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À la ferme du Gala à Glabais: des oeufs pour les commerces de proximité

La semaine dernière, Ignace De Paepe ouvrait les portes de son élevage de poules pondeuses bio dans le cadre de l’assemblée générale de l’Association européenne des volailles rurales (ERPA). Une visite qui confirme que « l’aviculture rurale est une vraie richesse pour les territoires ruraux et répond parfaitement aux attentes de la société européenne », comme le précise Carloz Terraz, président de l’ERPA.

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Bien-être, préservation de l’environnement, biodiversité, qualité et sécurité sanitaire, dynamisation des zones rurales, productions biologiques…, voilà quelques exigences des consommateurs européens. Des éléments qui caractérisent les volailles rurales, selon Carlos Terraz, Président espagnol de l’ERPA, association qui regroupe des organisations de producteurs de volailles rurales et des sélectionneurs de volailles rurales issus de Belgique, Espagne, France, Hongrie, Italie, République Tchèque, Roumanie.

Pour lui, en plus de répondre parfaitement aux attentes des citoyens européens, l’aviculture rurale est une vraie richesse pour les territoires ruraux. Elle offre aux exploitations familiales une diversification et contribue à leur viabilité économique. Les exploitations la pratiquant sont presque toujours orientées vers une différenciation en qualité, apportant une valeur ajoutée au produit et une rémunération correcte à l’ensemble de la chaîne, y compris au producteur. « L’aviculture rurale permet de dynamiser les territoires ruraux de façon durable et donne aux jeunes la possibilité de s’installer avec de plus faibles investissements tout en respectant les ressources naturelles. Les volailles rurales représentent des productions très variées, avec une multitude de volailles et de souches, ainsi que des aviculteurs et des circuits de distribution très divers », dit-il encore.

Privilégier les petits commerces

Du fait de sa situation privilégiée au cœur du Brabant et en marge de Bruxelles, le premier circuit de distribution choisi par Ignace De Paepe est celui des épiceries et commerces locaux et/ou bio. Ses 5.800 poules pondeuses biologiques produisent chaque jour 5.000 œufs dont la moitié est distribuée par des épiceries spécialisées, maraîchers, boulangers, ou encore via la coopérative Agricovert ou les ruches qui dit oui. Les œufs sont aussi proposés à la vente dans le magasin à la ferme Pass’Avant géré par Isabelle, l’épouse d’Ignace, et installé dans la ferme des parents de ce dernier, à Vieux-Genappe. Le reste de la production est racheté par un autre éleveur wallon, Benoît D’Halluin, qui les écoule via son propre réseau de distribution. « L’idée, c’est de proposer des œufs extra-frais, pondus du jour ou de la veille. C’est pourquoi je privilégie les petits commerces que je livre deux à trois par semaine. J’espère ainsi pousser les consommateurs à revenir aux établissements en relation directs avec les producteurs. Ma marge de vente est également supérieure ».

Il reste néanmoins très satisfait des échanges qu’il a avec Benoît d’Halluin : « Cette manière de procéder m’apporte de la flexibilité et nous ne sommes pas en concurrence. C’est aussi lui qui me permet de continuer à approvisionner mes clients durant le vide sanitaire ou d’écouler ma production lors des périodes creuses comme l’été durant lequel la vente d’œufs en direct est réduite. De plus, tous nos échanges m’ont été d’un grand soutien lors de mon installation, ainsi que ceux avec Avibel, la société qui me fournit les poules », explique Ignace.

Au hasard d’une opportunité

Ignace De Paepe n’est en effet installé à la ferme du Gala que depuis deux ans. « L’atelier poules pondeuses relève plus de l’opportunité. Il a été développé par un autre éleveur en 2011 mais celui-ci à finalement décidé de changer de cap. J’ai alors eu l’occasion de reprendre la ferme du Gala et l’atelier poules pondeuses et je ne regrette vraiment rien ».

L’élevage se compose de deux lots de 2.900 poules pondeuses. « Pour des raisons sanitaires, les deux lots arrivent le même jour et n’en forment en réalité qu’un seul. En effet, le sas de travail est commun et les prairies accueillant chaque groupe se touchent ».

Avant d’être accueillies à la ferme du Gala, les poules passent 17 semaines chez un éleveur où elles ont également accès à un parcours extérieur. Elles prennent ensuite la direction de l’atelier de ponte où elles commencent à produire des œufs dans la semaine ou les 15 jours de leur installation : « Il s’agit d’abord de petits œufs et qui croient ensuite graduellement en nombre comme en taille. Les poules pondent durant 15 mois. Elles quittent ensuite l’exploitation et s’en suit un vide sanitaire de 1 mois ».

Lier la production d’œufs et de céréales

Les volailles sont nourries six fois par jour grâce à un système automatisé. Elles consomment en moyenne 120 g d’aliment/jour. L’aliment distribué est acheté à la Scar. « J’utilise la même formule durant les 15 mois de ponte. En fin de ponte, certains éleveurs passent à une formule moins riche en protéines et plus riche en calcium mais ce n’est pas mon cas et je n’observe pas de chute de ponte. Par contre, les poules ont également des coquilles d’huître à leur disposition. J’ai aussi placé des balles de luzerne et des blocs de picage mais, elles s’amusent plus avec qu’elles ne les consomment ».

Outre l’atelier poules pondeuses, Ignace cultive également 40 ha de parcelles bio. Celles-ci accueillent, entre autres, des céréales tels que du froment fourrager, du maïs grain ou du triticale. Ces productions sont vendues à la Scar pour la production d’aliments bio pour volailles. « Je n’ai pas de garantie que ce sont mes céréales qui reviennent dans mon silo mais c’est mieux que rien. J’ai déjà réfléchi à réaliser la transformation sur place mais cela nécessite de nouveaux équipements. Chaque chose en son temps. Je pense néanmoins qu’il est important qu’il existe un lien entre la production d’œufs et celles d’aliments, sinon on s’expose à un souci d’approvisionnement », dit Ignace.

Et le scandale du fipronil ?

La gestion du parasitisme se fait via l’eau avec des produits à base de plantes. Le traitement est distribué toutes les trois semaines (au lieu de 6 en général) mais sur un laps de temps plus court (3 jours). « Je ne dis pas qu’on ne retrouve aucun pou en été ou qui si on autopsie une poule on ne trouvera aucun vers mais la menace reste maîtrisable ».

Et quand on lui demande s’il a été touché par le scandale du fipronil : « Cela faisait 6 mois que j’avais repris quand il a éclaté. Au début, j’ai un peu paniqué mais finalement ça m’a peu impacté. Au contraire, cela m’a même amené de nouveaux clients car les consommateurs se sont tournés vers le bio. Les magasins se sont néanmoins montrés très exigeants et nous ont demandé de fournir des preuves de la sanité de l’élevage.

La journée type

En moyenne, Ignace passe 4 à 5h par jour avec ses poules entre le ramassage des œufs, la préparation des commandes, l’entretien des bâtiments… Les volatiles sont à l’œuvre dès 5h du matin et reçoivent une première ration à ce moment-là. « L’heure de ponte évolue avec l’âge. Au début, elles pondent très tôt dans la journée, ensuite ça se retarde un peu. Mais, quand j’ouvre les trappes à 10h, la majorité d’entre elles ont pondu ».

Le pondoir se trouve au centre du bâtiment. Les œufs glissent vers un tapis auquel les animaux n’ont plus accès. Aucun risque donc qu’ils soient cassés ou salis. Les œufs sont ensuite automatiquement conduits vers le sas de préparation où Ignace les calibre et les conditionnent en plateau de 30. « Nous proposons deux tailles, M et L. En début de lot, j’ai aussi la chance de pouvoir valoriser les petits œufs auprès des clients. J’ai peu d’œufs pondus au sol et peu de tri ».

Les volailles ont accès à un parcours aménagé de 3ha. « Nous y avons installé quelques fruitiers mais l’idéal serait d’ajouter des bosquets. En début de lot, les poules hésitent toujours à s’éloigner du bâtiment mais ensuite elles parcourent toute la prairie ». Le jeune éleveur n’exclut pas de lier le parcours de poules à la production de fruits ou autres. « Ce sont des idées que j’ai dans un coin de ma tête mais je ne suis installé que depuis peu, j’attends donc d’avoir du recul par rapport à tout cela », conclut-il.

DJ

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