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Alimentation des poulets de chair et porcs: Quels peuvent être les effets d’une réduction des apports en protéines dans leur alimentation?

La réduction du taux de protéines en poulets de chair et en production porcine est une voie pour accroître l’autonomie protéique dans nos élevages. Nadia Everaert, professeur à Ulg Gembloux Agro-Bio Tech, a présenté les résultats de divers essais lors de la 19e journée d’étude des productions porcines et avicoles à Namur.

Temps de lecture : 6 min

Des essais de réduction du taux de protéines chez des (grands) parentaux et poulets de chair ont été menés conjointement par la KU Leuven et Ulg Gembloux Agro-Bio Tech. Nadia Everaert en présente les principaux enseignements.

Paradoxe entre croissance et reproduction

Les poulets de chair sont sélectionnés pour avoir une croissance élevée. Les parentaux de ces poulets de chair doivent avoir un potentiel génétique permettant une croissance rapide de leur descendance tout en conservant de bonnes performances de ponte. Mais il existe un paradoxe entre la croissance élevée et la reproduction. En effet, s’ils sont nourris à volonté, les parentaux des poulets de chair voient leur poids augmenter mais leurs performances de reproduction et leur bien-être diminuent et la mortalité augmente. Une solution a été trouvée : contrôler l’alimentation des reproducteurs pour prévenir les excès de poids tout en maintenant leur aptitude à la reproduction et leur potentiel génétique pour une croissance rapide. Pour ne pas stresser les animaux en réduisant la ration, les chercheurs ont choisi d’augmenter la ration alimentaire des volailles tout en diluant les apports de protéines. Les volailles ont ainsi reçu une ration réduite de 25 % en protéines brutes et acides aminés. Mais quels sont les impacts de cette réduction du taux de protéines alimentaires sur les performances et le bien-être des grands parentaux (génération F0), des parentaux (génération F1) et des poulets de chair ? Et quel est l’impact sur l’azote excrété par les poulets de chair. C’est ce qu’ont étudié les chercheurs dans cet essai multigénérationnel.

Réduction de la teneur en protéines

Chez les grands parentaux (génération F0), un groupe de volailles a reçu un aliment témoin équilibré en protéines (Contrôle C), l’autre groupe a été nourri avec une ration réduite en protéine et en acides aminés (RP -25 %). À la génération suivante F1, la descendance femelle de chaque traitement a été nourrie avec un aliment équilibré C ou un aliment RP (réduit en protéines). Cela donnait donc 4 traitements chez les parentaux : C/C, C/RP, RP/C et RP/RP. Les performances des poulets de chair (troisième génération) de ces groupes ont aussi été étudiées pour déterminer si l’état nutritionnel des parents a un impact sur la génération actuelle. Le poids, l’ingestion totale et l’ingestion protéique, le taux de ponte et le nombre d’œufs par poule ainsi que divers paramètres relatifs au bien-être ont été contrôlés au cours des essais.

Impacts sur les trois générations

Durant la phase d’élevage, les 2 groupes de grands parentaux (F0) ont été nourris de manière à obtenir une courbe de poids similaire. Au cours des 38 semaines d’élevage, les volailles recevant un aliment moins protéiné ont consommé 10 % d’aliment en plus pour maintenir un poids similaire au groupe témoin. La réduction de protéines a varié de 15 à 25 % au cours de la période d’élevage par rapport au témoin. Le nombre d’œufs pondus et le poids des œufs ont été réduits chez les volailles rationnées en protéines tant en première qu’en seconde génération. Le taux d’éclosion a aussi été affecté chez ces mêmes volailles. Au niveau du bien-être animal, tant chez les grands parentaux que les parentaux, l’humidité de la litière était plus faible chez les animaux rationnés en protéines car ils boivent moins, explique Nadia Everaert. On a aussi constaté moins de lésions de pattes et une amélioration de l’état du plumage chez les volailles recevant moins de protéines.

Chez les poulets de chair (F2), les poussins étaient plus faibles à l’éclosion quand les parentaux et grands parentaux ont reçu moins de protéines. Par contre le poids et l’indice de consommation des poulets de chair mâles issus de (grands) parentaux rationnés étaient favorisés. On note donc ici une différence selon le sexe. Enfin, on constate aussi un accroissement de la rétention azotée (moins d’azote excrété) chez les poulets de chair dont les grands-parents ont été rationnés en protéines.

Chez les truies et les porcelets

Des chercheurs de Gembloux, de l’Université de Gand et de l’ILVO, en Flandre, se sont associés pour déterminer l’impact d’une réduction du taux de protéines dans l’aliment des truies et des porcs en post-sevrages sur leurs performances, sur la diarrhée en post-sevrage et sur l’azote excrété. En effet des faibles taux de protéines dans l’alimentation des porcelets en post-sevrage sont associés à un risque plus faible de diarrhée et ont un impact positif sur la santé intestinale des porcelets. Ce serait dû à une amélioration de la capacité tampon de l’estomac et à une réduction de la fermentation au niveau du colon. Des études ont aussi montré qu’un jeune animal confronté avant la naissance ou au début de sa vie à certaines situations, comme un régime pauvre en protéine, adapte son métabolisme à cette situation. C’est donc dans ce contexte que les chercheurs ont étudié l’effet de deux niveaux de protéine brute dans le régime de la mère. Un groupe a reçu un aliment contenant 188 g/kg de protéine brute, l’autre 135 g/kg. Nadia Everaet livre les premiers résultats de ces essais conjoints.

Résultats en reproduction

Les chercheurs n’ont pas constaté de différence entre les 2 lots de truies. La réduction de la teneur en protéine de la ration n’a pas affecté le poids des truies ni l’épaisseur du lard dorsal. L’ingestion était similaire dans les 2 groupes. Pas d’effet non plus de la diminution du taux de protéines dans l’aliment des truies sur le nombre de porcelets par nichée, sur le poids des porcelets à la naissance et au sevrage, ni sur le nombre de jeunes sevrés. Le colostrum des truies recevant une ration à faible teneur en protéines s’est révélé plus riche en protéines. La composition du lait était similaire pour les 2 groupes de truies en ce qui concerne la teneur en protéines.

Par contre, la réduction du taux de protéines dans l’aliment des truies semble avoir un effet sur la consistance des matières fécales des porcelets, qui sont plus solides. L’ingestion et l’indice de consommation des porcs en engraissement issus de mères nourries avec une ration

faible en protéines et ayant reçu une ration à faible teneur en protéines au post-sevrage semblent affectés négativement, tout comme le rendement carcasse. « Des répétitions supplémentaires sont cependant nécessaires pour confirmer ces résultats », conclut Nadia Everaert. Les analyses sont toujours en cours en ce qui concerne l’azote excrété.

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