Colza d’hiver: une saison 2018-2019 sous de nombreux stress
Des semis, une floraison et une récolte échelonnée, de nombreux insectes causant des dégâts importants, la sécheresse et des températures élevées voire caniculaires. Et au final, des rendements très hétérogènes et des prix qui peinent à décoller. Coup d’œil sur une saison culturale inédite !
Après une moisson 2018 et ses records de précocité liés à l’extrême sécheresse et à la chaleur subies tout au long de la première moitié de l’année, les semis de colza qui ont suivi ont été très échelonnés dans l’attente de pluies finalement éparses et très locales. La sécheresse persistante a également pénalisé la germination des repousses de céréales. Les semis d’août 2018 qui ont eu la chance de bénéficier rapidement de pluies ont démarré tout aussi vite et leur levée a été homogène. Par contre, les semis plus tardifs ont eu moins de chance, faute de pluies et d’humidité du sol ; l’hétérogénéité de ces parcelles a été visible longtemps.
Chez nos voisins, en France et en Allemagne, cette sécheresse exceptionnelle a fortement pesé sur les surfaces emblavées et entraîné une levée irrégulière des plantes. Dans notre pays aussi, les surfaces ont régressé. En cause : les rendements décevants de la récolte 2018, les prix relativement faibles malgré la chute de la production européenne… et des difficultés d’implantation.
Rappelons que la période de semis de colza se résume à quelques semaines – la période idéale dans nos régions s’étend du 20 août au 5-10 septembre – car les plantes doivent être suffisamment développées avant l’arrivée de l’hiver pour garantir leur résistance au froid.
Des insectes très présents dès l’automne…
L’arrivée des altises a été observée en septembre sur de très jeunes plantes, nécessitant un voire deux traitements insecticides en végétation. Les perforations des cotylédons et des jeunes feuilles causées par les altises adultes affaiblissaient déjà le colza, d’autant plus que la sécheresse ralentissait le développement des plantes et que ces insectes aiment les conditions sèches.
Début octobre, on a vu l’apparition du charançon du bourgeon terminal et de quelques pucerons. Ceux-ci peuvent transmettre des viroses notamment celui de la jaunisse du navet. De nouvelles variétés dites « TuYV » (Turnip Yellow Virus) arrivent sur le marché avec une résistance vis-à-vis de ce virus.
Par la suite, début novembre, des larves d’altises ont été repérées dans les pétioles des feuilles. Elles y sont restées logées jusqu’au printemps. À la récolte, il était possible de voir sur les tiges des petits trous correspondant aux points d’entrée des larves d’altises à la base des feuilles.
La chaleur toujours présente et le retour de pluies et même de neige fin octobre, ont permis aux cultures d’atteindre un développement suffisant, voire très développé à l’entrée de l’hiver.
Cette saison relativement douce et moyennement humide a épargné les plantes de tout dégât de gel.
… et en sortie d’hiver
La grande surprise a été l’observation à partir de mi-février de l’arrivée des premiers méligèthes et charançons
Retour des méligèthes
Floraison à rallonge
La floraison a été échelonnée. Elle a démarré lentement mi-avril et a connu des journées chaudes favorables à la pollinisation par les abeilles et surtout des journées très froides, voire neigeuses début mai. Les charançons des siliques et les cécidomyies ont également fait leur apparition pendant la floraison.
Du côté des maladies, des symptômes de sclérotinia – tiges blanchâtres avec sclérotes – et d’alternaria ont été observés cette année.
Lors de la fin de cycle des plantes, la première canicule arrivée fin juin a accéléré la maturité. L’absence de pluies significatives à ce stade – toujours favorables au bon remplissage des siliques et donc à la formation du rendement –, explique sans doute également les moindres rendements obtenus cette année.
Des rendements décevants
Quant à la qualité des graines, la teneur en huile, assez faible comme l’an dernier, a été impactée par les nuits chaudes en fin de cycle, lors de ce coup de chaleur.
Sous l’effet de la sécheresse, la récolte a démarré tôt, mi-juillet, et s’est principalement déroulée lors de la deuxième canicule, soit 4 semaines après la première. La maturité n’était cependant pas atteinte chez toutes les variétés car les siliques situées au bas des tiges n’étaient pas encore mûres, malgré les températures records au sommet de la végétation, sous un soleil de plomb. La récolte s’est achevée début août. Le taux d’humidité à la récolte était faible à très faible, bien en dessous de la norme de 9 %.
Le bilan 2019 laisse donc un goût amer, avec des rendements très hétérogènes et des prix qui peinent à décoller malgré une forte baisse de la production européenne de colza. De l’ordre de 3 à 3,5 t/ha, la moyenne des rendements se situe à des niveaux inférieurs à ce que l’on connaît d’habitude. Les productions supérieures à 4 t/ha ont été les meilleures observées, avec de très rares scores à 5 t/ha. Des parcelles à moins de 2 t/ha n’ont pas été rares, en lien avec les dégâts importants causés par les insectes ravageurs.
Appo