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Fertilisation de la pomme de terre: les clés pour bien raisonner les apports

Les besoins en minéraux de cette culture sont partiellement fournis par la richesse du sol et par la minéralisation des apports organiques et des effluents d’élevage. Les engrais minéraux permettent de maintenir l’équilibre entre besoins et fournitures du sol.

Temps de lecture : 4 min

Le calcul du bilan est une étape cruciale dans la réflexion de la fertilisation de la pomme de terre. Le soin apporté dans cette estimation n’écarte pas les risques d’erreurs, notamment liés à la variabilité de la richesse des fumiers, lisiers et composts, mais aussi à la variabilité climatique durant la saison de culture, comme nous l’a encore prouvé l’année 2018.

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Les besoins totaux (tableau 1) seront déterminés en fonction du potentiel de production du sol et des objectifs de rendements et ne devront jamais être surestimés. Ces derniers sont en corrélation avec la variété, les conditions climatiques, la structure du sol et les critères qualitatifs attendus.

La fumure azotée

L’azote est partiellement fourni par la minéralisation des matières organiques et par les reliquats disponibles au printemps. Suite à une saison 2018 très particulière, les reliquats constatés lors des analyses d’automne montraient une situation très disparate, essentiellement liée aux différences importantes de précipitations d’une région à l’autre. La campagne de prélèvements du printemps débute à peine et les précipitations actuelles (neige et pluie) modifieront encore la situation.

Pour la détermination de la fumure minérale conseillée, il faut partir des besoins totaux de la culture et en soustraire l’apport par les reliquats en tenant compte de l’effet des précédents culturaux, des engrais verts et des apports organiques de ferme. Pour affiner le calcul, il est très intéressant de procéder à une analyse des effluents d’élevage.

L’analyse des horizons 0-30 et 30-60 cm est d’autant plus nécessaire sur des parcelles avec un itinéraire technique particulier ainsi que sur les terres en location dont les précédents sont parfois mal connus.

En fractions

Le fractionnement de la fumure azotée est toujours possible : une première fraction (70 % de l’apport minéral conseillé) est appliquée peu avant ou peu après la plantation (selon le type d’azote utilisé). Le solde (30 %) sera apporté en une ou en plusieurs fois en postémergence, suite à un suivi au chlorophyllomètre.

Le fractionnement de la fumure azotée est une option, avec un 1
er
 apport aux environs de la plantation.
Le fractionnement de la fumure azotée est une option, avec un 1 er apport aux environs de la plantation. - M. de N.

Attention : il est indispensable de maintenir une petite surface sans apport d’azote (une fenêtre « 0 » azote) dans le champ, pour permettre une comparaison des résultats. Renseignements pour le suivi : laboratoires du Carah, 068/264.690.

Notons qu’un léger manque d’azote est nettement moins préjudiciable à la culture qu’un excès, surtout lors de saisons comme celle que nous venons de connaître.

Indispensables

phopshore et potasse

Les fumures phosphorique et potassique se calculent sur la base d’une analyse pédologique classique. En l’absence de celle-ci, vous pouvez évaluer les apports nécessaires sur la base des besoins de la culture en vous référant au tableau 2.

FUMURE2

Le raisonnement de la fumure potassique revêt un caractère particulier pour les variétés à teneur élevée en matière sèche. Une bonne disponibilité en potasse améliore la qualité des tubercules (diminution de la teneur en sucres réducteurs) et réduit la sensibilité aux endommagements (noircissements internes en particulier).

Le phosphore quant à lui est un facteur de précocité et de développement racinaire. Il a un effet sur le rendement (par accroissement de l’indice de surface foliaire), la couverture du sol et le nombre de tubercules.

La bonne structure du sol est le corollaire indissociable au développement racinaire et les symptômes de la carence en phosphore sont très semblables aux symptômes constatés par une structure dégradée ou compactée.

La mobilisation de phosphore dans la solution du sol est dépendante d’au moins trois contraintes :

– une richesse suffisante du sol en phosphore ;

– une vie biologique active mobilisatrice du phosphore temporairement indisponible et donc une température, une humidité et une aération suffisante du sol. Cette vie est déterminante, les concentrations en phosphore dans la solution du sol pouvant être temporairement très faibles et cet élément étant peu mobile dans le sol ;

– un pH favorable à la solubilisation partielle du phosphore sous forme minérale.

En pratique, la fertilisation phosphorée ne doit pas seulement se comprendre comme un apport, elle doit se concevoir comme une mise à disposition pour la plante selon des techniques fournissant une forme assimilable.

Cet élément est d’autant plus important si la variété lorsque la variété tubérise peu.

Les autres éléments

Les apports foliaires de magnésium sont souvent bénéfiques dans les sols faiblement pourvus ou dans le cas d’apports potassiques importants.

Le zinc, le manganèse et le bore perdent de leur disponibilité lorsque le pH est élevé. Dans ce cas, les apports foliaires se justifient dès le début de la croissance.

Ces quatre éléments interviennent dans l’élaboration de la masse foliaire et ont un impact ultérieur sur la qualité de la tubérisation. Ils doivent être disponibles dès le début de la croissance foliaire pour jouer pleinement leur rôle.

En ce qui concerne les éléments peu mobiles (Mn, Zn, S, B), il faut veiller à ce qu’ils soient disponibles dès les premiers jours de la croissance foliaire, la translocation dans la plante étant faible à nulle.

D’après Valentine Damanet

, pour l’équipe du Carah

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