Accueil Potager

Le jardin potager adopte la permaculture

À travers les revues de jardinage, les sites Web sur les potagers, les expositions sur des thèmes horticoles, la permaculture est désormais très régulièrement mise en avant.

Temps de lecture : 5 min

L es techniques décrites sur le thème de la permaculture sont très intéressantes mais laissent parfois perplexes les jardiniers qui ont une longue expérience.

Il n’y a pourtant pas d’opposition fondamentale entre les façons classiques et celles de la permaculture. C’est plutôt une évolution, une adaptation aux souhaits nouveaux, une redéfinition des priorités recherchées dans la démarche du travail de la terre.

Petit coup d’œil dans le rétro

Au début du XXe siècle, le potager ouvrier revêt une fonction nourricière évidente. Pour les familles ouvrières ou paysannes, le potager est cultivé pour satisfaire les besoins nourriciers essentiellement. On y retrouve aussi des fruits, des fleurs, des plantes aromatiques (et bien souvent aussi du tabac).

Les parcs des maisons bourgeoises présentent aussi un coin potager et fruitier, avec les mêmes objectifs, même si le travail proprement dit est souvent confié à une personne extérieure à la famille.

De fortes fumures organiques viennent du fumier de cheval disponible en quantité, parfois ramassé au bord des routes. Des abris (couches, cloches, châssis, serres adossées…) permettent d’allonger la période de culture avec de fortes productions étalées sur de nombreux mois. L’absence de congélateur impose un choix adapté d’espèces pour la conservation hivernale.

La haie multi-espèce est importante pour son apport en biodiversité.
La haie multi-espèce est importante pour son apport en biodiversité. - F .

Les jardiniers amateurs ont un lien direct fort avec le paysannat. Bien souvent, un des membres de la famille a des parents proches agriculteurs. De plus, les gestes du jardinage s’apprennent aussi à l’école primaire (taille, greffe…).

Les potagers présentent des formes géométriques inspirées des carrés, des rectangles. Des chemins rectilignes facilitent l’accès aux différents endroits de travail.

Les légumes sont groupés selon des groupes comme les foliacées, les légumes-racines, les légumineuses et les pommes de terre.

« Le potager éloigne l’homme du cabaret. », pouvait-on lire dans les manuels de jardinage promus par les patrons industriels à l’intention de leurs ouvriers et employés. La fonction sociale du potager n’est pas prioritaire, l’intention est moralisatrice. Quant à l’environnement, il ne fait pas partie des préoccupations principales, à l’ombre des cheminées fumantes.

Et ensuite ?

Au milieu du XXe siècle, le potager disparaît de nombreux jardins et est remplacé par une pelouse. Il reste parfois bien présent, mais se retrouve éloigné du regard, au fond du jardin.

La production de légumes pour améliorer l’ordinaire des repas n’est plus aussi indispensable. Lorsque la famille part plusieurs semaines en congé, l’entretien et le suivi du jardin en pâtissent. Le jardinier n’hésite pas à recourir à l’emploi de produits phytos pour faciliter l’entretien et surtout le désherbage.

Si un vieux saule têtard est présent sur place, il sera préservé, bien sûr.
Si un vieux saule têtard est présent sur place, il sera préservé, bien sûr. - F.

Le potager n’a plus une fonction économique aussi importante dans l’ambiance des Golden Sixties. Les relations sociales ne se créent que peu autour des jardins. Quant aux notions environnementales, elles restent bien balbutiantes.

Aujourd’hui

En ce début du XXIe siècle. le potager n’est plus nécessairement la principale source de légumes pour la famille, mais il redevient important dans la réflexion citoyenne. On en installe en ville, sur les toits, on le partage. Le jardin revient en ville.

Le lien du jardinier avec le paysannat est devenu très ténu, mais cela n’empêche pas les tentatives audacieuses de techniques de culture nouvelles. La réflexion dépasse la simple production de légumes, mais inclus le zéro déchet, l’empreinte environnementale. Le lien à la terre est source de bien-être.

PERMA-VERT

Nous entrons de plain-pied dans la permaculture. « Cultivons notre jardin » écrivait Voltaire dans Candide en 1759. Cette phrase prend un sens bien actuel, alors que le citoyen s’interroge sur ce qu’il a sur son assiette. Comme l’écrit Voltaire, l’idée n’est pas égoïste mais partageuse, à la façon du souhait de consommer des produits issus de l’agriculture locale d’abord. Le même auteur se réfère à sa réflexion sur la Justice en écrivant dans le Traité sur la tolérance (1763) « Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson ».

Des réflexions philosophiques rejoignent les gestes des jardiniers modernes et se retrouvent dans les principes de la permaculture. Cela dépasse le jardinage des végétaux en incluant les gestes respectueux de la nature et de la société, une attitude bien paysanne.

Le potager moderne

Le potager «nouvelle tendance» inclut des massifs ou des haies multi-espèces qui apportent la diversité végétale capable d’accueillir une biodiversité en général. La mare, parfois jointe à un lagunage, est la bienvenue chaque fois que possible.

Les cultures en bacs ou en conteneurs permettent de s’adapter aux situations aux sols défavorables à la culture ou an manque d’espace.

Le jardin est «divisé» en fonction des intérêts et finalités poursuivis. Le fond du jardin peut, par exemple, devenir une zone où la végétation est laissée en place. Les plantes présentes se développent et restent en place ou ne sont fauchées qu'une fois par an pour produire un paillis destiné à protéger le sol en d'autres zones.
Le jardin est «divisé» en fonction des intérêts et finalités poursuivis. Le fond du jardin peut, par exemple, devenir une zone où la végétation est laissée en place. Les plantes présentes se développent et restent en place ou ne sont fauchées qu'une fois par an pour produire un paillis destiné à protéger le sol en d'autres zones. - F.

Les jardins partagés sont lieux de rencontres, les liens sociaux créés apportent une richesse nouvelle. On donne un légume, non pas pour l’équivalent de sa valeur marchande, mais pour tout ce qu’il représente. Le geste prend une valeur considérable.

La fonction environnementale du jardin est importante et est intégrée dans les gestes quotidiens.

La disposition, l’aménagement, la forme du potager, du jardin, ne sont pas déduites d’un plan repris de la littérature mais sont issus des observations attentives sur le terrain.

Si le sol est humide, l’aménagement de la mare y aura tout son sens. De même, la culture sur buttes permettra aux légumes de développer plus efficacement leuss racines.

Si le sol contient des pierres, celles-ci ne seront pas évacuées vers un parc de recyclage. Elles seront au contraire groupées pour permettre l’installation d’espèces végétales adaptées, pour accueillir des carabes, des perce-oreilles et autres insectes auxiliaires précieux pour le reste du potager.

Des légumes «anciens» retrouvent des couleurs. L’ail des ours, l’arroche, la bourrache, la consoude, l’oseille, l’oxalis, le poireau perpétuel, le raifort, le topinambour reprennent une place de choix dans les potagers et dans la confection de plats aux saveurs appréciées.

En bref, nous pouvons résumer cette évolution par ces mots : « le jardinier à la recherche de ses racines. »

F.

A lire aussi en Potager

Préparer au mieux la future plantation de ses pommes de terre

Potager De nombreux jardiniers tentent de planter leurs premières pommes de terre hâtives le 19 mars, soit le jour de la Saint-Joseph. Si c’est très probablement une bonne période pour les planter dans les régions comme Paris ou Versailles, ce n’est pas nécessairement le cas chez nous. En effet, si parfois c’est une réussite, cela peut également être un véritable échec.
Voir plus d'articles