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Le transport de viande et carcasses: plus durable et rentable qu’avec des animaux vivants

Le changement vers un commerce de viande et de carcasses pour remplacer le transport d’animaux vivants est aujourd’hui un enjeu fondamental, à la fois pour des raisons de santé et de bien-être animal, mais aussi environnementales et économiques, explique l’Eurogroupe pour les animaux, dans un nouveau rapport publié tout récemment.

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Le passage au commerce de viande et de carcasses au détriment du transport d’animaux vivants serait justifié non seulement par des raisons économiques, environnementales, de santé et de bien-être des animaux, mais aussi par des pratiques positives déjà éprouvées dans certaines régions du monde, souligne l’Eurogroupe pour les animaux, dans son nouveau rapport publié le 18 novembre et intitulé « Une stratégie pour réduire et remplacer le transport des animaux vivants. Vers un commerce de la viande et des carcasses ».

Par exemple, « le transport de viande au lieu de porcs et de porcelets vivants réduirait les coûts de transport de 29%, alors que le transport de viande plutôt que de chevaux vivants réduirait les coûts de transport d’environ 52% », indique le document.

Outre l’aspect purement financier, le transport de viande et de carcasses a également un impact environnemental inférieur à celui du transport d’animaux vivants: « Le transport de la viande de cheval et de leurs carcasses réduirait de 50% les émissions de C02 par rapport au transport de chevaux vivants, pour les porcelets, c’est 40% de moins d’émissions de CO2 ». Et de préciser que sur le plan du bien-être animal, le transport sur de longues distances de viande et de carcasses est plus durable car les risques de meurtrissures, de fractures, de stress et de mort avant l’arrivée à destination finale diminuent.

Sur ce point, le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, avait rappelé à l’ordre cet été, les États membres sur les conditions de transport des animaux, notamment pour l’exportation, par forte chaleur. Et pour les Pays-Bas, catégorique dans ce domaine, il ne faudrait tout simplement pas transporter d’animaux vivants sur de longues distances et préférer dans ce cas l’envoi de carcasses.

Des pratiques réussies

Parmi les exemples de bonnes pratiques, le rapport cite notamment, la Nouvelle-Zélande qui a, depuis 2003, interdit le commerce d’ovins vivants destinés à l’abattage, après que l’Arabie saoudite eut rejeté une expédition de 57.000 ovins, ce qui a entraîné un retard de deux mois dans le voyage, au cours duquel des milliers d’animaux sont morts à bord. En 2007, cette interdiction a été étendue aux exportations de bovins vivants destinés à l’abattage.

Depuis, la Nouvelle-Zélande a travaillé en étroite collaboration avec les comités Halal en Arabie saoudite et en Indonésie pour qu’ils acceptent l’étourdissement avant l’abattage. Une condition nécessaire pour que la Nouvelle-Zélande puisse exporter de la viande et des carcasses vers ces pays plutôt que des animaux vivants.

L’augmentation de la capacité d’abattage local permet aussi de réduire le transport des animaux vivants. Des prototypes d’abattoirs mobiles ont déjà été testés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et dans d’autres États membres, ainsi qu’en Australie, aux États-Unis et au Canada. Aujourd’hui, l’installation d’abattoirs semi-mobiles à mobiles complets offre des possibilités d’abattage à la ferme dans de nombreux pays de l’UE. Cette solution sera amenée à évoluer positivement à condition de clarifier le cadre juridique national.

Des solutions concrètes

Le transport de viande et de carcasses reste encore marginal puisque, selon les données du système européen TRACES (Trade Control and Expert System), entre 2014 et 2017 une augmentation de 14,2% du transport de bovins, d’ovins, de caprins et de porcins vivants a été enregistrée à l’intérieur comme qu’à l’extérieur de l’Union européenne.

Pour la seule année 2017, le rapport de l’Eurogroupe pour les animaux note qu’environ 1,1 million de tonnes de viande bovine, porcine et ovine et caprine ont fait l’objet d’échanges commerciaux au sein de l’UE (847.464 tonnes) et d’exportations vers des pays tiers (236.075 tonnes).

Pour inverser cette tendance, le rapport émet plusieurs recommandations: cartographier le secteur des abattoirs de l’UE pour comprendre sa structure et son impact sur le commerce des animaux vivants, encourager l’utilisation d’embryons et de sperme plutôt que d’animaux reproducteurs, favoriser l’installation d’un plus grand nombre de sites d’abattage régionaux, ou encore fournir une assistance pour améliorer la capacité de la chaîne du froid sur les principaux marchés d’exportation de produits vivants des pays tiers.

Pour mener à bien cette nouvelle stratégie, le rapport explique également que « les solutions logistiques doivent être soutenues par diverses incitations, comme l’étiquetage des produits ou encore par un soutien financier, par exemple, dans le cadre de la nouvelle pac ». Et il précise que cela devrait être justifié par un cadre réglementaire solide fixant une durée maximale de transport de huit heures pour les animaux destinés à l’abattage, avec une dérogation pour une durée de transport plus courte pour les animaux en fin de vie.

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