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La RN25 sera réservée au trafic automobile à partir du 1er janvier 2020

Le ministre wallon de la sécurité routière Carlo Di Antonio confirme jeudi, dans un communiqué, avoir décidé de rétablir le statut « route pour automobiles » de l’ensemble de la nationale 25. Les véhicules lents, dont les convois agricoles, ne pourront donc plus l’emprunter. Cette mesure entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2020. La RN25 pourra toujours être empruntée par des convois exceptionnels moyennant une autorisation spécifique. Des mesures d’accompagnements sont également prévues, précise le ministre.

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Ces mesures d’accompagnement sont le renforcement et la réhabilitation de la N237 à Court-Saint-Etienne, et le réaménagement partiel du stationnement à la rue de Ways, à Genappe. Par ailleurs, un radar tronçon sera installé sur la RN25 à hauteur de Bousval afin de sécuriser le tronçon de la nationale situé entre Court-Saint-Etienne et Ways. Ce dispositif sera également mis en service à partir du 1er janvier 2020. L’annonce de l’intention du ministre Di Antonio d’interdire la RN25 aux convois agricoles avait provoqué il y a deux ans une levée de boucliers du monde agricole en Brabant wallon, ainsi que des bourgmestres des communes traversées par cet axe important. « Le volume de trafic très élevé, la présence de véhicules lents et le problème de différentiel de vitesse entre ces véhicules lents et les automobilistes concourent à faire de la RN25 la route la plus accidentogène dans le cadre de la cohabitation entre tracteurs agricoles et voitures : on y constate en effet quatre fois plus d’accidents que sur d’autres routes similaires », répond le ministre. Celui-ci précise aussi que d’autres options ont été envisagées comme l’utilisation des bandes d’urgence et l’abaissement de la vitesse autorisée à 90 km/h, mais cela ne répondait pas aux problèmes de sécurité routière rencontrés.

« Lamentable et ridicule », pour le bourgmestre de Genappe

Le bourgmestre de Genappe, Gérard Couronné, qui n’a pas été prévenu de la décision du ministre, a réagi vivement à l’annonce. Genappe est la commune sur laquelle se trouve le plus long tronçon de la nationale et le charroi agricole sera dévié vers les routes secondaires, provoquant là aussi des soucis de sécurité. Pour le bourgmestre, cette décision du ministre sortant est un passage en force qui ne tient pas compte ni du monde agricole, ni de l’avis des localités directement concernées.

« Je trouve cela un peu lamentable et ridicule. L’intention affichée par le ministre il y a plusieurs mois avait provoqué de vives réactions du monde agricole et deux réunions de la Commission provinciale de sécurité routière ont été organisées sur le sujet. Les avis y étaient partagés. Pour moi, les convois agricoles doivent rester sur la RN25. Il y avait des alternatives comme la diminution de la vitesse à 90 km/h et une meilleure signalisation. Avant de quitter son poste, le ministre prend une décision qui va dans le sens contraire : c’est dommage et maladroit. » Au sujet des mesures d’accompagnement dont le réaménagement partiel du stationnement de la rue de Ways à Genappe : « Il faut être un peu sérieux : la rue de Ways est un point noir pour le passage des convois agricoles mais il y en a d’autres comme le centre de Genappe, ou encore la traversée de Bousval où se trouvent deux écoles. Il ne faut pas oublier que les bourgmestres sont responsables de la sécurité sur leur territoire », répond Gérard Couronné. De son côté, le bourgmestre de Nivelles, Pierre Huart, rappelle que l’interdiction du charroi agricole sur la RN25 n’est pas conforme aux engagements pris lors de la réalisation du dernier tronçon de la quatre bandes sur le territoire de Nivelles. Il dit également ne pas comprendre la précipitation du ministre Di Antonio alors qu’un nouveau gouvernement wallon doit être mis en place.

La FWA envisage des actions

La Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) a également appris la nouvelle par voie de presse et réagit. Elle se dit consciente du danger que peut représenter la présence de véhicules lents sur ce type de nationale et rappelle qu’elle s’est attelée, avec les bourgmestres, les entrepreneurs et les représentants de la province du Brabant Wallon, à formuler des propositions concrètes pour permettre la meilleure cohabitation possible entre les différents véhicules. Avant de frapper la voirie d’interdiction, tous avaient aussi réclamé qu’une étude de faisabilité objective soit menée quant aux meilleures alternatives offertes aux agriculteurs tout en garantissant la sécurité des automobilistes.

La FWA regrette que le ministre « en affaires courantes » soit passé outre la concertation et qu’il ait fi des propositions amenées par les différents acteurs de terrain. Elle analyse dès à présent toutes les actions possibles pour défendre au mieux les intérêts des agriculteurs en ce compris de mettre à néant l’arrêté. Dès la fin des moissons, elle envisagera une action de terrain pour sensibiliser l’ensemble des usagers de la RN25 aux conséquences que cette interdiction aurait sur l’exercice du métier d’agriculteur.

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