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En avril dernier avec la Haute Ecole Condorcet, une vingtaine d’étudiants ont approché quelques-unes des réalités de la Chine rurale et urbaine

Sous la conduite des professeurs François Serneels et Matthias Gosselin, et de responsables chinois des Services agricoles et de l’Education, des étudiants de la Haute Ecole Condorcet à Ath se sont rendus au cœur de la Chine – municipalité autonome de Chongqing et province de Hubei – dans le cadre d’un voyage d’études et d’échanges. La rédaction du Sillon Belge faisait partie du voyage.

Temps de lecture : 9 min

P our ces étudiants en agronomie des régions chaudes, agro-industries et environnement, ce voyage fut une extraordinaire ouverture sur le cœur battant de ce géant asiatique, 2e puissance économique mondiale derrière les États-Unis. Fruit d’une collaboration fructueuse, soutenue et nourrie de contacts constants et précieux depuis 1999, il les a emmenés à la découverte d’une agriculture subtropicale diversifiée – riz, soja, thé, pommes de terre, agrumes, légumes, plantes médicinales… –, et leur a donné l’opportunité d’approcher en direct des techniques de transformation traditionnelles : distillerie, fabrication de jus de fruits, tofu, nouilles, condiments. Cette visite dans le plus grand pays d’Asie comportait également un volet lié à la recherche et développement par le biais de visites d’Institutions et de laboratoires, de même que des visites aux champs.

Jeune fille de l’ethnie minoritaire Tujia, portant une coiffe traditionnelle. Dans l’extrême-ouest de la province du Hubei.
Jeune fille de l’ethnie minoritaire Tujia, portant une coiffe traditionnelle. Dans l’extrême-ouest de la province du Hubei. - M. de N.

«  La Chine est une destination idéale pour appréhender les défis liés à un développement économique, industriel et urbain spectaculaire, mais aussi les contrastes avec un sous-développement rural objet d’une intense volonté de modernisation », souligne François Serneels, expert passionné de cette République aux dimensions XXL.

Mais outre ce volet technico-économique, l’aspect humain, culturel et social contribue également à l’originalité de cette immersion qui permet à ces futur(e)s diplômé(e)s de faire connaissance avec les richesses culturelles, artisanales et culinaires locales, mais aussi d’aller à la rencontre d’agronomes, agriculteurs et étudiants chinois dans un esprit d’ouverture solidaire.

Encore largement méconnue hors des frontières de la Chine, la municipalité autonome de Chongqing constitue le véritable poumon économique de l’ouest du pays, qui a longtemps souffert de l’enclavement dû à au relief montagneux de la région.
Encore largement méconnue hors des frontières de la Chine, la municipalité autonome de Chongqing constitue le véritable poumon économique de l’ouest du pays, qui a longtemps souffert de l’enclavement dû à au relief montagneux de la région.

Trois étapes pour autant de facettes

À l’invitation de l’Académie des Sciences agronomiques de la préfecture d’Enshi, le groupe a commencé son périple par une étape de quelques jours dans une zone rurale très pauvre de la province du Hubei, à la frontière avec la municipalité autonome de Chongqing (voir la carte). Les étudiants ont ensuite découvert quelques aspects d’une grande ville industrielle et sa campagne dans le district de Fuling, avant de rejoindre pour quelques jours le district universitaire assez moderne de Beibei et la métropole de Chongqing.

Les enseignes des restaurants l’affichent avec gourmandise: c'est en Chine que l'on consomme la moitié de toute la production de viande porcine dans le monde.
Les enseignes des restaurants l’affichent avec gourmandise: c'est en Chine que l'on consomme la moitié de toute la production de viande porcine dans le monde. - M. de N.

Pour les étudiants, cette immersion fut également l’occasion de découvrir, baguettes à la main, des saveurs et des mets d’une extrême diversité.
Pour les étudiants, cette immersion fut également l’occasion de découvrir, baguettes à la main, des saveurs et des mets d’une extrême diversité. - M. de N.

Comme ces barres d’immeubles qui peuvent s’aligner par dizaines, côte à côte, une des premières images qui frappent d’emblée le visiteur en Chine, c’est le gigantisme et l’activité effrenée des chantiers de construction: bâtiments, infrastructures routières et ferroviaires... Le contraste avec les zones rurales de montagne les plus enclavées et les moins densément peuplées est forcément saisissant.
Comme ces barres d’immeubles qui peuvent s’aligner par dizaines, côte à côte, une des premières images qui frappent d’emblée le visiteur en Chine, c’est le gigantisme et l’activité effrenée des chantiers de construction: bâtiments, infrastructures routières et ferroviaires... Le contraste avec les zones rurales de montagne les plus enclavées et les moins densément peuplées est forcément saisissant. - M. de N.

Au détour de leurs visites sur le terrain, les étudiants de la Haute Ecole Condorcet ont découvert les réalités d’une agriculture de montagne savamment «jardinée» mais difficilement mécanisable en raison du relief et de la difficulté d’accès aux terres.
Au détour de leurs visites sur le terrain, les étudiants de la Haute Ecole Condorcet ont découvert les réalités d’une agriculture de montagne savamment «jardinée» mais difficilement mécanisable en raison du relief et de la difficulté d’accès aux terres. - M. de N.

Ci-après, nous relatons quelques aspects de cette immersion épinglés au gré de ces trois grandes étapes.

Thé, pommes de terre et sélénium dans la province agricole du Hubei

Hubei est une des grandes provinces agricoles du géant d’Asie, connue comme celle « du riz et du poisson » dans sa partie centrale et orientale. Elle fait partie des régions très pauvres : le revenu moyen y est de l’ordre de 3 € par jour et par personne en zone rurale, contre 5 € pour la moyenne rurale en Chine et plus du triple pour la Chine urbaine, relève François Serneels.

La coopérative de fruits et légumes du village de Nongyuan compte des dizaines de ruches, que les étudiants purent approcher facilement pour une dégustation de miel fraîchement délogé des cadres.
La coopérative de fruits et légumes du village de Nongyuan compte des dizaines de ruches, que les étudiants purent approcher facilement pour une dégustation de miel fraîchement délogé des cadres. - M. de N.

Les étudiants de la haute Ecole Condorcet y découvrent un relief montagneux – les Monts Wuling – ponctué de petites plantations de thé en terrasses et de parcelles de pommes de terre baignées dans un climat subtropical humide influencé par la mousson. Le thé est une véritable institution. La Ruibom Tea Factory transforme 8 tonnes de feuilles brutes/jour en quelque 1.500 kg de thé sec de type Enshi Yulu, parmi les plus renommés du pays. Elle traite le thé récolté sur ses plantations par plus de mille cueilleuses. Sept étapes se succèdent : étuvage à 150ºC, malaxage, déshydratation à 100-120ºC, redressage, dépoussiérage, calibrage et triage.

Préparation d’une pépinière de maïs doux par un couple de paysans très âgés, dans le village de Nongyuan. Du grand art qui force l’admiration dans une région qui fait aujourd’hui l’objet d’une politique de lutte contre la pauvreté en zones rurales.
Préparation d’une pépinière de maïs doux par un couple de paysans très âgés, dans le village de Nongyuan. Du grand art qui force l’admiration dans une région qui fait aujourd’hui l’objet d’une politique de lutte contre la pauvreté en zones rurales. - M. de N.

Le colza est également bien présent dans certains villages révélant un paysage dominé par la floraison jaune éblouissante couvrant la plupart des terrasses. Autre particularité : la présence de nombreuses ruches, jusque sur les balcons ou dans les cours des maisons.

Dans le village de Nongyuan, visite des serres consacrées à la production de fruits du dragon au siège d’une coopérative fruitière et légumière, sous la conduite et les commentaires de sa directrice Mme Xiang (à droite) relayés par le professeur François Serneels (au centre).
Dans le village de Nongyuan, visite des serres consacrées à la production de fruits du dragon au siège d’une coopérative fruitière et légumière, sous la conduite et les commentaires de sa directrice Mme Xiang (à droite) relayés par le professeur François Serneels (au centre). - M. de N.

Revenons un instant à la pomme de terre, qui dans le cadre de son élévation de statut institutionnel, de « légume » à celui de 4e culture alimentaire de base – après le riz, le blé et le maïs –, fait l’objet de toutes les attentions d’une entreprise établie dans la ville d’Enshi. La Yamai Foodstuff Ltd s’emploie en effet à incorporer de l’amidon de pomme de terre dans une large gamme de produits alimentaires : biscuits, pains, pâtisseries…

Culture de pommes de terre sous pêchers dans le superbe village de Tujiazhai, où les habitants connaissent une nouvelle prospérité grâce à l’arboriculture fruitière et l’exploitation touristique du site connu pour ses arbousiers d’un âge vénérable.
Culture de pommes de terre sous pêchers dans le superbe village de Tujiazhai, où les habitants connaissent une nouvelle prospérité grâce à l’arboriculture fruitière et l’exploitation touristique du site connu pour ses arbousiers d’un âge vénérable. - M. de N.

A Tajiazhai, il y a aussi un Tabao Shop !

Au programme des visites, le 7 avril, le village de Tujiazhai, dans le comté rural de Laifeng, est exemplaire à plus d’un titre : un paysage magnifique, des vergers de pêchers cultivés par 200 familles et exploités via une coopérative – le projet relève de la politique de lutte contre la pauvreté dans ce comté très pauvre (poverty alleviation), et un « Taobao shop ».

M. Lu et sa fille de deux ans, à Tuyiazhai: «Le Taobao shop contribue très utilement au développement de la coopérative fruitière qui donne du travail à de très nombreuses familles du village». Véritable institution new-tech en Chine pour de l’e-commerce et e-martketing dans les villages, ce bureau de contact contribue largement au désenclavement des régions éloignées des grands centres, par sa formule simple et efficace de commerce et microcrédit pour petites entreprises.
M. Lu et sa fille de deux ans, à Tuyiazhai: «Le Taobao shop contribue très utilement au développement de la coopérative fruitière qui donne du travail à de très nombreuses familles du village». Véritable institution new-tech en Chine pour de l’e-commerce et e-martketing dans les villages, ce bureau de contact contribue largement au désenclavement des régions éloignées des grands centres, par sa formule simple et efficace de commerce et microcrédit pour petites entreprises. - M. de N.

Décryptage par François Seerneels : quelques entreprises de techno-logistiques (dont Alibaba, via via sa filiale Ant Financial) sont chargées d’établir dans chaque village un bureau de contact, le Taobao Shop, animé par au moins un jeune diplômé formé spécifiquement à cette mission. Celle-ci lui assure un emploi qualifié et rémunérateur dans la zone rurale dont il est généralement originaire et renforce par la même occasion le développement général du village. Ce jeune est chargé d’assurer les contacts pour le commerce on-line entre les villageois et l’extérieur, dans les deux sens : e-marketing et vente par les villageois de produits agricoles ou artisanaux, et achats par les villageois de tous produits venant de l’extérieur.

Dans un premier temps cela assure des débouchés nouveaux aux produits du village et l’approvisionnement en produits de qualité ou à meilleur prix. Mieux encore : ce système se double de la construction d’un « indice de confiance » pour chaque participant : plus il effectue des opérations de façon honnête et transparente, plus il accumule des « points de respectabilité » ; à partir d’un certain niveau, ces points lui donnent droit à un micro-crédit sans condition de garantie. Ce crédit peut être obtenu quasi instantanément et remboursé à tout moment, ce qui permet aux villageois entreprenants et courageux de saisir immédiatement toutes les opportunités de micro-entreprise pouvant leur rapporter rapidement un revenu : engraisser un lot de volaille en achetant des poussins et des aliments, acheter un outil, etc., ce qui serait impossible via le système bancaire classique auxquels les petits paysans ont déjà difficilement accès.

Recherche et développement

Épinglons encore la visite à l’Académie des Sciences agronomiques de Enshi dont les principales activités portent sur la pomme de terre, le thé et les produits alimentaires riches en sélénium (les sols de la région sont particulièrement riches en cet élément).

A l’Académie des sciences agronomiques de Enshi, cette serre abrite la multiplication accélérée par bouturage de fragments de tiges de théier en plaques alvéolées posées sur des supports rotatifs.
A l’Académie des sciences agronomiques de Enshi, cette serre abrite la multiplication accélérée par bouturage de fragments de tiges de théier en plaques alvéolées posées sur des supports rotatifs. - M. de N.

Les étudiants ont découvert dans les serres de cette institution hautement renommée de nombreuses techniques de production en hydroponie, en aéroponie ou sur substrat dans des supports variés permettant une organisation en « jardins verticaux ». Ils ont également pu visiter des bâtiments consacrés à la multiplication in vitro de pommes de terre, gingembre et d’autres cultures.

Visite des serres de l’Académie des sciences agronomiques de Enshi, où sont testées et développées de nombreuses techniques de production en hydroponie, aéroponie ou encore sur substrat. De gauche à droite, les agronomes spécialistes de la pomme de terre, Mme Wang Zhen, et M. Che Xingbi (Station de protection des plantes - Chongqing), le maître d’œuvre «local» de ce voyage d’études et d’échanges.
Visite des serres de l’Académie des sciences agronomiques de Enshi, où sont testées et développées de nombreuses techniques de production en hydroponie, aéroponie ou encore sur substrat. De gauche à droite, les agronomes spécialistes de la pomme de terre, Mme Wang Zhen, et M. Che Xingbi (Station de protection des plantes - Chongqing), le maître d’œuvre «local» de ce voyage d’études et d’échanges. - M. de N.

La « New rural construction » du côté de Fuling

Deuxième grande étape : la ville de Fuling, capitale d’un district industriel situé au bord du célèbre fleuve Yangzi, et la campagne environnante. L’agglomération urbaine y connaît une expansion effrénée. Au début des années 2000, lors de la mise en eau du barrage des Trois Gorges, la ville originale, située au bord du Yangzi a été en grande partie démontée, et ce qui ne l’était pas a été rasé puis englouti sous les eaux du réservoir. Le niveau de l’eau est monté de 175 mètres et une nouvelle ville a été érigée sur les flancs de la vallée.

A Fuling, comme dans la plupart des villes, les chantiers pour de nouvelles infrastructures routières et barres d’immeubles font partie du quotidien.
A Fuling, comme dans la plupart des villes, les chantiers pour de nouvelles infrastructures routières et barres d’immeubles font partie du quotidien. - M. de N.

Juché à une trentaine de km de Fuling, dans une région célèbre pour ses plantations de litchis depuis le Moyen-Âge, le village de Muhe s’est modernisé et s’érige en témoin de la nouvelle politique agricole chinoise, la « New rural construction ». Le secrétaire local du parti Liu Jiaqi en dresse les contours sous 4 grands axes : la rénovation des maisons, la construction de nouvelles infrastructures (routes, égouts, eau courante), l’amélioration de la gestion environnementale (récolte des déchets, panneaux thermiques et photovoltaïques) et la mise en œuvre de nouvelles pratiques agricoles visant à combiner agriculture et tourisme (plantation d’espaces verts…).

Une mandarine de calibre XXL, à l’image du pays.
Une mandarine de calibre XXL, à l’image du pays. - M. de N.

Dans ce village récemment cité en exemple par le président de la République Xi Jinping, le revenu moyen par personne est passé de 1.700 euros à 2.300 euros, grâce au remplacement « encouragé » d’une grande partie des cultures vivrières traditionnelles (riz, colza, pomme de terre, patate douce) par des vergers de longanes – fruits assez proches des litchis –, néfliers du Japon, litchis et surtout oranges navels, dont la production est destinée à la vente sur les marchés. Certaines variétés d’orange navel donnent des fruits pouvant être conservés très longtemps sur l’arbre, ce qui permet d’alimenter le marché en fruits frais pendant plusieurs mois et limite les coûts de stockage en frigos.

Le remplacement d’une partie des cultures vivrières traditionnelles par des vergers de pêchers et agrumes notamment fait partie d’une nouvelle politique voulue par les autorités chinoises visant à moderniser les villages, améliorer le niveau de vie des agriculteurs et développer l’attraction touristique de superbes régions montagneuses en voie de désenclavement.
Le remplacement d’une partie des cultures vivrières traditionnelles par des vergers de pêchers et agrumes notamment fait partie d’une nouvelle politique voulue par les autorités chinoises visant à moderniser les villages, améliorer le niveau de vie des agriculteurs et développer l’attraction touristique de superbes régions montagneuses en voie de désenclavement. - M. de N.

Jusqu’il y a tout récemment, la politique de répartition des cultures dans les villages était de tendre vers un rapport de 60 % de la SAU en cultures alimentaires et 40 % en cultures de rente (vergers notamment), de manière à assurer la sécurité alimentaire de la population. Aujourd’hui, la nouvelle politique vise à inverser ce rapport, avec un nouvel objectif : assurer un revenu suffisant pour les agriculteurs !

Creusement d’un étang pour la production de lotus dans le village de Jiaoyan, où les rizières traditionelles sont remplacées aux prodit de cultures de rente.
Creusement d’un étang pour la production de lotus dans le village de Jiaoyan, où les rizières traditionelles sont remplacées aux prodit de cultures de rente. - M. de N.

Chongqing, une mégapole presque inconnue hors frontières, et pourtant !

Située au centre géographique de la Chine, sur le cours du fleuve Yangzi juste en amont du controversé barrage des Trois Gorges, la mégapole industrielle de Chongqing (plus de 8 millions d’habitants urbains) constitue véritablement le pôle principal de développement économique de la région qualifiée d’« Ouest de la Chine », englobant une série de provinces démographiquement importantes mais peu développées par rapport à celles de la côte orientale.

C’est dans cette immense agglomération et dans le district universitaire assez moderne de Beibei que les étudiants ont terminé leur immersion contrastée, riche en rencontres, surprises et émotions.

A maintes occasions, les étudiants belges et leurs condisciples chinois se sont rencontrés pour des échanges très conviviaux, comme ce fut notammet le cas dans les salles de classes de l’école supérieure secondaire «Chaoyang Middle School» accueillant plus de 5.000 élèves de 12 à 18 ans, à Beibei, ville universitaire assez moderne.
A maintes occasions, les étudiants belges et leurs condisciples chinois se sont rencontrés pour des échanges très conviviaux, comme ce fut notammet le cas dans les salles de classes de l’école supérieure secondaire «Chaoyang Middle School» accueillant plus de 5.000 élèves de 12 à 18 ans, à Beibei, ville universitaire assez moderne. - M. de N.

Chongqing demeure la province de Chine qui présente la plus forte croissance grâce notamment à des choix industriels judicieux dans les secteurs de l’électronique, l’automobile, et l’électro-mécanique.

« L’agriculture concerne encore la moitié de la population de cette municipalité de plus de 80.000 km2 et fait l’objet d’une attention soutenue également pour des raisons de sécurité alimentaire nationale malgré la diminution relative de son poids économique. Le revenu des agriculteurs, qui exploitent en moyenne 0,5 ha par famille, est de l’ordre du tiers de celui des urbains, ce qui engendre un exode rural massif des jeunes et adultes en âge de travailler. Ce phénomène est encouragé par les autorités afin d’augmenter les surfaces agricoles disponibles par location (12 ans) pour les agriculteurs qui restent en activité et que les autorités souhaitent voir se professionnaliser et se moderniser (mécanisation) sur des surfaces de l’ordre de 5 à 10 ha afin d’arriver à un revenu raisonnablement équivalent à celui des urbains », poursuit le professeur Serneels.

Le développement des infrastructures routières et ferroviaires constitue un élément clé de l’activité actuelle, avec la construction de milliers de ponts et tunnels en raison du relief montagneux.

Vue de Chongqing city «by night», au confluent du Yangzi et de la Jialing. Une frénésie de gratte-ciels rivalisant de hauteur et d’illuminations grandioses, symbole d’une mégapole XXL dont le cœur bat 24 h sur 24 dans une course folle.
Vue de Chongqing city «by night», au confluent du Yangzi et de la Jialing. Une frénésie de gratte-ciels rivalisant de hauteur et d’illuminations grandioses, symbole d’une mégapole XXL dont le cœur bat 24 h sur 24 dans une course folle. - M. de N.

La croissance immobilière s’y poursuit également de façon spectaculaire. En 2015, la population urbaine atteignait déjà la proportion de 50 % et le programme d’urbanisation prévoyait d’arriver à 60 voire 70 % de citadins d’ici 2020. Chongqing-ville concentre une partie importante de la population avec 13 millions de personnes habitant l’intérieur du grand ring de 160 km qui ceinture la ville.

Enfin, Chongqing est aussi un pôle éducatif et notamment universitaire de première importance qui dessert tout l’Ouest de la Chine. Dans le domaine agronomique, le district de Beibei, juste au nord de ladite agglomération héberge la prestigieuse South West China Agricultural University, une des principales institutions académiques dans ce domaine en Chine..

Marc de Neuville,

avec François Serneels

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