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Le désherbage en culture de maïs (I): tous les conseils du Cipf pour maîtriser les adventices

Préémergence, dicotylées annuelles, graminées estivales, conditions idéales d’intervention…, le Centre indépendant de promotion fourragère « donne le la » dans la lutte les adventices. Des conseils solides sur la base d’une expertise de longue date.

Temps de lecture : 17 min

Avant de présenter en détail les recommandations pour ce printemps 2019, il est utile de jeter un rapide coup d’œil sur le déroulement du désherbage lors de la saison dernière.

Un désherbage complet, pas toujours aisé à réussir

Après un mois de mars relativement frais avec une pluviométrie proche de la normale, les températures favorables du mois d’avril ont permis au sol de se réchauffer. Les premiers semis ont commencé vers le 10-15 avril dans d’excellentes conditions de préparation de sol et se sont poursuivis jusqu’aux pluies orageuses de fin avril – début mai. Après une interruption de quelques jours à une semaine, les semis ont repris pour se terminer vers le 15-20 mai.

Grâce aux températures favorables et à une bonne humidité du sol, le maïs a rapidement germé et les levées étaient généralement bonnes à l’exception des semis entrepris après ray-grass. Certaines plantes pointaient déjà après 4 à 5 jours et ont parfois atteint le stade 3-4 feuilles vraies en moins d’un mois. Cependant, dans les régions où il n’avait pas plu fin avril, le sol s’est rapidement desséché.

Les conditions sèches et chaudes de mai et de début juin ont nui à l’efficacité des traitements, l’action par le sol étant fortement réduite dans ces conditions. Là où les parcelles ont été traitées suffisamment tôt et avec la bonne combinaison de produits, les résultats étaient généralement satisfaisants.

Les conseils délivrés par le Cipf dans cet article donnent les clés de la réussite.
Les conseils délivrés par le Cipf dans cet article donnent les clés de la réussite. - M. de N.

Pour les semis plus tardifs ou dans les régions sablonneuses, la lutte herbicide n’a pas toujours été couronnée de succès. Il n’était pas rare de rencontrer des insuffisances contre quelques adventices qui ont pu occasionnellement concurrencer la culture.

La préémergence, les conditions optimales…

Les produits racinaires agissent principalement sur les graines en germination par absorption par le coléoptile (gaine protectrice des cotylédons) ou les racines séminales. Ils doivent être appliqués avant la levée des adventices, bien répartis sur le sol en l’absence de grosses mottes et de semences de maïs en surface.

L’efficacité des herbicides qui agissent uniquement au niveau des racines est peu ou pas dépendante de la qualité de pulvérisation. En effet, une fois appliquées, les substances actives migrent dans l’eau du sol pour atteindre les racines des plantes cibles. Ceci implique bien évidemment un traitement sur sol humide.

L’efficacité d’un herbicide de préémergence dépend de trois paramètres : la présence d’eau dans le sol, la teneur en argile et en matière organique.

L’humidité du sol est le facteur essentiel. En effet, seule la partie qui est dissoute dans la solution du sol sera efficace vis-à-vis des adventices. Il existe toutefois des différences de solubilité dans l’eau entre substances actives. À titre d’exemple, l’efficacité du diméthénamid P (1499 mg/l à 20ºc) très soluble dans l’eau sera moins affectée en conditions plus sèches que la pendiméthaline qui est nettement moins soluble (0,33 mg/l à 20ºc). Les teneurs en argile et en matière organique influencent également le contrôle des adventices. Des taux élevés bloquent les substances actives qui ne seront plus disponibles pour assurer la destruction des mauvaises herbes.

La réussite d’un traitement de préémergence est fortement tributaire de la qualité de préparation de sol et des conditions d’humidité au moment de l’application. Après cinq années qui ont offert des conditions optimales, les printemps 2017 et 2018 ont été particulièrement secs et peu favorables aux traitements avant levées.

… et les moyens disponibles

En présence de terbuthylazine, lorsque ces conditions favorables sont réunies, il est possible de composer des associations permettant d’éliminer l’ensemble des annuelles classiques. Par contre, les vivaces (liserons, rumex, chardons, chiendents…) imposent une intervention en postémergence.

Certaines substances actives (flufénacet, isoxaflutole, pendiméthaline) utilisées en préémergence ont une sélectivité de position. Elles ne peuvent entrer en contact avec la graine de maïs en germination (profondeur de semis 3 à 5 cm nécessaire).

L’application sur un sol sec avant une pluie abondante n’est donc pas sans risque surtout s’il s’agit d’un sol léger.

La présence sur le marché de l’Aspect T avec un partenaire, permet une destruction complète de toutes les adventices annuelles en un seul passage. Il faut toutefois être attentif aux contraintes liées à l’application de ce produit qui imposent dans le cadre de la protection des plantes non ciblées et des arthropodes/insectes non visés, l’utilisation de jets antidérive de 50 % pour l’Aspect T sur toute la parcelle qu’elle soit ou non le long d’une eau de surface.

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Les traitements conseillés sont présentés dans le tableau 1.

Notons que l’Aspect T peut être obtenu sous le nom de Promess ou Andes ; ces produits sont identiques.

Si antérieurement, la préémergence, sans terbuthylazine, s’avérait sans garantie de réussite, l’arrivée sur le marché de l’Adengo TCMAX l’a fait évoluer positivement.

En effet, les associations Adengo 0,25 l + Camix 1,25 l ou Adengo 0,25 l + Stomp Aqua (Most Micro) 1,5 l présentent toutes deux un spectre quasi complet, la renouée liseron étant la seule faiblesse de ces combinaisons. Attention toutefois à bien nettoyer le pulvérisateur si ces traitements maïs s’intercalent entre des pulvérisations dans des parcelles de betteraves 

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La réussite est toutefois liée à une bonne préparation du sol (terre suffisamment émiettée) et à une humidité suffisante au moment du désherbage. Les traitements conseillés sont décrits dans le tableau 2. En fonction de la combinaison choisie, différentes adventices peuvent échapper.

La «post» en présence de dicotylées annuelles (sans panics, sétaires, digitaires), avec terbuthylazine (tab. 3)

En présence de dicotylées annuelles, un traitement précoce (stade 4-5e feuille visible) avec Calaris 1 l + Dual Gold 0,7 l ou Successor 1,2 l ou Frontier Elite 0,75 l sera suffisant si les graminées classiques (vulpin, pâturin, jouet du vent…) ne sont pas tallées lors du traitement.

D’autres solutions sont également efficaces. La mésotrione (70 g de s.a.) + Gardo Gold 2 l, la sulcotrione (225 g de s.a.) ou le Laudis 1,5 l à 1,6 l associé à l’Aspect T 1,6 l à 1,5 l selon le stade des adventices apportent également une solution très efficace. L’Akris à 2 l peut également jouer le rôle de radiculaire.

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Si les graminées courantes précitées sont présentes, l’ajout de 0,4 à 0,5 l Samson extra 60 OD ou Monsoon active 0,75 l permet de les détruire. Ces antigraminées apportent un complément d’efficacité nécessaire si on se trouve en présence de mercuriales de 4 feuilles et plus et que l’on utilise la mésotrione ou la sulcotrione.

En présence d’amarantes, le Callisto ou le Laudis ont une efficacité nettement supérieure à celle du Zeus (ou Sulcogan). La sulcotrione et la tembotrione sont un peu plus « douces » lorsque les plantes ont une croissance ralentie par un temps frais.

Le Zeus s’associe facilement avec les différents partenaires. Son action est un peu plus lente que celle du Callisto et du Laudis qui eux ont l’avantage de détruire plus rapidement des adventices qui seraient un peu plus développées. Leurs efficacités finales sont très proches sur les dicotylées annuelles classiques mais le Laudis est celui qui a la plus faible rémanence sans que toutefois cela ne pose un problème si les conditions sont suffisamment humides pour permettre une bonne efficacité du partenaire radiculaire. Le Laudis à ces doses de 1,5 à 1,6 l revient toutefois un peu plus cher que les deux autres produits à base de sulcotrione et de mésotrione.

… ou sans terbutylazine

Pour les agriculteurs qui souhaitent traiter sans terbuthylazine, il faudra traiter plus tôt, de préférence au stade 3-4e feuille visible du maïs et être attentif à la flore observée sur la parcelle. La présence de vulpin, pâturin, jouet du vent, mercuriale, renouée des oiseaux, renouée liseron et matricaire repiquée imposera bien souvent l’ajout d’un produit complémentaire (tableau 5) au schéma de base (tableau 4). L’Onyx 0,5 l/ha renforce l’action de la mésotrione et de la sulcotrione (vitesse d’action et meilleure efficacité sur adventices moyennement sensibles

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Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon active 0,75 l, le maïster Power 0,75 l et le Xinca 0,25 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD (risque de phytotoxicité).

Eviter la présence de matricaires repiquées

La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (non-labour ou labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Calaris 1,25 l + Dual Gold 0,6 l, Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les maîtrisent parfaitement.

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En présence de matricaires repiquées ( tableau 6 ), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 0,25 l de Xinca ou 20 g de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto ou de Calaris. Le Xinca est toutefois à éviter dans le cadre d’associations avec Laudis OD (risques de brûlures en conditions défavorables). Le Peak (75% de prosulfuron) est également très efficace à la dose de 20 g par ha. Il peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs. Son action est toutefois beaucoup plus lente que celle des deux précédents. Le Nagano 1 l ou le Auxo 1,25 l, grâce à la présence de bromoxynil, peuvent s’avérer également très utiles dans ce contexte.

En présence de dicotylées et panics et/ou sétaires (hors digitaires)

Dans les situations où l’on rencontre une flore de dicotylées annuelles ainsi que des panics et/ou sétaires, diverses associations sont possibles (tableau 7). Elles font intervenir pour combattre ces graminées estivales, des matières actives telles que le nicosulfuron (Samson extra 60 OD), le thiencarbazone + foramsulfuron (Monsoon active), la tembotrione (Laudis).

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La mésotrione ou la sulcotrione constituent par leur spectre d’efficacité et leur rémanence la base du désherbage contre les dicotylées en postémergence. Le Laudis peut également jouer le même rôle en agissant à la fois sur les dicotylées annuelles et les graminées estivales.

La sulcotrione et la mésotrione sont notamment utiles contre les chénopodes et arroches moins bien contrôlés par tous les produits radiculaires (excepté la pendiméthaline).

En cas d’utilisation de la sulcotrione ou de la mésotrione, les panics pied-de-coq, sétaires doivent être détruits par l’action de contact d’un nicosulfuron ou du Monsoon active. Leur action est assez lente mais généralement très efficace contre ces deux graminées. Il faut surtout veiller à traiter lorsque le taux d’hygrométrie est suffisant (traiter en soirée ou tôt le matin) si on traverse une période sèche. Vu leur faible rémanence, il faudra ajouter au traitement 2 l de Gardo Gold ou Aspect T 1,6 l ou Akris 2 l. Ceux-ci renforceront l’action par contact par leur apport en terbuthylazine tout en apportant une rémanence efficace contre les graminées annuelles.

Le stade optimum de traitement pour une bonne efficacité (destruction des adventices présentes et rémanence suffisante) se situe entre le stade 4è et 5è feuille visible du maïs (postémergence précoce) lorsque le traitement inclut de la terbuthylazine. Les panics et sétaires les plus développés ont alors généralement atteint le stade 3 feuilles à début tallage.

Sans terbuthylazine, il convient de traiter un peu plus tôt sur des adventices moins développées et augmenter la dose du produit racinaire.

Le Samson Extra 60 OD et le Monsoon active seront utilisés efficacement dans les mêmes conditions mais peuvent l’être également sur des panics et sétaires un peu plus développés. Ces deux antigraminées peuvent être appliqués sur des maïs ayant atteint le stade 7e feuille visible.

Le Laudis 1,75 à 2 l + Aspect T 1,6 l peut également donner de très bons résultats contre des flores de dicotylées annuelles associées à des panics, sétaires. Son prix est comparable à celui du mélange triple.

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Les traitements conseillés sans terbuthylazine (tableau 8) peuvent être également complétés par les produits du tableau 5 en fonction des adventices difficiles présentes.

En présence de renouées des oiseaux, le Monsoon active sera préféré au nicosulfuron.

La sétaire glauque, même sensibilité aux herbicides que les sétaires verte et verticillée

La sétaire glauque se différencie des sétaires vertes et verticilliées par la présence de longs poils sur le limbe dans la zone ligulaire. De grande taille (jusqu’à 100 cm), elle présente comme l’ensemble du genre des « setaria » une couronne de poils au niveau de la ligule. Elle se rencontre sur certaines parcelles en Ouest Hainaut. Un essai mis en place en 2018 sur une parcelle fortement infestée (128 individus par m²) a permis de confirmer l’efficacité des antigraminées classiques : Samson extra 60OD 0,5 l, Monsoon active 0,75l, Laudis OD 1,75l, sur cette graminée.

Digitaires: la seule solution reste le Laudis!

Les parcelles où l’on retrouve des digitaires restent nettement moins fréquentes que celles « pourvues » de sétaires et panics, mais la première situation devient de plus en plus courante et les régions concernées plus nombreuses chaque année. Si le nord du pays est le plus concerné, on observe également la digitaire filiforme et occasionnellement la digitaire sanguine dans certaines parcelles de Wallonie. Leur levée est plus tardive que celles des autres graminées.

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Le Laudis (tembotrione + isoxadifen éthyl) + un antigraminée rémanent (Aspect T, Akris ou Gardo Gold) reste la seule solution de référence contre les flores complexes de graminées estivales avec digitaires filiformes, digitaires sanguines, sétaires verticillées, sétaires vertes et panics pied-de-coq du stade 1 feuille à début tallage par contact. La garantie d’un contrôle satisfaisant des digitaires filiformes est un traitement très précoce pas plus tard qu’au stade tout début tallage des digitaires (tableau 9).

La lutte contre les graminées estivales exige une humidité suffisante et une intervention à des stades très précoces, sans quoi la situation peut rapidement devenir problématique.
La lutte contre les graminées estivales exige une humidité suffisante et une intervention à des stades très précoces, sans quoi la situation peut rapidement devenir problématique. - M. de N.

Panics dichotomes et panic schinzii: quel traitement appliquer?

Ces graminées essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine, se retrouvent depuis quelques années également dans le Pays de Herve et le Brabant wallon.

Le traitement Laudis 2 l à 2,25 l + Aspect T 2 l ou Akris 2 l a confirmé son excellente efficacité contre celles-ci. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l.

Sur la base des essais 2016 et 2017, l’Adengo 0,33 l en préémergence et le Laudis 2 l + Frontier Elite 1 l (+ Samson extra 60 OD 0,5 l) au stade (1 à 3 feuilles des graminées) ont également assuré un contrôle total des panics schinzii.

Enfin, il ressort que le succès d’un traitement postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par un traitement réalisé en conditions d’humidité satisfaisante et à des stades très précoces des adventices (au maximum, deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm). Au-delà de ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.

S-métolachlore

Faisant suite à la problématique de la présence du métabolite du ‘S-metolachlore’ dans les eaux souterraines, la firme Syngenta a pris l’initiative de déconseiller l’utilisation du Dual Gold, Camix et Gardo Gold sur des parcelles avec plus de 80% de sable.

La pénétration des herbicides dans les organes végétaux dépend principalement de paramètres en lien avec la plante et plus particulièrement à la barrière cuticulaire, mais aussi avec l’herbicide et les propriétés physicochimiques de la matière active, les additifs et la répartition des dépôts à la surface du végétal, et enfin, avec les conditions climatiques au moment du traitement.
La pénétration des herbicides dans les organes végétaux dépend principalement de paramètres en lien avec la plante et plus particulièrement à la barrière cuticulaire, mais aussi avec l’herbicide et les propriétés physicochimiques de la matière active, les additifs et la répartition des dépôts à la surface du végétal, et enfin, avec les conditions climatiques au moment du traitement. - M. de N.

Pour les interventions en postémergence: choisir le bon moment est primordial pour assurer l’efficacité

Les substances actives à action foliaire sont principalement appliquées après la levée des adventices. Suivant leur propension à se déplacer ou non dans la plante, elles sont réparties en deux catégories.

La première regroupe les substances actives systémiques  : elles sont absorbées au niveau des feuilles et qui sont transportées par la sève vers les sites d’action.

La seconde concerne les matières actives de contact  : elles ne se déplacent que très peu dans la plante puisqu’elles agissent là où elles atteignent la plante.

Pénétration dans la feuille

Dans les deux cas, la première étape est la pénétration dans la feuille. Comment cela se passe-t-il ? Pour y répondre, il convient de rappeler quelques notions élémentaires de botanique. La surface des parties aériennes des plantes est recouverte d’une couche protectrice lipidique (hydrophobe) extracellulaire : la cuticule , à laquelle peuvent s’ajouter des stomates et des poils. D’épaisseur variable entre 0,5 et 15 µm, le développement de la cuticule est favorisé si les plantes croissent sur un sol sec, si l’humidité relative est faible et si la plante est en état de déficit hydrique. Cette couche est constituée d’un polymère, la cutine et de cires. Celles-ci permettent de limiter les pertes d’eau par transpiration et sont donc une forme de défense à la dessiccation.

Rétention de la bouille de pulvérisation

Cette première étape dans l’action d’un herbicide appliqué sur le feuillage consiste en l’interaction entre cette bouille et la surface des végétaux. Elle dépend de facteurs relatifs à la pulvérisation (diamètre, vitesse et composition des gouttes) et de paramètres liés à la plante (mouillabilité de la surface, morphologie des feuilles, présence de poils).

Le stade de développement ou le stade de l’organe est un paramètre qui affecte également la rétention.

Lorsqu’une feuille émerge du bourgeon, sa surface foliaire est pratiquement dépourvue de cires épicuticulaires. La cutine nue d’un organe jeune est très mouillable. Par la suite, la feuille grandit, les cellules épidermiques synthétisent des cires qui contribuent à diminuer la mouillabilité. En conséquence, traiter sur une plante jeune (2- 3 feuilles) revient à appliquer la bouille sur des surfaces très mouillables.

Pénétration à travers la cuticule

La seconde étape est la pénétration des matières actives à travers la cuticule. Contrairement aux idées reçues, les stomates ne constituent pas la principale voie d’entrée. La cuticule constitue la principale voie de pénétration foliaire ; la perméabilité de celle-ci est très variable selon les espèces. Par exemple le 2,4 D pénètre mieux dans les feuilles de maïs que dans celles de la betterave.

Pénétration dans les organes végétaux

La pénétration des herbicides dans les organes végétaux dépend principalement de trois ensembles de facteurs :

– le premier est lié à la plante et plus particulièrement à la barrière cuticulaire. Dans ce cas, outre la perméabilité de la cuticule, la présence de cires constitue une barrière difficile à franchir. Au cours du développement d’une feuille, la production de cires s’accompagne généralement d’une diminution de la perméabilité aux herbicides. C’est pourquoi les jeunes plantules avec des feuilles en croissance et revêtues d’une cuticule relativement perméable, sont souvent plus sensibles aux herbicides de postémergence que les plantes âgées dont la plupart des feuilles ont terminé leur développement ;

– le second est lié à l’herbicide et fait intervenir les propriétés physicochimiques de la matière active, les additifs et la répartition des dépôts à la surface du végétal ;

– le troisième comprend les conditions climatiques au moment du traitement. L’absorption foliaire des herbicides est plus élevée lorsque l’air est humide. En permettant le maintien d’une certaine hydratation du dépôt de l’herbicide mais aussi de la cuticule, les humidités relatives élevées assurent les meilleures conditions de pénétration et de diffusion dans la plante. Sous ces conditions, le dessèchement des gouttes pulvérisées est également limité.

Le long des cours d’eau, l’utilisation de la terbuthylazine impose l’implantation d’une bande enherbée

Depuis la publication du communiqué de presse du SPF du 30 octobre 2015, tout agriculteur qui souhaite appliquer un herbicide à base terbuthylazine sur une parcelle qui longe une eau de surface se voit contraint d’implanter une zone tampon végétative de 20 m le long de celle-ci.

Dans ce cas, sont considérées comme eaux de surface, toutes les eaux stagnantes et les eaux courantes à la surface du sol. Il s'agit donc des cours d'eau classés ou non classés (fleuves, rivières, ruisseaux, ...), des lacs, des étangs, des mares, mais également des masses d'eau « artificielles » telles que les canaux et les collecteurs (égouts, réseaux de drainage, fossé humide, ...). Les wateringues, les fossés de drainage artificiels et les fossés de bords de route lorsqu’ils sont humides lors de l’application sont bien repris comme eau de surface et sont donc également soumis à l’implantation de cette zone tampon végétative.

Les produits concernés sont les suivants : Akris, Andes, Aspect T, Calaris, Callistar, Gardo Gold, Gardoprim, Primagram Gold et Promess.

Bien qu’agréée uniquement en association, la terbuthylazine présente divers avantages. Elle renforce l’efficacité des produits de contact et accélère la vitesse d’action des partenaires. Elle est efficace contre des adventices généralement moins sensibles aux produits de base d’un traitement maïs (Callisto, Zeus, Laudis): le pâturin, l’anthémis, l’érodium, la matricaire, la mercuriale, la pensée, la renouée des oiseaux, la renouée liseron en sont des exemples.

Bien que plus difficilement complet, le désherbage sans terbuthylazine est toutefois possible moyennant certaines adaptations. Dans ce contexte, il est indispensable d’intervenir sur des adventices très jeunes et d’adapter les associations et les doses en fonction de la flore présente.

Peu de bandes enherbées ont été implantées depuis la mise en place de cette mesure. La plupart des agriculteurs soumis à cette contrainte ont préféré opter pour des traitements sans terbuthylazine.

Les conditions météorologiques idéales pour une bonne absorption des herbicides par les plantes cibles se présentent généralement plutôt le matin.
Les conditions météorologiques idéales pour une bonne absorption des herbicides par les plantes cibles se présentent généralement plutôt le matin. - M. de N.

Pour traiter le plus efficacement possible, réunir les bonnes conditions!

Généralement, les conditions climatiques favorables aux traitements herbicides se rencontrent plutôt le matin : l’hygrométrie dépasse les 60% depuis plusieurs heures et la cuticule des plantes est perméable pour absorber les matières actives. Si l’humidité remonte rapidement le soir, il est possible de traiter dès qu’elle aura atteint ce seuil. Si les températures ont été élevées durant la journée, la cuticule risque de ne pas être assez hydratée et l’absorption d’être réduite.

De toute manière, évitez de traiter pendant les heures chaudes, l’hygrométrie est trop basse et la cuticule peu réceptive ; dans ces conditions, la vitesse de dessiccation des gouttes de pulvérisation est trop importante et moins de produit atteindra la cible.

Il est préférable d’intervenir sur des adventices jeunes, plus perméables aux herbicides.

D’après l’arrêté du gouvernement wallon du 14 juin 2018, l’application des produits phytosanitaires ne peut débuter si le vent a une vitesse supérieure ou égale à 20 km/h. En effet, un vent soutenu provoque une dérive et un assèchement des gouttelettes de pulvérisation et peut également dessécher le feuillage. Selon l’institut français Arvalis, à une vitesse d’avancement de 7 km/h, les gouttes de taille inférieure à 130 microns n’arriveront pas sur la cible et 17 km/h, celles de moins de 200 microns.

(À suivre)

Guy Foucart, Fabien Renard,

Jean-Pol Mazy et Michaël Mary,

Centre pilote maïs, Cipf, Ucl, Louvain-la-Neuve

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