Accueil Maraîchage

Veiller à la bonne aération des serres maraîchères!

L’aération des serres en période de forte occupation de l’espace permet d’éviter une montée excessive de la température dans la serre, une évacuation de l’humidité et un renouvellement de l’air appauvri en CO2.

Temps de lecture : 5 min

Les serres maraîchères sont fortement occupées en automne. Pour des raisons techniques, nous devons tenir compte des productions encore en cours et à récolter lors des prochaines semaines et respecter le calendrier des futures productions printanières. Nous devons également surveiller la salinité de surface partout où les arrosages estivaux n’ont pas été suffisants par manque de disponibilité en eau d’arrosage. Et pour des raisons économiques, la bonne occupation des surfaces couvertes en automne, en hiver et au printemps est indispensable.

L’aération

Dès le matin, l’effet de serre amène une élévation de la température dans l’enceinte de la serre maraîchère dès que celle-ci reçoit un ensoleillement direct. Les plantes et le matériel présents se réchauffent rapidement. L’air se réchauffe et accroît sa capacité à se charger d’humidité. Les gouttelettes de condensation présentes sur les plantes et les parois vont s’évaporer.

En parallèle, la photosynthèse s’active en permettant la croissance des plantes, avec une réduction de la teneur en CO2.

L’aération permet d’éviter une montée excessive de la température dans la serre, une évacuation de l’humidité et un renouvellement de l’air appauvri en CO2. Elle ne doit pas être continue, une ouverture intermittente de quelques minutes peut suffire.

La mesure de la température et de l’humidité relative se fait à l’intérieur de la serre. La présence de condensation sur les parois n’est pas un repère suffisant pour régler la ventilation ! Quand il y a peu de mouvement d’air dans la serre, nous pouvons avoir une humidité relative peu élevée tout en constatant de la condensation sur les parois froides de la serre.

Ce sont les cultures dans la serre qui déterminent la température et l’humidité relative souhaitées. À titre indicatif, une température de 16 ou 18ºC et une humidité relative de 60 % permettent une bonne croissance de nombreuses espèces courantes en automne, chez nous, tout en n’étant qu’à peine favorables au développement des oïdiums.

Notons que la sonde de température comme celle de mesure de l’humidité relative doivent être protégées de l’ensoleillement direct pour donner une indication correcte. Les sondes d’humidité relative doivent être contrôlées et réglées au moins deux fois par an.

Les serres maraîchères sont en activité tout au long de l’année. En cette période de forte occupation automnale, il faut veiller tout aussi attentivement à leur bonne aération.
Les serres maraîchères sont en activité tout au long de l’année. En cette période de forte occupation automnale, il faut veiller tout aussi attentivement à leur bonne aération. - M. de N.

De fortes variations

La variation entre le jour et la nuit est grande.

La nuit, la température de l’air dans la serre descend, l’humidité relative monte ; à son maximum, la vapeur d’eau se condense sur les parois, les plantes et les objets dans la serre. Les gouttelettes d’eaux peuvent ruisseler.

Au matin, la situation dépendra de l’ensoleillement.

Par temps froid et ensoleillé, la température s’élève rapidement, l’humidité relative descend très bas, l’activité photosynthétique est intense. Il est peu fréquent en automne que l’humidité relative basse amène un ralentissement de l’activité chlorophyllienne, sauf si le sol était trop peu chargé d’humidité et que les plantes refermeraient alors leurs stomates.

Par temps doux et humide, l’activité photosynthétique est plutôt faible, l’air reste à saturation, les plantes n’évapo-transpirent que très peu. Conséquence directe : le flux de sève ascendante amenant les sels minéraux à l’ensemble de la plante est fortement ralenti.

Que faire ?

Le maraîcher peut facilement influencer deux paramètres : l’humidité relative et la température. Ceux-ci sont liés entre eux par les lois de la physique.

L’humidité relative est la teneur actuelle en eau de l’air, en grammes par m³, divisée par la teneur en eau de l’air à saturation. Elle s’exprime en %. Elle est liée à l’évolution de la température (voir tableau ci-dessous).

Tableau
Tableau

Modifier l’humidité relative

La condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’air se fait surtout sur les surfaces les plus froides, les parois de la serre. L’eau condensée provenant de l’air, la teneur moyenne de l’air de la serre diminue.

En aérant, l’air qui entre dans la serre en automne ou en hiver est généralement plus froid que l’ambiance interne. Cet air se réchauffe légèrement et aura donc aussi une humidité relative peu élevée.

Si de la chaleur est introduite dans la serre, une augmentation de la température de 1ºC amène une légère réduction de l’humidité relative, de l’ordre de 5 %.

Pour la plupart des cultures de légumes d’automne, il est intéressant de maintenir une humidité relative inférieure à 70 % durant au moins quelques heures par jour. L’objectif est de lancer la « pompe » de prélèvement de l’eau du sol chargée en sels minéraux et donc d’alimenter la plante convenablement en vue de sa croissance. De plus, c’est plutôt intéressant pour limiter l’évolution des oïdiums.

Modifier la température

En aérant la serre, nous apportons de l’air frais et faisons baisser la température. Ce sera surtout vrai si les ouvertures restent béantes pendant de longues heures. Si les ouvrants ne sont activés que lors de quelques périodes de quelques minutes par jour, l’air est renouvelé et ramène du CO2 pour la photosynthèse et les plantes comme le matériel dans la serre n’ont qu’à peine le temps de se refroidir.

De brefs apports de chaleur à quelques périodes de la journée jouent le même rôle.

Une lecture de la température minimum et de la température maximum depuis les dernières 24h permet donne parfois des surprises. De fortes variations ne sont pas favorables à une croissance régulière des cultures en place.
Une lecture de la température minimum et de la température maximum depuis les dernières 24h permet donne parfois des surprises. De fortes variations ne sont pas favorables à une croissance régulière des cultures en place. - F.

En pratique

La plupart des serres maraîchères simples ne sont pas informatisées. Les interventions seront donc réalisées par des manipulations ou des automates tout simples. Les thermostats et les mécanismes commandés par des horlogeries sont bien pratiques et peu coûteux.

Commençons par équiper chaque serre de senseurs de température et d‘humidité relative ; de simples appareils à bilames réglables et des thermomètres mini-maxi sont bon marché et efficaces s’ils sont installés dans un boîtier ajouré de couleur blanche pour les protéger des rayons directs du soleil.

Enfin, n’oublions pas de nettoyer correctement les parois de la serre pour profiter au maximum de l’ensoleillement d’automne et d’hiver !

F.

A lire aussi en Maraîchage

Les sols maraîchers: entre fragilité et fertilité

Maraîchage En ce début d’année 2024, la fertilité des sols destinés au maraîchage retient toute notre attention. Il est important de tenir compte de l’état des structures, mais également des disponibilités en éléments minéraux. Une observation rapide des différentes parcelles permet de constater une large palette de situations, de la très bonne à l’épouvantablement dégradée.
Voir plus d'articles