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Nettoyer son pulvérisateur à la ferme est-il encore possible?

Après avoir dilué le fond de cuve au champ, il reste tout à fait possible de poursuivre le nettoyage du pulvérisateur à la ferme. Pour ce faire, il convient de respecter certaines dispositions visant à collecter et traiter les effluents générés.

Temps de lecture : 6 min

La maîtrise des risques de rejets d’eaux contaminées par des produits de protection des plantes (PPP) dans l’environnement est au cœur du cadre réglementaire relatif à la manipulation des PPP. Nettoyer son pulvérisateur au champ constitue la solution la plus simple et probablement la moins coûteuse pour répondre à cette exigence. Après avoir dilué son fond de cuve au 100e au champ, l’agriculteur peut toujours, bien évidemment, faire le choix de poursuivre le nettoyage à la ferme, pour autant que tout soit mis en œuvre pour collecter et traiter les effluents phyto qui sont générés.

L’aire enherbée reste également une alternative pour réaliser ces opérations de manière occasionnelle près de la ferme.

Une dalle pour collecter les eaux de nettoyage contaminées

Afin de collecter les eaux de nettoyage contaminées par les PPP à la ferme, les opérations de lavage du pulvérisateur doivent obligatoirement être réalisées sur une aire étanche, recouverte d’un matériau résistant chimiquement et mécaniquement aux PPP. Cette dalle doit avoir comme dimensions, au minimum, l’encombrement du pulvérisateur rampes repliées, auquel on ajoute 1,5 m de chaque côté. Il est cependant nécessaire de tenir compte de ses habitudes de travail en matière de degré d’ouverture des rampes lorsqu’on nettoie le pulvérisateur, ainsi que de l’évolution du matériel agricole.

L’installation doit également respecter certaines distances minimales d’implantation qui sont reprises dans le tableau 1. Ce tableau fait la synthèse des différentes caractéristiques de la dalle étanche et des équipements connexes, obligatoires dans le cas de nettoyage du pulvérisateur à la ferme

RINCAGE

La ou les pentes de la dalle doivent permettre de drainer les effluents phyto vers un point de collecte unique. Ces effluents sont ensuite dirigés soit vers un système de traitement soit vers une citerne de stockage tampon (lire ci-après). Un système de séparation d’eau de pluie est nécessaire, si l’aire n’est pas couverte, afin d’aiguiller les eaux contaminées vers la citerne de stockage ou le système de traitement uniquement durant les opérations de nettoyage. Quand l’aire n’est pas utilisée, les eaux générées par la dalle en cas de pluie sont dirigées vers le réseau d’égouttage ou l’environnement.

Stocker ses effluents…

Lorsque les effluents phyto collectés sont stockés dans un réservoir tampon connecté à la dalle, il faut veiller à la capacité de l’installation de stockage et respecter certaines spécifications techniques.

La capacité de stockage nécessaire est déterminée sur base du volume total d’effluents produits sur une année et de leur gestion ultérieure (voir point suivant). L’installation doit être étanche, résistante à la corrosion, dépourvue de trop-plein et stable. Des dispositions spécifiques existent en zone de prévention de prise d’eau.

… et les traiter ?

Plusieurs pistes peuvent être envisagées par l’agriculteur pour gérer les effluents phyto qui ont été collectés. Il est possible de les stocker dans l’attente d’un prélèvement par un collecteur agréé ou de le faire traiter in situ par un prestataire externe. L’exploitant peut également choisir d’acquérir un système de traitement.

La fréquence d’enlèvement ou la capacité de traitement du système utilisé sont des facteurs pris en compte au moment du dimensionnement du stockage tampon. Les informations concernant la manière dont les effluents sont traités doivent être consignées dans un registre de gestion des effluents phyto. Le choix du support est libre.

Choisir un système de traitement

Le choix du système de traitement est libre. Il peut, par exemple, s’agir d’un biofiltre, d’un lit biologique, d’un système d’évaporation, etc. Le choix sera dicté, ici encore, par les besoins de l’exploitation en matière de volumes à traiter, le coût de l’installation et des consommables, les besoins en entretien, l’encombrement du système, etc.

Si l’utilisation du pulvérisateur doit satisfaire à plusieurs conditions,  il en va de même pour son nettoyage.
Si l’utilisation du pulvérisateur doit satisfaire à plusieurs conditions, il en va de même pour son nettoyage.

L’installation doit être correctement dimensionnée et entretenue. Les opérations de maintenance du système doivent également être consignées dans le registre de gestion des effluents phyto.

Après traitement, comment éliminer les déchets et les eaux résiduelles ?

Selon les systèmes, il arrive de devoir gérer des eaux résiduelles, des substrats organiques et des consommables usagés. Les eaux résiduelles peuvent être appliquées au champ ou sur un sol enherbé, utilisées dans un mélange herbicide total, stockées avec les effluents d’élevage ou encore être renvoyées dans le réservoir de stockage d’effluents phyto.

Les substrats sont éliminés en mélange avec des fumiers ou composts et épandus à raison de maximum 1 m³ par ha. Les autres consommables (filtres, charbons actifs, etc.) sont éliminés comme déchet dangereux par un collecteur agréé.

L’aire étanche est-elle utilisable à d’autres fins ?

Oui, une aire étanche utilisée pour le pulvérisateur peut également servir au ravitaillement en hydrocarbures ou au lavage des autres machines agricoles. Cela nécessite toutefois des équipements complémentaires (ex : débourbeur, sous-verse ou séparateur d’hydrocarbures).

Il s’agit en effet, d’éviter d’introduire des hydrocarbures dans les systèmes de traitement, en particulier dans le cas de procédés biologiques et de respecter les différentes législations en vigueur.

Quelles sont les démarches à effectuer ?

L’actualisation de la réglementation par les autorités wallonnes en juin dernier prévoit qu’il faut dorénavant mentionner le choix du lieu de réalisation des opérations de manipulation de PPP, à savoir « à la ferme » dans ce cas-ci, dans la déclaration de superficie.

L’utilisateur des installations doit garder à disposition des agents du contrôle du Service public de Wallonie les documents attestant de l’étanchéité du matériau utilisé de même que, le cas échéant, la preuve du dimensionnement du stockage tampon et du système de traitement. Les rapports de visite-conseil de Protect’eau peuvent être utiles à cette fin. Les visites sont gratuites et confidentielles.

Un équipement existant est-il encore utilisable ?

La réglementation prévoit que les équipements existants restent utilisables s’ils garantissent l’absence de rejets dans l’environnement et le respect des conditions de gestion des résidus. L’installation doit être bien entretenue et le registre tenu à jour. Quant au dimensionnement du stockage tampon et du système de traitement, il faut qu’il corresponde aux besoins actuels de l’exploitant.

Les dalles étanches existantes peuvent ne pas répondre exactement aux dimensions minimales reprises dans le tableau 1. Le pulvérisateur doit toutefois être au-dessus de la dalle lors des opérations de manipulation des PPP afin que tous les effluents produits puissent être récupérés.

Les équipes de Protect’eau peuvent vérifier avec vous, si votre infrastructure répond aux normes et vous conseiller, le cas échéant, sur les éventuels aménagements spécifiques à réaliser. Concrètement, il est demandé aux agriculteurs qui souhaitent poursuivre l’utilisation de leurs installations, de signaler le type de système de traitement qu’ils possèdent et leur date de mise en service à l’Administration d’ici le début du mois de janvier 2020. Pour vous faciliter la tâche, un formulaire à compléter est disponible sur www.protecteau.be (phytos > professionnels > pulvérisation > remplissage, rinçage et nettoyage).

D’après Protect’eau

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