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Nettoyage et désinfection des serres maraîchères: de bonnes pratiques à réaliser dans le bon ordre!

Si le débat sur les avantages d’une désinfection entre deux saisons de production ou au contraire de laisser un certain équilibre naturel s’installer dans les serres maraîchères n’est pas clos, il semble toutefois très utile d’y assurer un nettoyage vigoureux.

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Nous constatons en pratique que l’absence d’intervention risque d’amener les maladies et les ravageurs habituels plus tôt dans l’année. Une explication peut-elle être trouvée dans le fait que les équilibres sont bien plus évidents dans un milieu vivant comme le sol que sur un support inerte comme une structure de serre ?

À tout le moins, un nettoyage rigoureux est vivement conseillé, emmenant les débris végétaux, les saletés coincées dans les replis de la structure de la serre ou collées aux parois.

Agir préventivement

Les mesures prophylactiques permettent de limiter sérieusement les risques d’introduction de maladies et de ravageurs dans une ferme maraîchère. La rotation, la structure du sol, la gestion de l’irrigation et du drainage, le choix de la résistance variétale, la fertilisation sont des bases. Mais en pratique, la rotation dans la serre est menée par des contraintes économiques importantes.

Un vide sanitaire complet des serres durant deux semaines permet également de rompre le cycle de pas mal de ravageurs.

Les adventices en début de grenaison seront enlevées, pour éviter les risques d’envahissement des adventices elles-mêmes et des ravageurs qui s’y abritent.

Les replis des structures sont des refuges de bien des ravageurs. Les poussières contiennent aussi des énormes quantités de spores de champignons. Un escargot attend les jours meilleurs pour retrouver des plantes apétissantes.
Les replis des structures sont des refuges de bien des ravageurs. Les poussières contiennent aussi des énormes quantités de spores de champignons. Un escargot attend les jours meilleurs pour retrouver des plantes apétissantes. - F.

Une analyse de sol est souvent précieuse en renseignements. Sous abri, nous avons peut-être été trop économes en eau et la salinité nous guette ; il faudra la corriger dès que possible. En plein air, les récoltes n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances et la minéralisation a été freinée par le manque d’eau en terrains non irrigués. Un état de la situation avant les cultures de printemps permettra de prévoir les corrections nécessaires. N’oublions pas l’influence qu’aurait un excès d’azote sur le développement de Bremia en laitues.

La situation sanitaire de chaque parcelle est à prendre en compte: pour certains ravageurs, certaines maladies ou certaines adventices envahissantes, des mesures particulières s’imposent.

Le nettoyage d’abord

Pour les abris, comme les serres par exemple, le nettoyage suivi éventuellement d’une désinfection est organisé entre deux cultures. Sont visés particulièrement les acariens tétranyques et les spores de champignons. En conventionnel, les traces de produits phytosanitaires sur les structures seront nettoyées pour éviter de freiner la mise en place d’auxiliaires, comme Encarsia formosa contre les aleurodes, par exemple.

La désinfection par les moyens physiques

La mise en application et les résultats diffèrent selon le mode de traitement. Les nettoyeurs à haute pression pouvant générer de l’eau chaude à 90ºC permettent de très bons nettoyages de contact. Les générateurs de vapeur à plus de 150ºC sont bien adaptés pour la désinfection et peuvent également servir pour la désinfection du sol (atteindre 95ºC dans la zone à désinfecter) et le désherbage thermique à la vapeur.

La désinfection peut se faire par des méthodes physiques. La vapeur permet d’atteindre 80 ou 90ºC au niveau des surfaces – peu de spores, d’insectes, de nématodes le supportent – et est bien pratique pour les supports métalliques. Mais les films plastiques de couverture ne supportent pas non plus la vapeur. À leur niveau, un bon nettoyage de surface sera requis.

La solarisation du sol est souvent évoquée dans les notes techniques du sud de la France et dans le bassin méditerranéen. Dans nos conditions, les résultats sont très variables.

La lumière a elle-même un certain pouvoir de désinfection. Pour qu’elle agisse sous abri, veillons à maintenir les surfaces de couverture propres. La luminosité baisse sérieusement en automne, c’est le bon moment pour nettoyer et déblanchir les serres maraîchères et réparer les verres et plastiques endommagés.

Le nettoyage des structures est bien plus aisé en période de vide sanitaire de la serre.
Le nettoyage des structures est bien plus aisé en période de vide sanitaire de la serre. - F.

La désinfection par l’emploi de produits

Des produits de désinfection sont proposés par les distributeurs. Ils peuvent apporter des solutions intéressantes lorsque le nettoyage et les règles agronomiques de base ne suffisent pas. Soyons très prudents sur le choix de ces moyens et assurons-nous qu’ils répondent aux critères des cahiers de charges en vigueur à la ferme, en particulier en Bio.

Les systèmes d’irrigation seront nettoyés également. Le réseau d’irrigation peut être purgé pour éliminer les risques de maintien d’une flore pathogène. Plusieurs types de produits sont disponibles et s’emploient en alternance pour éliminer les bio films de bactéries, de champignons ou d’algues installés dans les conduites d’une part et les dépôts minéraux d’autre part.

Quid du matériel ?

Un point plus délicat est le maintien d’une flore et donc d’une faune dans des zones refuges à proximité des parcelles. Des ravageurs peuvent y séjourner, mais c’est justement grâce à cette présence que les auxiliaires restent à demeure.

Nous pouvons profiter de ce moment de repos du matériel pour détartrer et nettoyer les asperseurs et les goutteurs démontables. Les tuyaux seront mis en dépôts à l’abri de la lumière.

Surtout lorsqu’une maladie ou des ravageurs sont repérés sur une parcelle de la ferme, évitons leur propagation en nettoyant soigneusement les outils, les pneus, les chaussures, le matériel de travail , etc.

Les tuyaux d'irrigation sont à nettoyer pour enlever les dépôts minéraux et déloger les biofilms accumulés. Ces deux objectifs entraînent le recours à des produits complémentaires à utiliser l'un après l'autre.
Les tuyaux d'irrigation sont à nettoyer pour enlever les dépôts minéraux et déloger les biofilms accumulés. Ces deux objectifs entraînent le recours à des produits complémentaires à utiliser l'un après l'autre. - F.

Les serres et leur environnement immédiat sont à tenir dans un parfait état sanitaire, c’est-à-dire indemnes de foyers de bio-agresseurs. Dans les serres, la densité des plantes est élevée, augmentant certains risques de propagation de maladies ou ravageurs. Entre deux cultures successives, il est intéressant de procéder à un bon nettoyage, mais pas nécessairement de désinfecter. C’est l’observation de la culture précédente, sur place, qui dicte la décision. Le nettoyage au contraire peut être réalisé systématiquement. Même s’il est impératif de désinfecter, il faut d’abord nettoyer les surfaces. Dans le cas de la désinfection, il faut opter pour des actions et produits qui ne laissent pas de résidus, en vue de permettre une bonne implantation des auxiliaires.

Procédons avec ordre !

Nous commençons par le haut de la serre et descendons ensuite vers les supports, les tablettes, le niveau du sol. Il s’agit de ne pas contaminer à nouveau, par des chutes d’eau et de poussières contaminées, les parties nettoyées antérieurement.

Si nous recourons à un produit désinfectant, commençons d’abord par un bon nettoyage. Ensuite nous laisser sécher pour éviter que le désinfectant ne soit dilué dès son application. Et après seulement, nous appliquons le désinfectant.

Pour les systèmes d’irrigation, commençons par purger si ce n’est pas encore fait, puis bien nettoyer les filtres. Ensuite, nous désinfectons en respectant les modalités d’emploi. Et enfin, nous nettoyons à nouveau les filtres pour les débarrasser des résidus nouvellement apportés à la suite de la désinfection.

Un soin particulier doit être apporté pour le nettoyage et la désinfection des terrines de semis.

Les réglementations

De manière générale, avec des degrés de précision importants à très importants, la qualité sanitaire et la traçabilité sont des préoccupations des consommateurs. Les ventes directes répondent de facto aux questions sur le lieu, la manière et la date de la production. Les circuits plus longs prévoient les réponses à ces questions via le respect de cahiers de charges et de référentiels (Eurepgap par exemple).

Et ensuite

Notons encore que our les cultures maraîchères, les plants à repiquer peuvent être une source de grande vigueur... mais aussi de foyers infectieux si l’on n’y prend pas garde.

F.

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