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Trouvez la chaudière biomasse qui vous convient!

Malgré le poids de l’investissement, un nombre croissant d’agriculteurs abandonne leur chaudière « classique » au profit d’une installation biomasse. Un choix qui leur permet de réduire leur dépendance au gaz ou mazout tout en valorisant des agrocombustibles produits sur l’exploitation. Et ce, sans compromis sur leur confort !

Temps de lecture : 6 min

Que ce soit pour l’habitation, diverses activités agricoles (production avicole, élevage porcin, production laitière, séchage de foin en grange,.) ou encore une activité de diversification (gîte, fromagerie…), les besoins en chaleur et en eau chaude sanitaire d’une exploitation agricole peuvent très rapidement s’avérer être importants et nombreux.

Face à ceux-ci, l’installation d’une chaudière biomasse multi-combustible permet de réduire sa dépendance au gaz ou mazout, mais aussi de valoriser des agrocombustibles produits au sein même de la ferme ou à proximité immédiate.

Plusieurs spécificités propres

« Les chaudières biomasse actuelles intègrent des technologies modernes. Nous sommes bien loin du feu ouvert que nous connaissons tous », explique Pierre-Louis Bombeck, facilitateur bois-énergie chez Valbiom. Les chaufferies biomasse présentent par ailleurs diverses spécificités leur permettant de procurer un confort similaire à celui d’une installation au gaz ou au mazout.

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Les chaudières biomasse actuelles procurent un confort similaire à celui d’une installation au gaz ou au mazout
», insiste Pierre-Louis Bombeck.
« Les chaudières biomasse actuelles procurent un confort similaire à celui d’une installation au gaz ou au mazout », insiste Pierre-Louis Bombeck. - J.V.

Ainsi, dans une telle installation, on retrouve un silo permettant de stocker le combustible et une vis conduisant ce dernier du silo à la chaudière, siège de la production de chaleur. Un ballon tampon (ou hydro-accumulateur) lui est généralement adjoint. Il permet, d’une part, d’augmenter le rendement de l’installation en limitant les phases de fonctionnement alternées et à faible puissance et, d’autre part, de répondre aux pics de demande.

L’ajout de ballon tampon sur le réseau permet de répondre aux pics de demande en chaleur ou eau chaude sanitaire, sans impacter le confort des utilisateurs.
L’ajout de ballon tampon sur le réseau permet de répondre aux pics de demande en chaleur ou eau chaude sanitaire, sans impacter le confort des utilisateurs. - J.V.

La biomasse solide utilisable se présente quant à elle sous différentes formes – bûches, plaquettes, pellets et briquettes de bois ou miscanthus broyé – dont le paramètre le plus important est la teneur en humidité. « Plus la teneur en humidité est faible, plus le pouvoir calorifique du combustible est élevé », insiste M. Bombeck.

Avec un combustible autoproduit

Tant le bois que le miscanthus peuvent être produits sur l’exploitation, ce qui garantit une certaine disponibilité du combustible ainsi qu’une valorisation de co-produits (sciures (compactées en pellets), copeaux et plaquettes).

« Il faut toutefois veiller à ne pas atteindre des coûts de production particulièrement élevés », met-il en garde. À titre d’exemple, la production de plaquettes de bois requiert de les sécher, stocker et trier, ce qui peut s’avérer coûteux. « Perçu initialement comme avantageux par rapport au mazout ou au gaz, le coût de production du combustible peut donc rapidement se transformer en inconvénient, si l’on n’y est pas attentif. »

« Le surcoût que représente l’investissement dans une chaudière biomasse est rapidement remboursé grâce au moindre coût de son combustible. »

L’autoproduction demande également une maîtrise irréprochable de la qualité mais aussi, du moins dans certains cas, de posséder du matériel de récolte spécifique. Citons notamment l’ensileuse pour la récolte du miscanthus ou les broyeuses, pour les taillis.

Une fois récolté, le combustible est stocké dans un silo (de plain-pied, enterré…). « Il ne faut pas oublier qu’une plus grande quantité de biocombustible que de mazout est requise pour une production équivalente d’énergie. Le silo doit donc être dimensionné correctement, afin de stocker tout le combustible nécessaire », ajoute Pierre-Louis Bombeck.

Choisir son système de chauffage

Le choix de la chaudière à proprement parler dépendra des souhaits de son futur propriétaire (avec ou sans production d’eau chaude sanitaire, niveau d’autonomie et de confort souhaité ou encore prix et disponibilité du combustible) mais aussi de contraintes techniques liées au bâtiment à chauffer (niveau d’isolation, place disponible, accessibilité et ventilation).

De nombreuses chaudières biomasse existent sur le marché, dont certaines peuvent accueillir différents combustibles tout en adaptant automatiquement leurs réglages à  la matière première utilisée, pour une combustion optimale.
De nombreuses chaudières biomasse existent sur le marché, dont certaines peuvent accueillir différents combustibles tout en adaptant automatiquement leurs réglages à la matière première utilisée, pour une combustion optimale. - J.V.

Parmi les solutions disponibles sur le marché, on retrouve premièrement la chaudière à bûches moderne, avantageuse si le combustible est bon marché. Son rendement varie de 75 à 90 %. Les modèles les plus récents sont en outre dotés d’un système de régulation de la combustion. Son autonomie est néanmoins limitée et le travail de manutention (chargement des bûches) est assez lourd.

Les chaudières à pellets affichent un excellent rendement (de 85 à 97 %), sont entièrement automatiques et présentent une grande autonomie. « Mais leur prix est plus élevé qu’une chaudière à bûches », nuance M. Bombeck.

Enfin, la chaudières à plaquettes ou agrocombustibles fonctionne au bois, sous forme de plaquettes, ou au miscanthus (mais les mélanges sont proscrits). Entièrement automatique, elle présente une grande autonomie et un excellent rendement (de 80 à 95 %). Elle requiert toutefois un grand espace de stockage et une alimentation électrique. Sa puissance minimale est élevée et le prix d’achat souvent plus important. « Le changement de combustible s’effectue quant à lui très facilement. Il suffit d’indiquer au système quelle est la matière première choisie et les différents réglages de la chaudière se font automatiquement, sans autre intervention humaine », précise-t-il.

De nombreuses autres innovations voient progressivement le jour et viennent s’ajouter à ces modèles : chaudière multi-combustible, chaudière à condensation, micro-cogénération (production simultanée de chaleur et d’électricité), chaudière à basse température ou possibilité de contrôle à distance.

Une chaudière biomasse peut également être combinée à des panneaux solaires. « Lorsque l’énergie solaire n’est plus suffisante, la chaudière prend le relais. Grâce au ballon tampon, le passage de l’un à l’autre se fait en douceur et n’est pas perceptible. »

CHAUD

Économiquement intéressant ?

Se basant sur le prix moyen du mazout, du gaz, des pellets, des plaquettes et du miscanthus sur la période 2008-2017, Valbiom a évalué la rentabilité d’une telle installation. « Certes, l’investissement de départ est plus important (silo de stockage, vis, chaudière, système de récupération des cendres…), mais la rentabilité est assurée par les prix bas et stable des combustibles non fossiles. Le surcoût de l’investissement est d’ailleurs rapidement remboursé grâce au moindre coût du combustible », éclaire Pierre-Louis Bombeck.

Et de le démontrer par les chiffres : « Sur base d’une consommation annuelle de 10.000 l de mazout à 0,68 €/l, le coût total du combustible employé s’élève à 6.800 €/an. La chaleur que produisent 10.000 l de mazout correspond à la chaleur obtenue par la combustion de 22 t de pellets, à 245 €/t, ou 120 m³ apparents de plaquettes achetées, à 24 €/m³ apparent. Soit un coût total de 5.390 €/an si l’on opte pour les pellets, ou de 2.880 €/an avec des plaquettes. Ce qui est nettement plus intéressant ».

En outre, diverses primes permettent de financer le projet, comme les aides Ude (aide pour l’utilisation durable de l’énergie) ou Ureba (utilisation rationnelle de l’énergie dans les bâtiments). Il est également possible de déduire fiscalement son investissement. Les services du facilitateur énergie sont quant à eux gratuits. Ils permettent d’évaluer la pertinence de son projet et de bénéficier d’un accompagnement tout au long de sa mise en route.

J.V.

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