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Gants, combinaison, masque, bottes… Les équipements de protection phyto: le bon choix, garant de leur efficacité!

L’emploi et la manipulation des produits phytosanitaires ne sont pas sans risque pour la santé de l’applicateur. Quelles sont les bonnes pratiques en la matière, quels sont les équipements de protection à privilégier, comment les choisir et les utiliser au mieux ? Autant de questions auxquelles Frédéric Gastiny, coordinateur de l’asbl Preventagri, apporte un éclairage éprouvé par une expertise de terrain.

Temps de lecture : 9 min

P armi les quatre voies de contamination, de pénétration des pesticides dans le corps humain, on distingue la voie cutanée (la peau), la voie respiratoire, les muqueuses (notamment l’œil) et la voie digestive, après ingestion par la bouche.

Dans le cas d’un produit volatil, la principale voie d’entrée sera la peau, devant les voies respiratoires ; c’est donc essentiellement par les mains, que l’applicateur court le plus de risques.

Les effets des produits chimiques sur la santé humaine sont variables suivant l’intensité de l’exposition et les propriétés de ceux-ci. En cas de contamination, les effets à court terme peuvent apparaître immédiatement ou dans les heures qui suivent. Les symptômes sont variés : irritations de la peau, démangeaisons, rougeurs, diarrhées, vertiges, maux de tête, vomissements…

Sans protection, des effets à long terme peuvent également être observés en cas d’utilisations répétées des produits : irritations, effets allergisants, effets sur la reproduction, effets cancérigènes, effets neurotoxiques…

Priorité aux bonnes pratiques

Souvent quand on parle de protection en lien avec la manipulation de produits phyto, le premier élément qui vient à l’esprit, ce sont les équipements destinés à se prémunir des risques inhérents à celle-ci. À tort, selon l’expert. « La meilleure démarche est d’abord de chercher à se placer dans les conditions qui permettent de recourir le moins possible à de tels équipements.» Pour ce faire, il est indispensable de respecter quelques règles de bon sens :

– choisir préférentiellement les produits présentant les formulations les plus sûres, et donc remplacer les poudres par des granulés dispersables dans l’eau (moins de risque d’inhalation des poussières) ;

– remplacer les produits dangereux par inhalation, cancérigène ou ayant un effet sur la reproduction… par ceux qui ne le sont pas ;

– assurer un stockage correct des produits ;

– disposer d’une source d’eau claire sur le lieu de travail ;

– travailler soigneusement selon les bonnes pratiques et suivre les consignes de sécurité mentionnées sur l’étiquette du produit (ne pas fumer ou manger pendant le traitement, porter les équipements de protection adaptés…) ;

– entretenir le matériel, de sorte qu’il soit en parfait état de fonctionnement ;

– éviter les mauvais gestes et certaines mauvaises habitudes telles que se ronger les ongles.

Choisir des équipements de protection adaptés

Si après avoir tout fait pour se mettre dans ces conditions idéales, un risque subsiste, il conviendra alors de porter des équipements de protection adaptés à la situation. Et ce sera le cas pour la plupart des produits.

Une nécessité qui pour beaucoup d’agriculteurs et d’entrepreneurs pose souvent problème, relève Frédéric Gastiny. « Les équipements de protection, il faut savoir où se les procurer, comment les choisir et les utiliser au mieux. C’est contraignant, il faut les remplacer, cela représente un coût… »

Dans le tracteur

Des dispositifs de protection peuvent être installés dans la cabine du tracteur : c’est le cas du filtre que l’on peut placer sur la ventilation. C’est évidemment beaucoup plus confortable que le port du masque. Dans ce cas-là, il faut disposer d’une cabine de catégorie 4 et travailler en surpression avec un filtre à charbon actif, à bien entretenir et à remplacer régulièrement.

Chez l’opérateur

À côté de cela, il y a les équipements individuels : masque, gants, combinaison, etc. «Sur ce plan, s’équiper, c’est bien, utiliser ces protections avec efficacité, c’est évidemment beaucoup mieux ! Et il faut aussi les choisir avec discernement», poursuit Frédéric Gastiny.

L’utilisation des équipements de protection réduit l’impact que peut avoir la manipulation des produits sur la santé de l’utilisateur. Le port de ces équipements varie suivant l’utilisation du produit et les risques mentionnés sur l’étiquette figurant sur celui-ci :

– si l’étiquette mentionne un risque par inhalation, le port du masque est recommandé ;

– s’il y a un risque de projection de produit vers les yeux, il est préférable de porter des lunettes de sécurité ;

– s’il y a un risque de projection de produit sur la combinaison, il est préférable d’opter pour une combinaison imperméable.

Les équipements de protection résistants aux produits chimiques sont identifiables grâce au pictogramme désigné par la figure 1.

Figure 1: pictogramme identifiant les équipements de protection résistants aux produits chimiques.
Figure 1: pictogramme identifiant les équipements de protection résistants aux produits chimiques.

La check-list des équipements de protection présentée dans le tableau ci-joint vous aidera à vérifier si vous êtes en ordre par rapport sur ce plan.

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La combinaison jetable

Lors des traitements, il est nécessaire de couvrir la totalité du corps afin d’éviter les contacts entre la peau et la brume de pulvérisation, les éclaboussures ou autres sources de contaminations.

La combinaison jetable présente l'avantage d'être légère et donc plus confortable à porter par temps chaud, mais elle souffre également  de défauts.
La combinaison jetable présente l'avantage d'être légère et donc plus confortable à porter par temps chaud, mais elle souffre également de défauts. - M. de N.

Cette combinaison a l’avantage d’être légère et donc plus confortable à porter par temps chaud. Néanmoins, elle est sensible aux déchirures et son étanchéité envers les liquides reste limitée. Il est en outre nécessaire de la remplacer après chaque usage. Son utilisation régulière va générer un volume important de déchets.

Pour une utilisation pendant laquelle l’opérateur sera intensément exposé aux produits, Preventagri recommande des combinaisons plus étanches, de type 4 (étanches aux aérosols) ou de type 3 (étanches aux liquides), lavables et réutilisables. Ces combinaisons réutilisables sont moins confortables mais génèrent moins de déchets.

Les pictogrammes associés aux combinaisons jetables sont présentés dans la figure 2 .

Figure 2: les pictogrammes associés aux combinaisons jetables.
Figure 2: les pictogrammes associés aux combinaisons jetables.

La combinaison étanche

Cette combinaison procure une protection contre la pluie et le vent. Elle est étanche et plus résistante aux déchirures que les combinaisons jetables.

La combinaison étanche est l’option idéale lorsque l’on travaille avec un pulvérisateur à dos.
La combinaison étanche est l’option idéale lorsque l’on travaille avec un pulvérisateur à dos.

Elle offre une meilleure protection et une longévité plus importante si elle est correctement entretenue : rinçage après l’utilisation et stockage au sec. C’est l’option idéale pour utiliser un pulvérisateur à dos. Néanmoins son port peut devenir inconfortable par temps chaud quand l’usage dépasse une heure à cause de la transpiration qui va s’accumuler dans la combinaison.

Elle est réutilisable et permet ainsi de limiter les déchets et les coûts d’équipement.

Les pictogrammes associés aux combinaisons étanches sont présentés dans la figure 3.

Figure 3: les pictogrammes associés aux combinaisons étanches.
Figure 3: les pictogrammes associés aux combinaisons étanches.

Le tablier imperméable

Ce vêtement assure une protection à l’avant, et ne gêne pas à l’arrière (le dos reste à l’air, pas de surchauffe).

«Le tablier étanche est un bon compromis sur le plan pratique», indique Frédéric Gastiny, coordinateur de Preventagri.
«Le tablier étanche est un bon compromis sur le plan pratique», indique Frédéric Gastiny, coordinateur de Preventagri.

«Il peut être un bon compromis sur le plan pratique. Il est facile à enfiler et offre une bonne liberté de mouvement. Il est particulièrement adapté pour la préparation de la bouillie et l’incorporation du produit dans la cuve du pulvérisateur de type agricole», assure le coordinateur de Preventagri.

Ce tablier n’est évidemment pas adapté à la manipulation d’un pulvérisateur à dos.

Les pictogrammes associés aux tabliers imperméables sont présentés dans la figure 4.

Figure 4: les pictogrammes associés aux tabliers imperméables.
Figure 4: les pictogrammes associés aux tabliers imperméables.

Les gants en nitrile

Les gants, c’est l’équipement que l’on met en premier lieu, et aussi que l’on retire en dernier lieu. Les gants classiques de travail ne conviennent pas ! Ils ne sont pas étanches, ils absorbent les produits, et donc ils font encore pire que mieux.

Davant assurer une résistance mécanique de même qu’aux produits chimiques, les gants constituent l’équipement que l’opérateur enfile en premier lieu... et retire en dernier lieu.
Davant assurer une résistance mécanique de même qu’aux produits chimiques, les gants constituent l’équipement que l’opérateur enfile en premier lieu... et retire en dernier lieu.

Résistants aux produits chimiques et dotés d’une résistance mécanique, on veillera également à les ranger dans un endroit propre, pas dans le local phyto, mais dans un petit coffre, par exemple, à l’abri des poussières et des produits.

Les gants permettent d’éviter le contact direct du produit avec la peau. Ils doivent être adaptés à la manipulation des produits chimiques (imperméables et résistants).

Une paire sera strictement réservée à la manipulation des produits phyto. Une autre pourra éventuellement être utilisée pour les autres produits chimiques de l’exploitation.

Leur souplesse doit respecter la bonne dextérité de l’opérateur.

»Si vous pensez qu’un écoulement de produit s’est glissé dans les gants, vous devez les remplacer immédiatement. Il est donc toujours préférable d’avoir à votre disposition des gants de secours.»

Les pictogrammes associés aux gants en nitrile sont présentés dans la figure 5.

Les lunettes de protection

Lunettes de protection.
Lunettes de protection.

Elles sont utiles pour protéger les yeux de l’opérateur contre les projections de liquide surtout lors de la préparation de la bouillie. Lunettes ou écran facial, il convient de bien les essayer avant usage.

Les masques et filtres de protection respiratoire

Le masque recouvre le nez, la bouche et le menton (demi-masque) ou complètement le visage (masque complet). Le port de lunettes est nécessaire en présence d’un risque de projection si l’utilisateur préfère opter pour l’usage d’un demi-masque.

Il existe différents modèles dans le commerce, en fonction des usages.

Lorsque l’on utilise un produit dangereux par respiration (lire l’étiquette), le port d’un masque est indispensable.
Lorsque l’on utilise un produit dangereux par respiration (lire l’étiquette), le port d’un masque est indispensable. - M. de N.

Les filtres ne sont jamais fournis avec les masques. Ils doivent également être commandés. Les filtres à charbon actif de type A2B2P3 procurent une protection optimale contre les poussières et les vapeurs organiques (la lettre identifie le type des vapeurs fixées et le chiffre associé désigne l’efficacité de la protection).

Si vous utilisez très régulièrement les produits phyto, nous vous recommandons d’avoir à disposition une seconde paire. Elle pourra être conservée en réserve afin de permettre à l’opérateur de remplacer rapidement ses filtres lorsqu’ils seront saturés.

Les filtres doivent être remplacés au plus tard 6 mois après l’ouverture du sachet, ou si ceux-ci ont leur durée de vie dépassée, ou encore lorsque l’opérateur ressent une odeur, un goût ou un phénomène d’irritation.

Après utilisation, Frédéric Gastiny conseille de maintenir les filtres dans un sachet fermé hermétiquement afin de les protég er des éventuelles vapeurs d’essence et produits chimiques qui seraient captés et qui satureraient ainsi inutilement les filtres.

Concernant le choix du masque, l’expert note que le silicone est plus cher mais plus confortable. Il accorde également la préférence aux modèles équipés de cartouches disposées de part et d’autre du masque (meilleure répartition du poids).

Le masque doit être bien fixé et parfaitement étanche.

Travailler dans de bonnes conditions et avec toute l’attention requise, c’est la clé de la sécurité.
Travailler dans de bonnes conditions et avec toute l’attention requise, c’est la clé de la sécurité. - M. de N.

Les bottes

Les bbottes constituent la protection idéale lors de la préparation de la bouillie ; c’est mieux que les chaussures de travail, car en cas de renversement de produit ou absorption, la contamination restera présente pendant toute la durée de vie de ces chaussures.

Où se procurer les équipements de protection ?

Ces équipements sont disponibles dans les établissements de vente d’équipements de protection individuelle. Une recherche dans les annuaires commerciaux en utilisant le critère « équipement de protection individuelle », permet d’obtenir une liste des points de vente.

Quel nettoyage ?

On rince l’ensemble : la combinaison réutilisable, le masque (sauf les cartouches), les gants ; les combinaisons à usage unique alimentent la fraction non rincée dans les sacs AgriRecover).

Le saviez-vous?

Les partenaires sociaux réunis au sein de la Mission wallonne des Secteurs verts, sont soucieux de la sécurité. Ils proposent deux kits sécurité (le « kit tronçonneuse » et le « kit phyto ») à un prix démocratique afin de faciliter l’acquisition de ces équipements et ainsi augmenter la sécurité des travailleurs. Voici le lien pour plus d’info : Kits sécurité sur http://secteursverts.be.

Essayer avant d’acheter

Essayez de préférence les équipements de protection avant de les acheter. Ils doivent être le plus confortables possible et adaptés à votre morphologie.

Propos recueillis

par M de N, auprès de Frédéric Gastiny

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PreventAgri.be

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