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Connaître son sol, pour réussir son installation maraîchère

Lorsqu’un maraîcher s’installe sur une parcelle qu’il ne connaît pas encore bien, il a tout avantage à s’informer, étudier, analyser la nouvelle situation. Suivant les résultats de ces travaux préliminaires, il pourra juger, jauger et décider de ce qu’il y a lieu de mettre en œuvre pour se donner un maximum de chance de réussite.

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Pour amorcer sa démarche, le maraîcher pourra en premier lieu se tourner vers ses voisins et les occupants précédents. Leurs témoignages sont précieux. En tenir compte dans sa réflexion fera gagner bien du temps et évitera des déboires.

Dans un second temps, il pourra se tourner vers les cartes pédologiques. Nous en disposons pour la plus grande partie du territoire national. En Wallonie, ces cartes sont mises en ligne et disponibles gratuitement via WalOnMap, sur le géoportail de Wallonie. Nous arrivons facilement à y repérer les villages via le moteur de recherche. La rubrique « catalogue du géoportail » permet de choisir l’onglet « Nature et Environnement » puis « Sol et sous-sol ». En validant « Carte numérique des sols de Wallonie », nous obtenons la cartographie des sols. Une aide permet de comprendre la signification des lettres correspondant aux classes de sol, leur drainage naturel et leur évolution.

Certaines parcelles ne sont pas reprises, notamment dans les zones urbanisées. Une autre approche est alors nécessaire et les laboratoires d’analyse de sol peuvent nous aider dans la démarche.

Connaître le profil de sol, via les puits d’observation

Aussi appelé « coupe profonde de sol », l’examen consiste en l’observation visuelle des parois verticales de plusieurs puits creusés jusqu’environ 1 m de profondeur. Nous pouvons y distinguer les couches superposées d’aspects différents. Nous regardons attentivement la présence de racines et de radicelles dans les différentes couches.

La couche supérieure est foncée sous l’influence de la présence importante de matières organiques. Son épaisseur correspond à la profondeur de travail du sol lors des décennies passées. Une très ancienne prairie n’a une zone sombre que sur une dizaine ou une quinzaine de centimètres d’épaisseur.

La couche superficielle est plus sombre sous l'effet des matières organiques. Elle a
 une épaisseur qui dépend de la profondeur de travail des outils aratoires 
utilisés lors des décennies précédentes.
La couche superficielle est plus sombre sous l'effet des matières organiques. Elle a une épaisseur qui dépend de la profondeur de travail des outils aratoires utilisés lors des décennies précédentes. - F.

La couleur claire ou ocre des couches inférieures dépend de la nature du sol et de son évolution. Un sol lessivé montre des nuances marquées de couleur entre la partie médiane de la hauteur du puits d’observation et le fond de celui-ci. Un sol d’alluvion ou de colluvion a une couleur plus homogène entre la zone médiane et le fond.

Pour le maraîcher, il est important de repérer la classe de drainage naturel du sol. S’il dispose de la carte pédologique des sols, la classe de drainage est mentionnée. Dans le cas contraire, le puits d’observation donne l’information.

En creusant le puits, la terre des différentes couches est séparée pour pouvoir les remettre à leur niveau d'origine.
En creusant le puits, la terre des différentes couches est séparée pour pouvoir les remettre à leur niveau d'origine. - F.

La présence presque permanente d’eau induit une réduction chimique du fer qui prend une teinte bleu métallique. Si la couche de cette teinte est visible dans le puits d’observation de 1 m de profondeur, cela donne nous indique une faiblesse du drainage naturel.

Si l’eau ne reste pas en permanence mais seulement quelques semaines par an, des marques d’oxydoréduction du fer seront visibles par des taches bleu métallique et rouille dans la couche concernée. Pour le maraîchage, une classe de drainage « c » est parfaite ; elle correspond à la présence de cette couche à 0,8 ou 0,9 m de profondeur ou un peu plus bas. Ce sont des sols qui ne sont ni trop séchant ni trop humides.

Dans ce puits-ci, les traces évidentes d'oxydation alternée avec la réduction du fer  sont bien visibles au milieu de la photo. Nous sommes à 80 cm de profondeur, ce qui  correspond bien à la classe de drainage « C » reprise sur la carte pédologique de la zone.
Dans ce puits-ci, les traces évidentes d'oxydation alternée avec la réduction du fer sont bien visibles au milieu de la photo. Nous sommes à 80 cm de profondeur, ce qui correspond bien à la classe de drainage « C » reprise sur la carte pédologique de la zone. - F.

Les racines qui se sont développées en profondeur, les galeries verticales de vers de terre, les traces de passage de dents de sous-soleuse sont autant de traces plus sombres liées au mélange ou au dépôt de matières organiques.

La compaction des différentes couches

Les puits d’observation permettent aussi l’examen de l’état de compaction du sol. Les flaques d’eau et le passage des engins en conditions humides provoquent un tassement du sol. Celui-ci correspond à l’évacuation de l’air présent dans la porosité naturelle du sol. Dans ces zones pauvres en oxygène, les racines ne se développent que très peu.

La présence d’eau en surface est en lien direct avec les précipitations reçues lors des jours précédents et de la capacité de drainage.

Que faire en sols peu profonds ?

Si la nappe est élevée et proche du niveau du sol, la profondeur de sol réellement explorée par les racines est faible. Nous avons deux possibilités : descendre le niveau permanent d’eau, c’est-à-dire drainer, ou remonter le niveau de culture, c’est-à-dire cultiver sur ados.

Le drainage

Pour les petites parcelles enclavées, ce n’est souvent pas évident de trouver un fossé ou un débouché pour accueillir les eaux de drainage. De nombreux maraîchers en début d’installation sont confrontés à la difficulté d’accès à la terre et doivent se contenter de ce qui est disponible. Quand c’est possible, nous commençons par repérer deux éléments :

– Où et à quelle profondeur se trouve le fossé sur lequel déboucheront les drains ?

– À quelle profondeur seront placés les drains en tenant compte de la présence d’une couche imperméable ?

Les techniciens des sociétés de drainage ou les négociants en drains disposent des abaques permettant de déterminer l’écartement des drains et leur diamètre.

Pour les petites fermes maraîchères, les chantiers peuvent être trop modestes que pour faire se déplacer une société spécialisée. Le drainage peut être posé par le maraîcher lui-même (lire Le Sillon Belge du 2 décembre 2016).

Les ados

Pour un maraîcher, cultiver sur ados peu être une solution en terrains à drainage insuffisant. Le tracteur passe systématiquement aux mêmes traces. C’est important de décider rapidement de type de culture dès l’installation. En effet, le matériel de constitution des ados et d’entretien est particulier, autant l’acquérir dès l’installation. Des conseils à ce sujet sont à lire dans Le Sillon Belge du 19 décembre 2014.

F.

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