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L’entretien du sol, essentiel pour un verger productif

Le mode d’entretien et d’exploitation du sol choisi pour une parcelle d’arbres et d’arbustes fruitiers peut différer selon les cas (verger intensif ou extensif) et les années. Dans le choix opéré, il faudra toujours privilégier prioritairement un bon fonctionnement des plants fruitiers.

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Dans un verger, les arbres et arbustes fruitiers vont occuper le même emplacement pendant de nombreuses années ; selon le cas, au minimum une quinzaine d’années, et jusqu’à plus d’un siècle. Cela signifie qu’il faut au préalable avoir fait une bonne évaluation des caractéristiques du sol, et pris les mesures nécessaires pour le mettre en condition optimale par des apports d’amendements : par exemple, du sable si la texture est trop argileuse, de la chaux si le pH est trop faible.

On aura aussi apporté des éléments minéraux et de la matière organique en suivant les recommandations de l’analyse. Le sol aura aussi été ameubli sur un volume nettement plus grand que le seul trou de plantation.

Au pied des plantes, après la plantation

Pendant les premières années qui suivent la plantation, il est indispensable de désherber totalement le pied des arbres sur une surface de 1 à 2 m² (de 1x1 m à 1,4x1,4 m), et des arbustes sur 0,5 m² (0,7x0,7 m). L’objectif est d’assurer une bonne reprise et une bonne croissance initiale, qui se traduit par une édification rapide de la ramure productive.

La destruction des plantes adventices peut se faire par un sarclage superficiel manuel, par un traitement avec un désherbeur thermique, ou par un travail superficiel au motoculteur. L’opération devra être répétée plusieurs fois par saison, surtout si l’année est pluvieuse, et jusqu’en automne afin que le sol soit propre en hiver. À ce stade, pendant les deux premières années, l’usage d’herbicides chimiques de contact ou systémiques (pour autant qu’ils soient encore autorisés !) n’est pas conseillé.

La pose temporaire d’un film plastique noir ou d’une toile tissée noire peut être envisagée. Le film plastique compliquera un peu les apports d’eau aux racines (mais on peut aussi installer un tuyau goutte-à-goutte par-dessous), alors que la toile laisse passer l’eau de pluie et d’arrosage. Par la suite, les deux couvertures compliquent l’apport d’une fumure minérale et organique.

La surface désherbée sera couverte par un mulch de matière organique : par exemple du compost brut, un fumier pailleux ou du broyat de branches, sans oublier l’herbe de tonte des pelouses dont le jardinier dispose souvent à profusion. Cette couverture sera réalimentée au fur et à mesure de sa décomposition par la faune du sol. Elle contribue à limiter la perte d’eau par évaporation et à enrichir le sol en humus ; elle y favorise l’activité biologique et facilite les interventions de désherbage manuel.

Dans les plantations intensives

Sous des arbres basse-tige et dans les parcelles de petits fruits, le mode d’entretien du sol qui vient d’être décrit sera poursuivi au-delà des premières années, et pendant toute la durée de vie du verger. L’enracinement superficiel des plants et les sujets porte-greffe nanifiants supportent très mal la concurrence exercée par les racines d’une couverture végétale du sol en ce qui concerne l’eau et les éléments minéraux.

La superficie ainsi traitée doit correspondre approximativement à la projection au sol de la ramure (+ 10 %), soit environ 1 à 2 m² pour les pommiers et poiriers basse-tige, 3 à 4 m² pour les espèces à noyau, et à une bande de 0,7 à 1 m de largeur pour les petits fruits conduits en haie verticale.

Entre les arbres et arbustes, le mode d’entretien du sol le plus simple et le plus favorable au maintien de sa bonne qualité est un enherbement permanent qui est maintenu ras. Dans un terrain déjà enherbé, il suffira de faucher régulièrement à 5 cm de haut dès que la couverture herbacée atteint 10 à 12 cm. On sait que la fréquence des fauchages provoque en peu de temps une modification de la flore présente : les dicotylées et les graminées érigées, à croissance forte, vont régresser au profit de plantes plus tapissantes, et dont le système radiculaire est plus superficiel.

Le ramassage de l’herbe de tonte est conseillé pour deux raisons : son utilisation comme mulch, et le fait que l’herbe de tonte laissée sur place et qui aura séché compliquera les tontes suivantes en provoquant des bourrages de la tondeuse.

Dans un sol qui précédemment a été cultivé, on sèmera un mélange d’une graminée vivace à croissance modérée et de trèfle blanc.

Ce mode d’entretien du sol par un enherbement permanent permet de circuler facilement dans la parcelle et présente un aspect agréable à la vue. Il peut être utilisé comme parcours pour des animaux de basse-cour. Pour des plantations basse-tige, les opérations de tonte de l’herbe sont facilitées si on alterne des bandes désherbées et des bandes enherbées.

On peut aussi prévoir au centre de la bande enherbée et dans la zone désherbée un semis de plantes florales. Celles-ci vont contribuer au bon équilibre naturel du verger en fournissant aux organismes utiles « le gîte et le couvert », c’est-à-dire un abri et de la nourriture alternative. Leur abondance et leur persistance dans la parcelle s’en verront améliorés.

Le commerce propose plusieurs mélanges d’espèces annuelles ou pluriannuelles, basses ou plus élevées, plus ou moins riches en formes et en coloris. Pour les bandes désherbées, on choisira un mélange d’espèces basses. Cette méthode allie l’utile, en favorisant la biodiversité, à l’agréable, par son aspect.

Dans les vergers extensifs

Après les premières années, on laissera se développer la couverture végétale sur toute la surface, sauf le pied des troncs, qui devra être nettoyé sur 20-25 cm de large ou à l’intérieur du dispositif de protection.

Dans un verger demi-tige, on peut envisager le pâturage par des ovins, pour autant que les troncs des arbres soient bien protégés. Il se dit que la race « Shropshire » ne s’attaque pas aux arbres (à confirmer ?). Le pâturage par des chèvres est à déconseiller.

De même, dans les vergers haute-tige, à condition que le système de protection des troncs soit très robuste et la couronne des arbres suffisamment haute, le pâturage par des bovins, poneys et ânes, (chevaux ?), peut être envisagé. Dans le passé, par précaution, les arbres plantés en vergers pâturés par des chevaux étaient greffés beaucoup plus haut que pour des bovins.

Après les 5 à 6 premières années, dans des vergers plantés à au moins 10-12 m d’écartement, on peut envisager aussi la production de foin, à condition que les interventions mécanisées respectent scrupuleusement les troncs, et qu’une fumure appropriée soit apportée en complément.

Ir. André Sansdrap,

Wépion

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