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La vigne, marqueur du climat: vers une meilleure qualité mais une moindre quantité

En raison de l’augmentation des températures et de la sécheresse, le vin sera de meilleure qualité mais en moindre quantité, indique le professeur Kees Van Leeuwen. « Il ne faut pas faire l’autruche mais bien trouver des solutions et s’adapter », souligne le chef du département viticulture-oenologie et professeur en viticulture à Bordeaux Sciences Agro.

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Le degré alcoolique du vin a ainsi déjà augmenté dans toutes les régions du monde, passant de 11,5º à 14º en moyenne en 35 ans. « La vigne est un extraordinaire marqueur du climat », note le professeur à nos confrères de l’agence Belga. Si la sécheresse augmente encore, les baies seront plus petites, moins acides et avec plus d’anthocyanes, ce qui apporte la couleur et le tanin. « En réalité, la qualité du vin sera meilleure mais le rendement sera moindre ».

Plus de complexité aromatique

Le changement dans la composition du raisin se traduit par un autre style de vin, avec plus de complexité aromatique. Les arômes de végétaux marqués sont ainsi en voie de disparition, ceux de poivron par exemple, tandis que les fruits cuits apparaissent de plus en plus. « C’est là que nous tirons la sonnette d’alarme : les notes de fruits cuits sont globalement moins nobles que celles de fruits frais. Il faut s’adapter pour trouver le bon équilibre », soulève-t-il. Le climat influence donc le comportement de la vigne, raison pour laquelle il faut trouver des solutions pour retarder la maturité des raisins, notamment monter les vignes en altitude, comme à Mendoza (Argentine) par exemple.

Bon point pour la Belgique

Kees Van Leeuwen pointe également les cultures en zones plus fraiches comme en Grande-Bretagne (qui compte déjà 2.500 hectares de vignobles), la Bretagne, les Pays-Bas et la Belgique. « On commence à y voir des vignobles très intéressants ». En 2011 et 2014, le climat belge s’était d’ailleurs rapproché de celui de la Bourgogne, selon l’Huglin Index (indice de chaleur bioclimatique pour les vignobles). Le Royaume comptait l’an dernier 136 entreprises viticoles pour un total de 384 hectares. En 2018, 1.980.000 litres ont été produits, pour la plupart du vin effervescent (40 %) et du vin blanc (40 %). Le rouge représente 17 % tandis que le rosé 3 %.

Planter des cépages plus tardifs

Le professeur préconise en outre de planter progressivement des cépages plus tardifs. Idéalement, la maturation doit avoir lieu entre le 10 septembre et le 10 octobre. Selon les projections scientifiques, le Merlot et le Sauvignon blanc seraient en difficulté vers 2030-2040 dans le Bordelais ; « ils sortiront de la fenêtre idéale ». L’OdG (organisme de défense et de gestion) des appellations Bordeaux et Bordeaux supérieur vient dès lors d’inscrire de nouveaux cépages rouges (touriga nacional, castets, arinarnoa, marselan) et blancs (alvarinho, petit manseng, liliorila), en vue de préparer l’après-2050, détaille Kees Van Leeuwen.

S’inspirer des pays méditerranéens

Enfin, l’écartement des rangs de vignes et les systèmes d’irrigation (ponctuelle) font aussi partie des solutions. Il faut entre 100 et 600 litres d’eau pour produire une bouteille de vin, précise encore le spécialiste. « Nous devons absolument nous inspirer du savoir-faire des pays méditerranéens. Il est possible de produire des grands vins dans des régions sèches sans irrigation. C’est notamment le cas de Chateauneuf-du-Pape ou certains vignobles en Californie, en Australie ou au Maroc. Le rendement est évidemment moindre, ce qui explique les prix plus élevés ».

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