Et Terra innova l’agriculture de demain…

L’idée derrière ce bâtiment est de réunir différents laboratoires de la faculté afin de stimuler l’interdisciplinarité et la collaboration scientifique. Fruit d’un investissement global de 21 millions d’euros, Terra regroupe ainsi 200 chercheurs sur 7.400 m², pour une portée internationale. Le centre a été construit en forme de « U » dans le but de disposer de 2 ailes dédiées à des applications particulières et corrélées, mais surtout un lieu de convivialité entre les nombreux scientifiques y travaillant.

Il est ainsi divisé en 4 Cellules d’appui à la recherche et à l’enseignement (Care) : Environment is life, Food is life, Agriculture is life, et Forest is life. Chaque Care, de par les technologies dont elle dispose, présente une portée internationale et possède des appareillages uniques en Wallonie, en Europe, ou même dans le monde !

De nombreux projets divisés en 4 « Care »

Forest is life se structure selon quatre volets : la caractérisation et le monitoring de la flore et de la faune, la dynamique des écosystèmes forestiers, la gestion et l’aménagement des socioécosystèmes forestiers et la valorisation des ressources naturelles. Ce sont donc 3 millions d’hectares de réserves forestières en Afrique Centrale, et pas moins de 12.000 parcelles en région wallonne qui sont suivies et analysées, notamment grâce à des observations via des drones.

La Care Food is life s’intéresse principalement à la technologie alimentaire et la microbiologie industrielle. Les recherches qui y sont menées se rapportent au fractionnement et à la transformation des agro-ressources, comme la matière grasse par exemple, dans l’optique de développer des procédés et des produits innovants.

Certaines machines utilisées sont en fait semblables à celles de l’industrie alimentaire, mais en modèle réduit, afin d’étudier ces différents processus sur de petites quantités de matière. On y vise aussi à faciliter les partenariats avec les entreprises du secteur privé en matière de développement. La microbiologie industrielle a notamment permis la création de nouveaux biofongicides, qui sont au départ produits par des microorganismes.

L’écotron pour étudier l’effet du climat

Environment is life cherche à comprendre et prédire l’influence des facteurs environnementaux sur la dynamique des écosystèmes terrestres, notamment dans le cadre du changement climatique. Cette Care investigue donc l’impact de la variabilité du climat, des attaques d’insectes ou des maladies sur les cycles du carbone, de l’eau, de l’azote et énergétiques pour en quantifier les effets.

La cellule dispose pour ce faire de stations extérieures pour étudier les échanges de gaz à effet de serre en cultures ou en prairies, mais aussi d’une des grandes fiertés de Terra : un écotron ! Composé de six enceintes distinctes, l’écotron permet d’y contrôler parfaitement les variations des paramètres environnementaux telles que la température, l’humidité, les précipitations, la concentration en CO2, la luminosité, etc.

Cela dans le but de simuler et anticiper l’impact des changements climatiques sur les cultures à l’avenir. Dans l’exemple qui nous a été proposé, nous avons été envoyés jusqu’au 23 septembre 2094, par une journée chaude et ensoleillée. Cet exemple suivait un scénario pessimiste dans lequel le réchauffement climatique serait conséquent. Les réactions des plantes à cet environnement, mais également à des événements météorologiques extrêmes comme des orages très intenses ou de longues périodes de sécheresse, sont alors observées pour en tirer les conclusions adéquates. Comme chaque paramètre est complètement maîtrisé, il est possible d’en différencier les effets un par un.

Pour s’assurer une croissance des plantes semblable à la réalité du terrain, sous chaque enceinte se trouve un lysimètre, sorte de gros cylindre, contenant 1,50m de hauteur de sol. Celui-ci doit donc être ramené d’une parcelle extérieure soit sous la forme d’une carotte entière, soit par une reconstitution de ce sol couche par couche. Chaque lysimètre est posé sur des pesons, de manière à calculer la transpiration des plantes en fonction des variations de poids.

Améliorer les techniques agricoles

Enfin, la Care Agriculture is life a pour objectif de proposer des techniques innovantes de production et de transformation agricole du point de vue agronomique, économique, social et environnemental.

Pour préparer cette agriculture de demain, la cellule expérimente ses projets de recherche sur des microparcelles. Des essais de permaculture et d’agricultures urbaine et périurbaine sont également réalisés.

En pratique, les différences entre le labour et le non-labour sont notamment étudiées. Bernard Bodson, président de cette Care, nous l’explique : « Nous étudions la gestion des résidus de culture en fonction des techniques du sol. Comment les enfouir, faut-il labourer, les laisser en surface ? En termes de biodiversité dans les sols, il y a de nombreuses différences entre le labour et le non-labour. »

« Les mesures de flux de gaz à effet de serre sont plus importantes dans les systèmes de non-labour pour le CO2 et le N2O, puisque lorsqu’on concentre la matière organique dans les premiers centimètres du sol, on a forcément des émissions plus importantes à cause des organismes anaérobies. »

Pas de cas général

« Mais tout cela doit être étudié sur le long terme. », tempère-t-il. « Nous en saurons plus dans un an ou deux. L’important, c’est qu’on n’étudie pas uniquement le rendement. En tout cas, il n’y a pas de cas général, et chaque situation nécessite une solution adaptée. »

Des techniques de culture sont également à l’étude, comme la possibilité de semer et récolter en même temps du froment et des pois d’hiver, afin de valoriser du blé à très haute teneur en protéine.

Avec ce nouveau centre à la pointe de la technologie, il semble en tout cas que la faculté de Gembloux désire encore une fois se placer au centre de la carte du monde agronomique.

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