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La Parthenaise pour atteindre un marché de niche très rémunérateur

Pour la première fois, la Parthenaise était à l’honneur au Space à Rennes. L’occasion pour l’Organisme de sélection de mettre les petits plats dans les grands et de proposer outre un concours national, une visite d’exploitation. Cap sur le Gaec Montpiron tenu par la famille Guerlais, à La Meilleraye-de-Bretagne. L’exploitation a pu faire évoluer son cheptel grâce à la transplantation embryonnaire.

Temps de lecture : 7 min

Voilà près de 20 ans que la Parthenaise fait partie de la vie de la famille Guerlais, exploitante du Gaec Montpiron. Emmanuel travaille avec sa mère, son père et sa sœur, ces deux derniers étant à mi-temps sur la ferme.

« Avant les années 2000, mon père pratiquait le croisement industriel. Charolaise, Maine Anjou, Blanc-bleu belge… Le culard avait clairement le vent en poupe. Mais avec les crises successives, le croisement s’est vendu moins bien. On s’est donc réorienté sur une race pure, pour avoir la possibilité de mieux négocier nos animaux. Nous voulions une allaitante que nous pouvions valoriser au mieux. En 2000, un peu par hasard, on a acheté un taureau parthenais », explique Emmanuel Guerlais.

La famille est sous le charme de la race et opte pour cette orientation. Ils achètent alors deux génisses par an. En 2004, Emmanuel veut passer un cap supplémentaire et décide d’investir dans des animaux haut de gamme pour la production d’embryons. « On a constitué le troupeau grâce à la transplantation embryonnaire », poursuit-il.

Avec la parthenaise, Emmanuel Guerlais a pu toucher un marché de niche très rémunérateur.
Avec la parthenaise, Emmanuel Guerlais a pu toucher un marché de niche très rémunérateur. - P-Y L.

Du jeune bovin à l’exportation

Comme 80 % des éleveurs de la race, les Guerlais sont des naisseurs engraisseurs. Ils comptent en moyenne 125 vêlages par an, pour un cheptel de 350 animaux. Ils produisent aussi bien des jeunes bovins que de la femelle de boucherie.

Les jeunes taurillons sont sevrés entre 6 et 8 mois. Les veaux qui n’ont pas trop de « pousse » (souvent issus de primipares) sont abattus jeunes, entre 12 et 13 mois, pour un poids carcasse avoisinant les 355 kg, soit 530 kg de poids vif. Ceux dont le GQM est plus important seront alourdis pour partir à l’abattoir à 15-16 mois. L’objectif ? Un poids carcasse de 440 à 480 kg. « Ce sont deux marchés différents ! Je m’adapte », sourit Emmanuel. Notons que 95 % des mâles sont engraissés pour produire de la viande de JB.

Si en 2017, 80 % de ses taurillons partaient à moins de 13 mois pour 20 % à 15 mois, il compte faire l’inverse cette année, d’autant que la production de carcasses alourdies est plus rentable. « Tout dépend du marché, de mon autoproduction en aliments ! Je travaille avec un négociant de confiance. Je lui vends des animaux, à lui de trouver la filière. »

Les jeunes bovins (JB) sont généralement abattus en France et destinés aux marchés internationaux : le moins de 13 mois part généralement pour la Grèce ou la Hollande, alors que le 14-18 mois part pour l’Italie.

Pour Vincent Loiseau, directeur de l’organisme de sélection parthenais, présent lors de la visite, les carcasses de JB sont destinées aux boucheries traditionnelles haut de gamme. Quelque 97 % de celles-ci sont classées E et U.

De la femelle de boucherie

Côté vaches, la femelle de boucherie a clairement la cote en France. Le fleuron ? Une vache abattue entre 4 et 7 ans, qui a été engraissée entre six et neuf mois. Emmanuel en abat une soixantaine par an qui ont en moyenne 5 ans et qui ont eu deux ou trois veaux.

Vincent Loiseau l’explique : « Le système de commercialisation de cette viande premium dans un marché de niche ne permet pas de la faire vieillir très longtemps. Plus l’animal va vieillir, plus le prix va baisser. Les éleveurs les écoulent donc dans cet écart d’âge. »

Cela n’empêche pas Emmanuel d’avoir des vaches de 10 ans, mais elles sont rares dans la stabulation.

« On doit opérer un tri. On sélectionne les vaches par rapport à la qualité de leur premier vêlage, le caractère… au second vêlage, on affine un peu les choses. Plus elles vieillissent, plus elles sont réussies et le jour où elles ont des difficultés à être pleine, on opère de nouveau un tri. »

Dans la race, la plupart des génisses, sont mises à la reproduction, une sélection sera réalisée après le premier vêlage. Emmanuel : « Aujourd’hui, sur le marché français les parthenaises, à conformation équivalente, sont mieux négociées si elles ont un ou deux ans de plus. Nous n’avons donc pas d’intérêt à les vendre trop tôt. »

Engraissement : un menu identique pour tous

Pour l’alimentation des animaux, le gaec dispose de 177 ha : 88 ha de prairies, 20 ha de maïs ensilage, 50 ha de céréales à paille et 20 ha de colza.

En fourrage grossier, il privilégie un enrubannage de Ray-grass anglais et de trèfle. « Je fauche la prairie assez rapidement avant épiaison pour avoir un maximum d’azote soluble dans la ration », explique Emmanuel.

Pour son concentré, il mélange du maïs sec aplati, du triticale, de la pulpe de betterave, de la luzerne, de la plaquette de lin…

L’avantage de la ration ? Il achète les matières premières mais produit ses céréales, et réalise lui-même son mélange. « En céréales, je produis largement ce qu’il faut avec près de 450 t par an. J’en garde généralement le tiers pour l’autoconsommation. »

Quel que soit le lot d’animaux à engraisser, la ration est toujours la même.

Les jeunes bovins consomment entre 7 et 8 kg de concentré par jour.

Vincent Loiseau : « Dans le berceau de la race, on est davantage sur une ration à base d’ensilage de maïs. Les éleveurs peuvent donc se permettre d’abattre en entre 16 et 18 mois. Ici comme le concentré est plus cher, on abat plus précocement. »

Pour l’éleveur, le gain quotidien moyen avoisine les 1,8 kg par jour et par animal. « Cela peut varier entre 1,6 kg/jour et 2,2 kg quand ils sont en finition.

Pour les vaches, pas de secret, la ration est la même que pour le JB mais à volonté.

Si pour beaucoup d’éleveurs la phase d’engraissement se déroule exclusivement à l’intérieur, Emmanuel préfère laisser ses animaux plus longtemps au pré pour qu’ils grandissent. « Quand ils rentrent à l’étable, ils peuvent vraiment produire de la viande ! Les parthenais, c’est difficile de leur mettre du gras ! »

Avec la parthenaise, Emmanuel Guerlais a pu toucher un marché de niche très rémunérateur. Dans la gamme premium, Emmanuel reçoit 6 euros par kg de poids carcasse, un prix auquel il doit encore soustraire la commission du marchand, mais celle-ci reste très raisonnable.

Près d 95 
% des taurillons sont engraissés en jeune bovin de maximum 16 mois.
Près d 95 % des taurillons sont engraissés en jeune bovin de maximum 16 mois. - P-Y L.

Des vêlages majoritairement groupés sur trois mois de l’année

En termes de reproduction, Emmanuel a opté cette année pour 50 % d’insémination artificielle et 50 % de monte naturelle pour les 120 mères.

Pour lui, l’utilisation des taureaux peut être aléatoire. Sept taureaux pourront travailler cette année. Si le sperme de l’un ou l’autre mâle est prélevé en paillettes, certains se verront saillir des lots de 15 vaches quand d’autres n’auront qu’une femelle à monter de temps à autre. « Certains sont à l’essai. Nous observerons les veaux afin de savoir si ce reproducteur pourra travailler davantage l’année suivante. On ne veut pas prendre trop de risque et avoir assez recul », explique-t-il. Notons que sur les génisses, il favorise toujours des origines à vêlages faciles.

Quant à l’insémination, il la réalise le plus souvent sur chaleurs naturelles pendant une dizaine de jours. Les cinq suivants, il donne un traitement aux génisses pour que sur les 15 jours, il puisse avoir 80 % des femelles qui mettent bas au bout des neuf mois. « Je regroupe au maximum les vêlages. D’août à octobre, 80 % des mères ont vêlé. Les retardataires iront jusque janvier. »

Ancienne beurrière, la parthenaise est aussi réputée pour ses vêlages faciles que pour sa bonne production laitière.
Ancienne beurrière, la parthenaise est aussi réputée pour ses vêlages faciles que pour sa bonne production laitière. - P-Y L.

La transplantation embryonnaire pour élever la qualité des animaux

Et pour améliorer la qualité du cheptel, l’éleveur transplante des embryons que ce soit sur ses moins bonnes génisses ou sur des vaches aux origines moins intéressantes.

« On produit une trentaine d’embryons par an, mais je ne les utilise pas forcément tous ! J’en garde en stock et je peux aussi en vendre. On connaît ainsi la valeur génétique disponible en stock ! »

Et si dans quelques années, l’éleveur veut revenir sur une lignée particulière, il peut aisément en retrouver. Depuis qu’il a commencé à utiliser la technique en 2004, il a produit plus de 600 embryons.

P-Y L.

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