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Quelques particularités de l’année en production de chicons

Chaque année culturale a ses caractéristiques particulières : 2018 n’échappe pas à la règle. Les conditions météorologiques particulièrement sèches ont des effets sur les qualités des racines de chicon destinées au forçage. Mais les conditions de ce forçage jouent bien entendu un rôle très important également.

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D ans les parcelles au sein desquelles la levée a été normale, la culture a supporté relativement bien la sécheresse, les racines pivotantes et puissantes se sont rapidement développées en profondeur. Le poids des racines et leur teneur en matière sèche sont corrects.

Dans certaines situations, la levée a été ratée et les populations sont trop faibles. Le poids des racines est alors trop important, le réglage du décolletage à la récolte est compliqué et l’aptitude au forçage est médiocre à moyenne.

Par ailleurs, la sécheresse a amené une remontée capillaire importante emmenant des bases (potasse, chaux, etc.) en surface avec une remontée temporaire du pH. La conséquence est un blocage de l’assimilation d’éléments minéraux dont le bore. Cela pouvait être visible au champ avec les nécroses des feuilles centrales du cœur.

La sécheresse a pesé dans les sols à la structure défaillante

Comme dit plus haut, le chicon peut développer un enracinement profond et performant, le rendant peu sensible aux déficits hydriques. Mais là où une semelle de labour ou de pseudo-labour entrave ce développement en profondeur dans une parcelle, la sensibilité à la sécheresse a frein la croissance et le développement des racines.

En de nombreuses parcelles, les racines de chicon ont une bonne maturité avec un début de développement du dôme portant le bourgeon central.
En de nombreuses parcelles, les racines de chicon ont une bonne maturité avec un début de développement du dôme portant le bourgeon central. - F.

L’azote, un élément clé, pertubé cette année !

Les conditions météo très sèches et l’arrivée de pluies en automne ont relancé tardivement la minéralisation des matières organiques et la libération d’azote. Ce n’est pas l’idéal, loin de là, pour la qualité des racines. Les collets gras dus à des développements bactériens sont apparus dans certaines parcelles.

La fourniture d’azote à la culture est un élément clé de la réussite. C’est l a minéralisation des matières organiques du sol qui apporte l’essentiel de ce qui est consommé par la plante. Or, la minéralisation dépend de l’état de fertilité du sol et des conditions météo qui influencent cette minéralisation.

Les précipitations mal réparties dans le temps, avec un déficit durant les quatre mois d’été ne jouent pas en faveur d’une croissance régulière des racines et enfin de leur état de maturité.

La minéralisation tardive favorise les maladies bactériennes du collet. Les précipitations sont peu importantes mais les parcelles réagissent de manières différentes entre elles.

La libération tardive et importante d’azote est susceptible de favoriser les maladies bactériennes du collet ( Pectobacterium carotovora entre autres).

La récolte et le forçage en pratique

Pour les premières parcelles semées sous voile ou sous plastique perforé, nous avons récolté ou nous récoltons les chicons en forcerie. Le poids des racines n’était pas élevé mais approchait de la fourchette de 130 à 170 g à l’arrachage au champ. La teneur en nitrates de la racine est une deuxième indication et était inférieure aux 100 mg d’N nitrique par kg de matière sèche (MS) et une teneur en azote total entre 8 et 12 grammes /kg de MS.

Un autre critère comme le rapport pondéral feuilles/racines était faible après la sécheresse, inférieur à 0,8 et même à 0,6. Le calibre des racines était un peu faible avec 3 à 3,5 cm au galbe de la racine. Mais les racines étaient assez mûres avec le fort ensoleillement estival. Les résultats après forçage sont corrects, surtout si nous avions eu la prudence d’apporter du bore en fond de couche ou dans la solution nutritive.

Les forçages suivants se passent plutôt bien, malgré les difficultés d’arrachage et donc le bris de racines avec la sécheresse persistante d’octobre.

Pour les couches aménagées dans des serres maraîchères des petites fermes maraîchères, les températures élevées ne sont pas favorble à une belle formation du chicon. Ils prennent une forme de tulipe. Depuis quelques jours cela s'arrange quelque peu.
Pour les couches aménagées dans des serres maraîchères des petites fermes maraîchères, les températures élevées ne sont pas favorble à une belle formation du chicon. Ils prennent une forme de tulipe. Depuis quelques jours cela s'arrange quelque peu. - F.

En cas de collets gras dus aux pourritures d’origine bactérienne pour les arrachages actuels, nous pouvons diminuer quelque peu la température de forçage. Les dégâts sont beaucoup moins importants à 17ºC qu’à 20ºC et le sont encore beaucoup moins à 14ºC. Ce sera la recherche d’un compromis entre l’état sanitaire des racines et les besoins organisationnels de chauffage pour s’accorder au planning de production. Comme les premières productions d’automne demandent une température de 20ºC, nous commençons par les parcelles comportant les racines les plus saines.

Particularité au forçage

Une particularité de l’année est de voir les chicons rester assez ouverts lors des deux premières semaines de forçage pour ne refermer que vers la fin. Il semble que ce soit dû à une certaine lenteur dans la croissance de l’axe. Serait-ce dû à une teneur limite en bore ou plutôt à un état de maturité imparfait ? Si pour la maturité, nous ne pouvons plus faire de miracle, par contre nous pouvons être vigilants et contrôler la teneur en éléments minéraux de la racine et agir en conséquence.

Le cas des petites unités de forçage

Dans les petites fermes maraîchères en polyculture, nous installons parfois les couches de chicons dans les serres maraîchères. C’est bien difficile, cette année, d’y produire des chicons dans les conditions de températures très élevées comme nous les avons connues jusqu’à la mi-novembre. Il faut essayer de jouer avec les apports d’eau fraîche en irrigation souterraine et sur l’épaisseur des couches isolantes en dessus de couche.

Mais si la température est élevée au niveau du chicon proprement dit, la qualité et la forme du légume ne sont pas idéales.

C’est souvent le cas, mais cette année est particulièrement compliquée pour cet aspect. La solution est bien d’aménager des espaces de forçage spécifiques pour cette culture.

F.

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