repose sur trois piliers : écologique, économique et social. En agriculture, on en ajoute régulièrement un quatrième, la gouvernance, qui représente les interactions entre l’agriculteur et le monde extérieur. La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces quatre enjeux.

Une alimentation durable doit donc être respectueuse de l’environnement, par le maintien des écosystèmes, de la biodiversité et de la qualité de l’eau et des sols ; assurer un revenu équitable à l’éleveur en n’entraînant pas de surcoûts importants et en permettant de conserver une production convenable ; et préserver le tissu rural et le développement local tout en répondant aux attentes sociétales, tel que le respect du bien-être animal par exemple.

Projet Life – Dairyclim

Débuté en 2015, le projet Dairyclim d’Isabelle Dufrasne et Françoise Lessire vise dans cette optique à définir des stratégies alimentaires permettant de diminuer les émissions de méthane et l’empreinte carbone des vaches laitières. Les objectifs sont de contribuer à la lutte contre le changement climatique, diminuer les émissions de méthane en optimisant l’alimentation des vaches laitières en hiver et en été, et préserver les prairies et le pâturage, tout en veillant à l’aspect économique des rations proposées.

Les essais alimentaires sont divisés en trois parties : d’abord à l’étable, ensuite au pâturage, et enfin dans des fermes-pilote. Les mesures réalisées dans l’étable des fermes expérimentales de l’ULiège au Sart Tilman et du Cta à Strée portent sur les émissions de méthane (éructé et prédit dans le lait), l’empreinte carbone du lait produit, et les coûts alimentaires.

Ration riche en amidon ou riche en graisses

Les mesures des émissions de méthane ont lieu lors du passage au distributeur de concentrés (Cta) ou au robot de traite (ULiège). Les rations distribuées sont toutes principalement composées de fourrages, et une ration témoin est utilisée.

Lors de la première année du projet, celle-ci est comparée à une ration riche en amidon ainsi qu’à une autre riche en matières grasses censée diminuer les émissions de méthane. Aucune diminution n’est observée sur l’effectif nourri avec l’aliment riche en amidon. La ration riche en graisse amène peu de diminution des émissions par vache et par jour, mais cette baisse est plus visible lorsque les émissions de gaz sont rapportées à la production. En effet, les vaches consommant la ration plus grasse produisent plus de lait, donc le méthane émis par kilo de lait est moindre.

De bons résultats avec le lin extrudé

Durant la deuxième année, en plus de l’aliment témoin sont étudiées une ration riche en colza extrudé et une autre riche en lin extrudé. Les diminutions d’émissions par kilo de lait observées sont de l’ordre de 7 % et de 10 % pour le colza et le lin, respectivement. Cependant, le coût est augmenté de 0,2 (colza) et 0,4 (lin) cent par kilo de lait produit en utilisant le composé extrudé. Cela équivaut à une différence de 15€ et 30€ pour une production annuelle de 7.500kg.

Des essais sont également réalisés pendant l’été afin de comparer un groupe de vaches qui reste à l’étable et reçoit une ration sèche avec un groupe qui va en prairie pour pâturer.

Étable vs prairie

Les avantages et inconvénients par rapport à l’environnement doivent dans ce cas être pondérés. En effet, en prairie, la production de lait est bien moindre (environ 10kg de moins par vache et par jour) et les émissions par kilo de lait sont donc plus élevées. Cependant, si on prend en compte le calcul des émissions d’eqCO2 liés à chaque composant de la ration, l’impact environnemental du lait produit par le groupe en prairie est moins important. De plus, les coûts alimentaires sont divisés par deux, et le taux de matière grasse est meilleur. Au vu du prix du lait, cette économie dans la ration n’est pas négligeable.

Les essais ont maintenant lieu dans des fermes-pilote afin d’analyser les résultats en conditions les plus réelles possibles. La suite du projet vise à prendre en compte l’entièreté de l’acv (analyse du cycle de vie).

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