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Dans les fermes maraîchères, des cultures intercalaires pour dynamiser les sols

Les cultures intercalaires sont implantées sur une sole entre la récolte d’une culture et l’implantation d’une autre. Elles sont comparables aux « cipans » en grandes cultures, avec comme grande différence la durée souvent plus courte de l’occupation du terrain. Autre différence, d’ordre technique : le type de matériel disponible à la ferme maraîchère pour broyer les parties aériennes des cultures et les incorporer au sol.

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En couvrant le sol lors des périodes sans production, ces cultures intercalaires remplissent plusieurs fonctions simultanément. Les avantages compensent largement le coût de l’implantation. L’emploi de ces cultures permet de rencontrer les souhaits d’une bonne gestion économique et environnementale.

Les espèces seront choisies en tenant compte de la durée attendue de la période de végétation, mais aussi du coût des semences, des possibilités de destruction avec les outils disponibles à la ferme et de leur sensibilité au gel.

Retenir l’azote et d’autres éléments

Les cultures intercalaires vont rapidement puiser l’azote comme les autres éléments minéraux pour la constitution de leur charpente végétale. La courte période de développement dans le contexte des fermes maraîchères permet une destruction de la culture alors que la masse n’est pas encore lignifiée. La minéralisation des éléments mobilisés se fera très rapidement après l’incorporation au sol.

Retenons qu’en pratique, 30 à 70 unités d’azote seront captées dans les 5 à 7 semaines de développement, selon la nature et le développement de la masse végétale.

Attention à la lignification

En cas de lignification, les débris végétaux seront plus riches en carbone. Leur décomposition mobilisera de l’azote du sol avec une crainte de faim d’azote de la culture suivante, comme l’effet paille après céréales dans les rotations de grandes cultures. Pour les cultures maraîchères, ce point est important. La plupart des cultures se développent rapidement et ont besoin d’éléments très disponibles. Nous préférons donc le plus souvent des cultures intermédiaires détruites et incorporées au sol ou mises en paillage alors qu’elles son t peu lignifiées, qu’elles sont encore physiologiquement jeunes.

Maîtriser l’enherbement

La présence de la culture intercalaire va bloquer la germination de pas mal d’adventices. La conséquence pratique est un certain nettoyage de la parcelle.

Au lieu de cette situation, nous pourrions opter pour le choix de laisser la culture sous jachère noire (vierge de toute culture pendant au moins un an et maintenue propre), de travailler superficiellement le sol plusieurs fois en guise de faux-semis afin de réduire le niveau d’enherbement.

Certaines adventices sont particulièrement compliquées à maîtriser en maraîchage. Les cultures intermédiaires sont une des méthodes efficaces. En étouffant les jeunes plantes de galinsoge, par exemple, celles-ci n'arrivent pas à se développer.
Certaines adventices sont particulièrement compliquées à maîtriser en maraîchage. Les cultures intermédiaires sont une des méthodes efficaces. En étouffant les jeunes plantes de galinsoge, par exemple, celles-ci n'arrivent pas à se développer. - F.

Pour autant que nous soyons certains de ne pas oublier de travailler le sol pour empêcher le développement de graines (galinsoges, pâturin annuel…), cette solution est très valable également. Elle a toutefois l’inconvénient de ne pas permettre la mobilisation de l’azote mais au contraire de favoriser la minéralisation et donc les pertes potentielles.

En pratique, c’est la météo qui décidera pour nous, selon les possibilités ou non d’espérer une levée d’une culture intercalaire en sols ultra secs.

Action racinaire pour améliorer la structure du sol

Les racines améliorent la structure par leur action physique de pénétration dans le sol. Les enracinements fasciculés, comme celui des poacées (graminées) et pivotants, comme celui des radis et moutardes sont performants. Leur importance est particulière pour les fermes pratiquant le non-labour, notamment sur les ados permanents.

L’effet des enracinements puissants ne remplace pas les façons culturales décompactant le sol. Il les complète.

Améliorer l’activité biologique du sol

C’est l’effet sur la vie du sol qui est le plus remarquable en cette période d’été et bientôt d’automne. La température du sol est élevée, l’incorporation d’une masse d’une vingtaine de tonnes de matière fraîche sur les quelques premiers cm de sol va faire un énorme bien à la vie dans le sol. Cet effet sera d’autant plus marqué que le pH est correct.

Avec des fortes variations, nous pouvons retenir qu’une production de 2 à 3 tonnes de matière sèche de la culture intermédiaire intervient de manière significative dans la mobilisation en vue de la remise à disposition de grandes quantités d’éléments fertilisants. La faune auxiliaire du sol est stimulée.

Les mélanges agricoles conviennent si la terre reste libre près de 3 mois. Si non, préférons l'avoine brésilienne, la caméline, les moutardes blanche ou noire, les vesces, voire un ray-grass italien. Les cultures intermédiaires apportent un aspect esthétique aux champs. C'est apprécié en particulier lorsque la vente se fait sur le site. La floraison peut aussi apporter une note de gaieté en automne.
Les mélanges agricoles conviennent si la terre reste libre près de 3 mois. Si non, préférons l'avoine brésilienne, la caméline, les moutardes blanche ou noire, les vesces, voire un ray-grass italien. Les cultures intermédiaires apportent un aspect esthétique aux champs. C'est apprécié en particulier lorsque la vente se fait sur le site. La floraison peut aussi apporter une note de gaieté en automne. - F.

Quelques inconvénients à réduire autant que possible

Les limaces trouvent une nourriture abondante dans la masse végétale de la culture intercalaire et elles y sont protégées des oiseaux. La phacélie et la moutarde sont moins appétées par les limaces, mais le maintien d’une humidité ambiante les favorise quand même.

Les cultures intermédiaires de la même famille que celles cultivées pourraient favoriser les maladies et ravageurs de cultures en rotation sur la parcelle. Mais ce n’est pas nécessairement le cas vu la période courte de végétation des cultures intermédiaires. La prudence incite à en tenir compte malgré tout.

Pour éviter la transmission de maladies ou ravageurs spécifiques, nous choisissons des espèces issues de familles botaniques différentes de celles cultivées dans la ferme maraîchère. La moutarde ne sera pas choisie prioritairement si la rotation comprend une forte proportion de crucifères, comme les choux par exemple. La phacélie ne pose pas de problème. Les graminées posent moins de questionnement en maraîchage qu’en grandes cultures, sauf si l’assolement et la rotation sont mixtes. C’est notamment la présence de pucerons en grande quantité dans les céréales semées tôt qui inquiètent les céréaliculteurs. La question du voisinage des parcelles demeure.

L’implantation

Le semis se fera à la volée ou au semoir, selon la forme, la taille des parcelles mais aussi suivant les espèces choisies. Les semoirs maraîchers conviennent pour la plupart des semis de cultures intermédiaires.

Pour les cas où les dimensions de semences diffèrent fortement dans un mélange, il est plus aisé de semer en deux ou plusieurs passages.

Lorsque les parcelles cultivées sur ados ou billons, nous pouvons opter pour le semis intégral de la surface ou seulement de la surface cultivée nette.

Les sols sont secs en maints endroits. Rouler avant le semis pour avoir une bonne régularité de travail des petits semoirs maraîchers, puis rouler après le semis pour favoriser la germination des cultures semées.
Les sols sont secs en maints endroits. Rouler avant le semis pour avoir une bonne régularité de travail des petits semoirs maraîchers, puis rouler après le semis pour favoriser la germination des cultures semées. - F.

La destruction des cultures intermédiaires

Le plus souvent, la culture intermédiaire est détruite mécaniquement, thermiquement par le gel ou chimiquement. La destruction se fera de préférence lorsque le couvert n’est pas encore lignifié, avant la pleine floraison et en tout cas avant la production de semences viables.

La date de destruction

Les outils animés (herses à axes horizontaux) courants en maraîchage conviennent bien pour la plupart des destructions de cultures intermédiaires. La limite d’emploi sera la portance du sol en cas de fortes pluies d’automne.

F.

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