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Mieux pour tous?

Le 4e Sommet de l’Élevage à Libramont de ce 21 novembre n’a pas grimpé très haut en nombre, en terme d’assistance. Tant pis pour les absents, car ce Sommet fut fort intéressant. Les intervenants et conférenciers ont su prendre de l’altitude dans leurs propos, sans nous donner l’habituel vertige d’exposés trop techniques, ni la migraine assommante des données chiffrées. Comme qui disait, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. De clarté et de transparence, notre agriculture en a grand besoin, dans un contexte actuel de transition écologique qui modifie sans cesse les règles du jeu. Pour un mieux pour tous ?

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On nous a changé la Directrice de la Foire de Libramont ! Lors des trois derniers Sommets, Natacha Perat avait gourmandé d’un ton décidé les éleveurs, pour leur attentisme et leur passivité. Le message était clair : les agriculteurs se complaisent dans leurs jérémiades ; ils doivent reprendre leur destin en main, des réponses existent. Allez hop, au boulot, bande de fainéants ! Mais cette année, ô surprise, ses quelques mots de bienvenue furent nettement plus bienveillants, plus conciliants, comme si elle avait pris conscience de l’univocité des messages délivrés lors des éditions précédentes. «  Libramont est un lieu de partage qui dégage des espaces de solutions. L’agriculteur y délaisse son rôle de victime pour celui d’acteur du changement ! » , ambitionne-t-elle. Il y a un temps pour tout, pour parler tantôt au portefeuille, tantôt au cœur des gens.

De cœur, il fut justement question, ou plutôt de Bleu-Blanc-Coeur, ce label très connu chez nos voisins de l’Hexagone, décliné chez nous sous le vocable « Mieux pour Tous ». Dans la bouche du Français Pierre Weill, son fondateur, Bleu-Blanc-Coeur se déclame comme un conte de mille et un profits. Cet agronome visionnaire a pris longuement la parole en première partie du Sommet, et expliqué de sa voix feutrée le concept de son appellation. Sa logique est toute simple : un être vivant est composé de ce qu’il mange. L’herbe prend ses éléments nutritifs dans le sol ; la vache mange l’herbe ; nous buvons son lait ou mangeons la vache. Au final, nous « devenons » ce que l’herbe a puisé dans le sol. Or donc, les humains sont composés des choses nommables ou innommables qu’ils ont mangées. Toutes sortes de maladies sont provoquées par une mauvaise alimentation. Il suffit donc de corriger le tir, de proposer des aliments composés de nutriments qui nous construiront un corps en bonne santé. Les façons culturales, les choix agronomiques et l’alimentation de nos animaux d’élevage conditionnent au final la santé des consommateurs. En ce qui concerne la viande, la présence d’oméga 3 dans les graisses musculaires apporte énormément de bienfaits. Blanc-Bleu-Coeur garantit aux consommateurs la présence de cet acide gras dans ses produits, qu’il s’agisse de porcs, volailles, bovins, œufs, produits laitiers, etc.

BBC, ou « Mieux pour Tous » en Belgique, exige de l’agriculteur une obligation de résultat (teneur en oméga 3). Le Bio, quant à lui, exige une obligation de moyens (pas d’engrais chimiques, pas de pesticides, etc). La différence est de taille. Bien évidemment, pour produire une viande riche en oméga trois, il faut nourrir les animaux avec des aliments qui en contiennent : herbe, graines de lin, colza… Bio et Mieux pour Tous se rejoignent sur pas mal de points, pour leur durabilité écologique et surtout sur l’écho qu’ils éveillent chez les consommateurs, de plus en plus enclins à acheter ces aliments labellisés. Chez les agriculteurs, c’est une autre paire de manches (de fourches). Le label Bio est bien plus présent dans nos fermes, tout simplement parce qu’il est subventionné par la PAC. Le fermier peut se lancer, les primes à la conversion Bio vont l’aider dans son effort, et par la suite, les aides Bio apporteront une sûreté de revenu.

Car la pierre d’achoppement se situe bien évidemment à ce niveau : les prix, les revenus, les sous, les euros… L’urgence climatique est de mise pour la planète ; l’urgence financière l’est tout autant pour les agriculteurs. Quand on pose la question qui fâche aux intervenants, ils deviennent subitement muets, comme le représentant de Carrefour Bernard Moreau, pourtant très volubile par ailleurs lors de ce quatrième Sommet des Éleveurs… Si l’on veut que les fermiers deviennent des acteurs du changement, il faut leur en donner les moyens, c’est un minimum !

Avec Blanc-Bleu-Coeur ou Mieux pour Tous, le paysan devient le premier acteur de santé, puisqu’il produit des aliments équilibrés, de quoi redorer le blason de l’agriculture, c’est déjà ça, à défaut de redorer les prix de vente à la ferme…

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