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Dernière chance pour les betteraviers d’avoir accès à leur propre outil de transformation

Le permis est définitif, le concept est performant, l’offre de construction est ficelée, la plupart des représentants sont déjà élus, les investisseurs F sont connus, les banques sont prêtes à négocier et les acheteurs se montrent déjà intéressés ! Il ne manque plus à la sucrerie de Seneffe qu’un apport supplémentaire en betteraves et en capital pour que les agriculteurs wallons reprennent la main sur la production, la vente et la transformation de leurs betteraves en sucre.

Temps de lecture : 7 min

H ier se terminait une série de réunions de la Coopérative de Betteraviers Transformateurs visant, notamment, à promouvoir une nouvelle offre publique qui prendra fin le 31 octobre 2019. 1.352 betteraviers et sympathisants supportent déjà le projet de construction d’une sucrerie coopérative à Seneffe mais il manque encore 25 % de betteraves et capital pour répondre aux objectifs du plan financier. Pour les betteraviers, il s’agit d’une opportunité unique de devenir propriétaires d’une partie de leur sucrerie et de bénéficier équitablement de la marge de transformation. La coopérative invite donc tous les agriculteurs à les rejoindre ou à renforcer leur participation dans le projet.

Actions C avec retenue sur la production future

Actuellement, 1.217 agriculteurs ont investi dans le projet pour un total de 1.198.600 de tonnes de betteraves, un nombre qui pourrait même s’élever à 1. 240.000 tonnes si la coopérative n’avait pas été confrontée à certains retards de paiement (agrément non accordé). L’objectif du plan financier étant de 1,6 million de tonnes pour une campagne de 115 jours, la CoBT a décidé d’ouvrir une troisième et dernière période de souscription afin de combler le manque.

Outre les actions A, B et S (déjà bien connues et résumées dans notre édition du 17 octobre et les tableaux ci-après), la coopérative propose désormais des actions C en tous points similaires aux actions B si ce n’est que leurs détenteurs pourront les payer via une retenue sur la production future (10 à 20 % par an ; de 4,2 à 8,4 euros/tonne (retenue+ intérêts) en fonction du prix du sucre ; durant 5 à 10 ans à partir de la campagne 2022). La rentabilité proposée (Tableau 3) est donc différente pour les actions B et C mais, ces dernières donnent la possibilité aux coopérateurs dont la trésorerie est limitée d’étendre s’ils le souhaitent leur participation.

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Une nouvelle usine pour faire la différence

Le prix de la betterave reste la seule valeur de sortie du modèle financier de la CoBT. Pour ce faire, elle propose à ses coopérateurs de construire une usine performante produisant du sucre à un coût plus bas que les usines existantes. En effet, le caractère neuf des installations engendrera des économies d’énergie et de personnel (automatisation), une optimisation par rapport aux normes actuelles et futures, moins de frais de maintenance… « La somme de tous ces avantages permet d’expliquer pourquoi le coût de production sera d’environ 320 euros/tonne à Seneffe alors qu’il oscille souvent entre 350 et 400 euros/tonne chez les concurrents européens selon le type d’usine et la durée de la campagne. Un avantage comparatif qui nous permettra de rembourser la dette et payer un prix plus élevé pour les betteraves », explique Benoît Haag, coordinateur de la CoBT.

Outre le sucre, l’usine produira également de la mélasse, des pulpes sèches et surpressées ainsi que des écumes. Les pulpes sèches seront élaborées sans consommation d’énergie supplémentaire, grâce à la récupération des calories excédentaires du process sucrier. Le concept permettra une économie de 5 millions d’euros par rapport à une sécherie classique.

Le permis unique pour la construction de l’usine est définitif depuis le 14 mais 2019. La CoBT dispose également d’une offre de construction ferme de la société De Smet de 300. 953. 000 euros. Les conditions du contrat d’achat sont en cours de négociations afin qu’elles s’alignent, entre autres, avec les exigences des banques.

Vers un marché du sucre à la hausse

Lors des réunions, la CoBT fait également le point sur le marché du sucre. Jusqu’en 2017, le prix du sucre était en Europe de plus de 400 euros/tonne. Le marché était volatil mais il l’est devenu encore plus avec la fin des quotas mal anticipée par de nombreux acteurs européens. « Personne ne pensait que l’augmentation de production de 25 % allait être compensée par une baisse de prix du même ordre, voire même une chute de 50 % du prix. L’an passé, le prix de vente du sucre était d’environ 320 euros/tonne, un prix jamais vu ! Nous rappelons qu’à ce prix, l’usine de Seneffe peut encore offrir un prix de la betterave qui permet de couvrir les coûts de production ».

Les prix de vente du sucre de la campagne 2019-2010 ne sont pas encore officiellement connus mais, selon la CoBT, deux éléments permettent de les appréhender. « Tout d’abord, la Commission européenne, qui avait prédit la chute des prix après 2017, prévoit un accroissement autour de 400-450 euros/tonne avec une stabilisation juste en dessous de 400 euros/tonne en 2022. Ensuite, les traders rencontrés disent acheter aujourd’hui le sucre100 euros au-dessus du prix de l’année passée. Ces également tendent à confirmer la tendance à repasser au-dessus de 400 euros/tonne même si le marché reste volatile ».

Budget et financement

Le budget total du projet s’élève à 327 millions d’euros dont 301 millions pour l’usine, le reste se rapportant à l’achat du terrain mais aussi aux coûts bancaires, frais de montage, études préalables et les ressources humaines…

Pour remplir ce budget, la coopérative compte sur un financement de 340,9 millions d’euros :

– 120 millions d’euros de fonds propres avec 114,4 millions d’actions libérées (A, B, S et F) et 5,6 millions d’actions non libérées (C),

– 11, 4 millions de subsides,

– 209,5 millions d’euros de prêt bancaire. Aujourd’hui, la coopérative est en discussion avec cinq banques qui se partageront sans doute le crédit d’investissement. Celles-ci sont toutes dans une phase d’analyse approfondie du dossier et se préparent à donner leur accord conditionnel.

Le capital (120 millions) sera ainsi composé de cinq produits financiers. Pour les actions A , l’objectif à atteindre est de 3 millions d’euros, c’est-à-dire 1.500 coopérateurs A. « Aujourd’hui, nous sommes à 2,4 millions d’euros avec près de 1.220 coopérateurs mais l’important est surtout d’atteindre l’objectif en actions B  ». Ce dernier est de 42,7 millions d’euros pour un montant actuel de 36 millions d’euros. Le nouveau type d’ actions C , dont le montant souhaité est fixé à 5,7 millions d’euros constitue, avec les actions B, les objectifs à atteindre en priorité. Pour les actions S qui ont remporté jusqu’ici un franc succès, le montant voulu a été rehaussé à 11,7 millions d’euros car elles compenseront les montants non-libérés des actions C. Les actions F destinées aux grands financiers contribueront au capital à hauteur de 57 millions d’euros. Des intentions fermes ont d’ores et déjà été enregistrées de la part de la SRIW (30 millions d’euros), de la SOGEPA (10 millions d’euros), de la SFPI/FPIM (société fédérale de participation, maximum 15 millions) et Invest Jobs (fonds d’investissement privé interprofessionnel, 5 millions). Ces intentions ne pourront être concrétisées que si l’apport de betteraves est suffisant.

Décision de construire pour le 30 novembre

La CoBT clôtura son offre publique le 31 octobre 2019. Les coopérateurs seront avertis de leur agrément pour le 18 novembre 2019 et les accords avec les partenaires F seront officialisés dans le même temps. Les accords conditionnels des banques seront prêts pour le 30 novembre. C’est à ce moment que le conseil d’administration prendra la décision de construire ou non l’usine. Dans le positif, la décision sera soumise à la validation de l’assemblée générale. S’en suivront alors les accords inconditionnels des banques pour le 31 décembre, et le début de la construction en avril 2020.

Si le projet ne se concrétisait pas, la CoBT s’engage à rembourser 100 % des actions B et S ainsi que le solde des actions A après déduction des dépenses de projet. Ces dernières pourront être compensées par une aide de la Région Wallonne qui sera prochainement versée aux 751 premiers coopérateurs. Pour les 500 suivants, la CoBT attend encore une approbation.

Pour les betteraviers, c’est donc maintenant ou jamais, au risque de ne pas voir le projet se concrétiser ou de ne plus y avoir accès.

DJ

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