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L’élevage allaitant, voué à déserter nos campagnes?

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Les 26 et 27 janvier, le secrétaire américain à l’Agriculture, Sonny Perdue, s’est rendu en Belgique. L’occasion d’aller à la rencontre de la Commission européenne mais également de visiter un élevage Blanc-bleu, chez la famille Coheur à Fooz (Awans). Accompagné de l’ambassadeur américain ainsi que d’officiels, dont les ministres de l’Agriculture, MM. Ducarme et Borsus, M. Perdue a vite fait le rapprochement entre la situation de l’élevage américain et européen: si les agriculteurs sont fiers de leur production, ils ont néanmoins des craintes pour l’avenir de leur secteur.

Ces craintes, Eric Coheur en a bien sûr fait part au monde politique présent mais également aux médias qui le suivait. « A l’horizon 2030, certaines prévisions annoncent que le nombre d’élevage viandeux wallon aura diminué de 60 %. Mais en sachant que 6 % de ces éleveurs ont moins de 35 ans, le nombre d’éleveurs actifs pourrait être nettement plus faible que celui prédit. Si les prix ne remontent pas d’ici 3 à 5 ans, la Hesbaye, d’abord, et la Wallonie, ensuite, sont condamnées à moyen terme à voir le secteur de l’élevage disparaître.»

S’il y aura toujours des exploitations qui pourront tirer leur épingle du jeu grâce à leur diversification, les solutions offertes par celle-ci ne sont pas à la portée de tout le monde. Eric Coheur, qui s’est fait le porte-voix de tout un secteur, plaide donc pour le lancement d’une Indication géographique protégée (IGP) pour la race Blanc-bleu qui permettrait de mieux segmenter l’offre en viande et ainsi rétablir un certain équilibre sur le marché. Les questions de l’étiquetage, de l’origine et du contrôle de la traçabilité ont également été abordées lors de cette rencontre à Fooz.

Outre le soutien demandé pour les coopératives de producteurs, M. Coheur explique qu’un euro de plus payé au kilo carcasse permettrait aux éleveurs de vivre de leur production sans impacter grandement le portefeuille du consommateur (0,5 euro/kg).

Si les politiques ne prennent pas des mesures rapidement pour aider les éleveurs à sortir de la crise structurelle dans laquelle ils sont plongés depuis 2013, le modèle d’agriculture le plus résilient, à savoir la polyculture élevage, risque de disparaître de nos campagnes. Ce sont pourtant les bovins qui permettent de valoriser l’herbe de nos prairies, de maintenir la biodiversité que ces dernières abritent et de produire des engrais organiques. Une campagne sans bovin, c’était jusqu’ici impensable... Quel triste présage !

A l’heure où l’on ne cesse de parler de durabilité, il est important de rappeler qu’une ferme ne peut avancer sur les piliers sociaux et environnementaux que si sa viabilité économique est assurée. Il en va de la survie des éleveurs mais également des autres maillons de la filière.

P-Y L.

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