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Sucrerie de Seneffe: ou l’étincelle qui met le feu aux poudres

La sucrerie de Seneffe suscite beaucoup de débats… Dans ce contexte, un agriculteur nous livre sa vision et son analyse des échanges agricoles : les relations à l’industrie, les possibilités qui s’offrent aux agriculteurs par spéculation, l’individualisme persistant et destructif… « Je vous demande de prendre 20 minutes de votre temps afin de vous forger votre propre opinion. 20 minutes, bien peu de temps pour une grande décision ! Et si, vous trouvez cette analyse pertinente, faites la circuler ! », dit-il.

Temps de lecture : 16 min

Je suis agriculteur et je constate malheureusement que le célèbre dicton « l’union fait la force » ne s’applique actuellement pas à notre belle profession. Une manière d’agir qui a un impact sur notre quotidien d’agriculteur, mais qui fait aussi peser une lourde hypothèque sur l’avenir de nos enfants et petits-enfants…, pour autant qu’ils soient un jour agriculteurs.

Dans ce contexte, on peut bien évidemment parler du projet de la sucrerie de Seneffe. Un projet qui ne se résume pas à un choix entre la peste et le choléra (pour citer un autre dicton) ou à la question de savoir si les betteraves seront payées quelques euros/tonnes de plus qu’ailleurs. Ça va beaucoup plus loin que ça, c’est une opportunité d’offrir à notre descendance une alternative au système actuel et un réel avenir dans le métier, une profession qu’ils seront encore heureux d’exercer.

Aujourd’hui, l’union fait l’industrie

Pour vivre de notre métier, nous devons vendre nos produits agricoles. Pour ce faire, nous nous adressons à des interlocuteurs – souvent des industriels, parfois des transformateurs à taille plus humaine – qui se sont rendus indispensables. L’industrie est cloisonnée par secteur d’activité et les différents interlocuteurs que nous rencontrons pour chacun d’entre-eux sont tous regroupés (fédérés) au sein d’une seule structure.

En vrac, les quelques structures qui nous concernent en tant qu’agriculteurs ont pour noms FEGRA (qui regroupe depuis peu Synagra et Imexgra, pour l’industrie de la céréale), Belgapom (pour l’industrie de la pomme de terre), la Société Générale des fabricants de sucre de Belgique (Subel) pour l’industrie sucrière, VEGEBE (pour l’industrie des légumes), la Confédération belge de l’industrie laitière (CBL) pour le secteur du lait, la Fédération belge de la Viande (FEBEV) pour le secteur de la viande, etc. Je vous invite à consulter les sites internet de ces différentes structures car ils sont instructifs à plus d’un titre : on peut notamment y apprendre qui elles représentent et quelles sont leurs missions, sans oublier les liens qu’elles entretiennent avec d’autres structures régionales, nationales, voire internationales.

La plupart des structures citées renvoient à la Fédération de l’industrie alimentaire belge (FEVIA), qui représente 700 entreprises belges réparties dans 26 secteurs et travaille en étroite collaboration avec 27 fédérations qui représentent chacune un secteur spécifique de l’industrie alimentaire (plus de 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires, plus de 90.000 emplois directs et plus de 140.000 emplois indirects). Pour l’anecdote, le président de Fevia Wallonie n’est autre que monsieur Guy Paternoster. Ceci dit, un tel regroupement permet à toutes ces entreprises de mieux travailler et aucun reproche ne peut leur être adressé pour cela. Il faut rester objectif et avoir l’humilité de reconnaître que l’union fait leur force ! Néanmoins, avez-vous bien conscience que cette union fait aussi leur force auprès du monde politique lorsque celui-ci doit choisir entre la défense des intérêts unifiés de l’industrie ou des intérêts dispersés des agriculteurs ?

« Nous sommes totalement individualistes et sans réaction par rapport à ce que nous subissons chaque jour ! »

Et la réalité agricole? En tout premier, les céréales…

Quelles sont les options qui s’offrent à l’agriculteur au moment d’établir son plan de culture pour l’année suivante ?

Commençons par la céréale , si s’il n’y a pas de restriction quant aux superficies et variétés qui peuvent être emblavées, il y a quand même une ombre importante au tableau : c’est le cours mondial qui détermine le prix qui nous sera payé. En d’autres termes, nous sommes mis en concurrence avec toutes les zones de production du monde alors qu’il peut exister un écart non négligeable entre les coûts de production. Autre paradoxe, quand le consommateur belge achète un pain, on ne lui propose pas de l’acheter au cours mondial, car le transformateur répercute ses coûts de transformation. Alors, pourquoi pas l’agriculteur ? Le système est ainsi fait, on ne le changera pas.

Par ailleurs, le rendement financier obtenu en céréales fait valeur de référence pour beaucoup d’autres cultures, dont le prix est dès lors fixé au plus juste pour en obtenir un rendement financier à peine peu plus élevé que celui de la céréale. À un moment donné, on a même assisté à l’octroi de primes « parce que les céréales étaient chères », par exemple pour des chicorées. Quel est le rapport ?, vous me direz…

Dans ce contexte, l’agriculteur en est arrivé à implanter des céréales simplement dans un souci de bonne rotation ou, pour les éleveurs, afin d’assurer l’approvisionnement en paille. Et oui, nous en sommes arrivés là !

La majorité des agriculteurs ont compensé la diminution de leurs emblavements de céréales en se tournant vers des cultures à haute valeur ajoutée comme la pomme de terre et les légumes mais, ce n’est pas non plus la panacée.

Betteraves : qu’y a-t-il encore à perdre ?

Pour ce qui est de la betterave, le choix est simple : j’en mets encore ou je n’en mets plus. Sauf que, je n’ai pas beaucoup le choix. En effet, le contrat qui me lie à l’usine stipule que je vais perdre dans un premier temps 50 % et à terme la totalité de mon droit de production. Pour beaucoup d’agriculteurs, ce droit de production (qui constitue le prolongement des quotas) a été acquis au prix fort, pas nécessairement pour augmenter leurs emblavements de betteraves, mais aussi et tout simplement pour reprendre l’exploitation familiale. En plus de cela, les producteurs betteraviers ont contribué dans les années nonante à une capitalisation de quelque 43 millions d’euros en faveur de la Raffinerie Tirlemontoise au travers de l’acquisition de parts Sopabe-T.

Certes, le revenu financier de la culture de la betterave était à l’époque encore attrayant, mais le contexte a complètement changé aujourd’hui : rapprochement (et plus si affinité) entre la RT et Südzucker, fermeture d’usines (en dépit d’importants investissements réalisés à peine quelques années plus tôt), mais aussi et surtout des prix divisés par deux, voire plus. En ce qui concerne la fermeture d’usines, s’il est vrai que le coût du transport a été mutualisé et que la RT continue à travailler l’ensemble des betteraves produites, il en résulte néanmoins un allongement excessif de la campagne de récolte (jusqu’à 140 jours et bien au-delà du 1er janvier), avec tous les désagréments que cela entraîne.

En dépit de cette évolution négative, l’attachement au droit de production acquis reste très fort, à tel point que lors des récentes réunions consacrées au réajustement des parts Sopabe-T dans le sens d’une recapitalisation dans Südzucker, une large majorité des producteurs betteraviers s’y est déclarée favorable. Mais était-ce bien démocratique ? En effet, ces réunions étaient un véritable camouflet pour la profession, comme l’a très bien décrit une agricultrice en total désaccord avec la Sopabe-T dans un récent article du Sillon Belge. Pourquoi les producteurs betteraviers ont-ils alors voté pour la recapitalisation ? Aux dires mêmes de ceux-ci à la sortie des réunions, ce n’était pas pour espérer quelque chose de plus, mais par peur de voir leur revenu de la betterave encore diminuer. Mais qu’y a-t-il encore à perdre ? Faudra-t-il un jour payer pour avoir le droit de cultiver à perte ?

Pomme de terre : après le cheval de trait, le cheval de Troie

Pour compléter mes emblavements, je peux encore opter pour la pomme de terre et les légumes. La pomme de terre ; une culture à haute valeur ajoutée ??!!!… Oui c’est vrai, en tout cas, ça l’a été, il y a quelques années, quand c’était encore une spéculation avec un marché libre et une culture qui appartenait toujours à l’agriculteur, en tout cas jusqu’à la récolte. Il est un fait que les risques de se brûler limitaient les hectares et donc régulaient le marché ! Mais l’industrie a trouvé la sécurité pour nous : les contrats ! C’est alors que le loup est entré dans la bergerie, insidieusement…

Face à la frilosité des agriculteurs pour cette culture, l’industrie leur a offert des contrats qui leur garantissaient monts et merveilles. Il n’en fallait pas plus pour enclencher une véritable course à la surenchère : c’était à qui obtenait le plus et les meilleurs contrats, au risque d’en perdre la raison et la notion de réalité, et au prix d’investissements ne permettant plus aucun retour en arrière. Trop tard, l’industrie a réussi, elle a la mainmise sur la culture.

Ces dernières années, cette mainmise n’a fait que s’accentuer et est devenue quasi-totale notamment du fait de clauses de plus en plus corsées. Elle ne laisse aujourd’hui d’autre choix aux agriculteurs que de continuer à signer et à essayer d’honorer des contrats sur lesquels ils ont perdu quasiment toute emprise, d’autant plus qu’ils doivent continuer à amortir les importants investissements réalisés sous la forme d’acquisition de matériel (de récolte) spécialisé ou de construction de hangars ou de frigos de stockage.

Ainsi, l’industrie, mais aussi certains agriculteurs, ont perdu de vue qu’ils travaillent avec mère Nature. À ce titre, l’année culturale 2018 est éloquente. Bon nombre de contrats n’ont pas pu être honorés en raison des conditions climatiques exceptionnelles, mais l’industrie, pour laquelle il ne s’agit que d’un léger contretemps, n’en a que faire. Elle saisit l’occasion pour proposer aux agriculteurs, aux rendements déficitaires et en manque d’argent pour payer l’importante astreinte pour les tonnes manquantes, de signer des contrats modulés à sa façon où les cas de force majeure ne sont plus reconnus. Inacceptable ! Mais là encore, impossible de faire marche arrière parce qu’entre-temps, l’industrie nous a pris en otages avec les plants.

Par ailleurs, les prix des contrats sont déterminés unilatéralement par l’industrie, sans aucune prise en compte de l’engagement financier que la culture suppose de la part de l’agriculteur.

Belgapom est l’organisme qui détermine les prix de référence du marché belge ; c’est-à-dire 8 acheteurs qui se réunissent tous les vendredis pour faire le prix ! Imaginez un peu, si c’étaient 8 producteurs qui fixaient le prix de vente de leurs produits (même autour de l’apéro du dimanche matin), cela peut prêter à sourire, mais cela ne serait quand même pas tout à fait illogique, d’un point de vue commercial.

Autre élément illustrant la toute-puissance de l’industrie en matière de contrats : les premiers contrats qui « sortent » (après le 1er janvier évidemment, lorsque les plans de culture sont établis et que les contrats de location de terres ont été conclus) sont indicatifs pour tous les autres contrats. Ceux-ci suivent d’ailleurs juste après et contiennent des clauses qui, à quelques nuances près et variations mineures, peuvent être qualifiées d’identiques.

En légumes ? Un plafond quand ça va bien !

Les légumes, une autre culture à haute valeur ajoutée, sauf quand ça ne va pas… Alors là, les pertes aussi peuvent être à haute valeur ajoutée et, a contrario, lorsque ça va bien ou même très bien, un plafond limite le revenu !

L’agriculteur détermine le type de légumes, enfin si l’industrie le veut bien (aujourd’hui, elle impose de mettre des pois pour avoir accès à des haricots…). L’industrie détermine non seulement la variété, mais aussi et surtout les dates de plantations et de récoltes avec son propre entrepreneur, en fonction du passage dans la région.

À noter que le site de VEGEBE et INAGRO stipule noir sur blanc que s’il y a un litige dans un contrat, les deux parties s’engagent à ne pas aller au tribunal civil parce qu’une cour d’arbitrage est mise en place. Il en est de même dans Belgapom pour les pommes de terre.

Cependant, l’agriculteur est toujours libre de ne pas en mettre, sauf s’il a trop investi et que ses charges ont dépassé le seuil de rentabilité de la céréale, ce qui est souvent le cas !

Et le bétail et le lait ?

N’étant pas dans ces 2 secteurs d’activités, je m’abstiendrai de les développer pour ne pas dire des choses inexactes. Je fais cependant confiance aux éleveurs concernés pour réaliser leur propre analyse des contraintes et opportunités qui leur sont offertes au quotidien.

Je dirais juste que pour eux, les décisions sont encore plus difficiles à prendre car leurs orientations demandent de longues années de mise en place, parfois même plusieurs générations. Les réorientations ne se font pas en une année et elles ont parfois des conséquences irréversibles. Leur engagement est toujours à très long terme sans parler de leurs contraintes et astreintes journalières.

Individualistes et amorphes

Voilà, selon moi, les choix qui s’offrent à nous chaque année. N’est-ce pas déplorable ? Là, j’entends déjà des voix qui s’élèvent : « oui, mais moi, c’est pas comme ça. J’ai un meilleur contrat que l’autre ; Je cultive plus ; Mon rendement est plus élevé… ». Je peux vous dire que pour la majorité d’entre nous c’est une vérité… Comme si notre survie dépendait de l’autre… l’autre agriculteur… alors que nous exerçons tous la même profession. Nous sommes collègues avant tout ! Mais totalement individualistes et sans réaction par rapport à ce que nous subissons chaque jour !

Devenons acteurs responsables !

Les agriculteurs qui ont, depuis longtemps ou plus récemment, choisi de valoriser leurs produits à leur juste valeur via la vente directe et les circuits courts sont des précurseurs : nous devons prendre notre destin en mains.

C’est ce qu’une poignée de personnes ont fait il y a environ deux ans en lançant un projet de sucrerie par et pour les agriculteurs. De prime abord, personne ne croit un seul instant que ces farfelus parviendront à mener à bien ce projet bien trop compliqué, bien trop cher, bref bien trop fou.

Cependant, dès les premières réunions d’information, il apparaît que le projet est déjà bien ficelé : il est cohérent et tient la route. J’en profite d’ailleurs pour féliciter ceux qui se sont investis et continuent à s’investir corps et âme pour mettre en place ce projet novateur et pour le défendre contre vents et marées.

Les participants aux réunions d’information se montrent particulièrement attentifs, voire intéressés. Certes, il subsiste des zones d’ombre et d’incertitude, mais ils réalisent que c’est peut-être l’espoir de mettre en place une alternative face à une structure bien ancrée, que c’est peut-être l’occasion de donner un gros coup de pied dans la fourmilière. Invités à faire part de leur intérêt pour le projet, les agriculteurs ne s’y trompent pas et les réponses positives affluent, à tel point que ce projet initialement fou est désormais un projet réaliste qui est en passe d’aboutir.

Seulement voilà, le projet fait aussi grincer des dents, essentiellement au niveau de l’industrie, et suscite des critiques, parfois même de la part d’agriculteurs eux-mêmes. Le projet dérange-t-il, fait-il peur ou est-il si mauvais que ça ?

Pour ce qui est de l’industrie, il me semble évident que le projet fait peur. Il va bien au-delà de la question d’un paiement plus cher de la betterave. Il vise à ramener une marge bénéficiaire dans nos fermes et pourrait être le début d’une transformation du paysage agricole.

«Le projet pourrait être source d’inspiration pour d’autres spéculations...»

L’étincelle qui met le feu aux poudres…

Les agriculteurs pourraient prendre leur destin en mains dans d’autres secteurs de leur activité, en faisant preuve d’une solidarité qui n’existe pas aujourd’hui. Le projet fait grincer des dents parce qu’il va dans le bon sens et pourrait être source d’inspiration pour d’autres spéculations. Si le projet aboutit, il montrerait à toute l’industrie qu’il est possible de mieux nous payer pour nos produits, qu’il y a une alternative à leurs contrats inacceptables et que nous sommes capables de faire ce qu’elle n’est pas capable ou ne veut pas nous offrir. À ce titre, l’initiative sert seulement les intérêts des agriculteurs tandis qu’elle pourrait nuire aux intérêts d’un système en place s’enrichissant sur le dos des agriculteurs ! Qui d’autre(s) que les agriculteurs voudrait (ent) voir le projet aboutir ?

Cette peur explique-t-elle par exemple que nous recevions depuis deux ans une carte de voeux de la RT ou que ses agronomes sont aux petits soins pour les doléances des agriculteurs ? Posez-vous la question, vous aurez la réponse…

Aux inquiétudes des agriculteurs, je répondrais…

Pour ce qui est des critiques des agriculteurs, elles sont de différents types.

Il y a ceux qui reculent devant la longueur de l’engagement, 10 ans. Mais alors, que dire de ceux qui ont contracté un emprunt sur 15 ans pour construire un bâtiment de stockage ou un frigo à légumes sans savoir combien ils toucheraient pour leurs produits durant toutes ces années, ou des éleveurs laitiers qui ont investi dans une étable et un robot de traite sans aucune certitude quant au prix du lait, ou encore de ceux qui font de l’entreprise et achètent une intégrale ou une ensileuse sans aucune garantie de travailler un nombre d’hectares suffisants ?

D’autres affirment « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ». À ceux-là, je répondrai par des chiffres. De +/- 114.000 agriculteurs en Belgique en 1980, on est passé à environ 62.000 agriculteurs en 2000 et à 36.000 agriculteurs en 2017. Autrement dit, deux fois moins d’agriculteurs tous les 20 ans. La baisse constante du revenu agricole y est sans doute pour beaucoup. Alors, si vous n’essayez pas de transformer maintenant l’essai de la nouvelle sucrerie, qui devrait garantir un revenu meilleur, ce sera bientôt « un tien et tu n’auras plus rien » !

Certains se disent aussi que si le projet de Seneffe aboutit, la RT payera également plus cher leurs betteraves. Ceux-là font preuve d’égoïsme en espérant tirer bénéfice des engagements qui seront pris par d’autres. Qu’ils mettent au contraire toutes leurs chances de leur côté pour obtenir effectivement un prix plus élevé, parce que si le projet ne se fait pas, ils n’auront rien gagné et continueront à être mangés à la sauce contemporaine par l’industrie.

Enfin, il y a ceux qui disent que cela ne les concerne pas parce qu’ils sont en fin de carrière et, souvent, parce qu’ils n’ont pas de successeur. Je comprends tout à fait cette réaction spontanée. Mais, je leur suggérais quand même d’essayer de voir les choses autrement. Ils se souviennent sans doute que, dans les années ’80, lorsque la betterave était encore très rémunératrice, une ferme avait d’autant plus de valeur si elle avait un beau quota betteravier. Aujourd’hui, le raisonnement doit être le même avec la sucrerie de Seneffe : leur engagement ne pourra sans doute rien leur rapporter directement, mais procurera à leur ferme une valeur supplémentaire bien plus élevée que la valeur de leur engagement.

«Ce qui est demandé aux nombreux indécis, c’est de mettre leur petite pierre à l’édifice selon leurs moyens.»

Apporter sa pierre à l’édifice, selon ses moyens

Nous sommes aujourd’hui 1.293 agriculteurs à avoir souscrit à l’offre publique en parts sociales pour la sucrerie de Seneffe. Cela a permis de rassembler plus de 39 millions d’euros pour plus d’1 million de tonnes de betteraves en contrat. C’est du jamais vu dans le monde agricole et cela représente déjà près de 70 % de l’objectif fixé pour que le rêve un peu fou se concrétise.

Une nouvelle période de souscription est ouverte pour réunir au moins les 30 % manquants. Cet appel s’adresse aux 30.000 agriculteurs -betteraviers ou non- que nous sommes encore aujourd’hui, sans exception et aux mêmes conditions pour tous, ce qui n’est pas toujours le cas.

Ce qui nous est demandé, ce n’est certainement pas d’investir dans la nouvelle sucrerie de façon irréfléchie au point de mettre notre exploitation en danger. Non, ce qui est demandé aux nombreux indécis désormais bien informés, c’est de mettre leur petite pierre à l’édifice selon leurs moyens. J’espère en tout cas les avoir convaincus de le faire. Même si le projet n’est pas exempt de tous risques (mais c’est tout simplement le propre de notre métier), le jeu en vaut certainement la chandelle.

Nous sommes dans la dernière ligne droite. Encore un dernier coup de rein pour franchir la ligne. Ayez confiance en vous. Ayez conscience que si individuellement, nous ne sommes pas grand-chose, votre engagement, aussi petit soit-il, dans ce projet commun permettra de réaliser de grandes choses pour notre agriculture d’aujourd’hui et de demain, parce que l’union fait NOTRE force !

Un agriculteur pour tous les agriculteurs

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