Pour dégager un revenu en production laitière, il faut maîtriser son activité
Fin janvier, se tenait la 34e journée d’étude de Remouchamps organisée par l’Aredb d’Ourthe – Amblève, Theux, Verviers et le Comice Agricole d’Ourthe – Amblève. Celle-ci avait pour thème la pérennisation des exploitations laitière. Cette année, Daniel Jacquet, du service technico-économique d’Elevéo, s’est intéressé à la durabilité des exploitations laitières.
Évoquer la pérennité des élevages, c’est avant tout parler de durabilité, un terme très à la mode et approprié dans le cas de la production laitière !
Une telle configuration, durable, repose sur trois axes : un environnement vivable ; un développement économique et un développement social.
Et de se poser des questions telles que :
– faut-il agrandir pour assurer l’avenir et la reprise des exploitations ? ;
– faut-il diversifier ? ;
– faut-il engager un salarié ? ;
– si j’agrandis encore, ma ferme sera-t-elle transmissible ? Et investir, oui mais jusqu’à quelle limite ?
Pour toutes ces questions, l’orateur nous renvoie au présent ! En effet, pour lui, le moyen le plus sûr d’avoir un avenir, c’est d’abord de répondre aux critères de durabilité d’aujourd’hui. « Si le présent n’est pas soutenable, et ne répond pas aux critères environnementaux, économiques et sociaux, je ne vois pas comment on peut imaginer ou prévoir l’avenir ! Qui sait d’ailleurs prédire ce que nous réserve l’avenir ? »
« On a souvent tendance à s’imaginer que l’évolution que l’on vient de connaître va se poursuivre et constituera l’avenir. Si le nombre d’animaux par exploitation a doublé sur une ou deux générations, on peut s’imaginer raisonnablement que cela pourrait être encore le cas à l’avenir. Les fermes laitières s’étant toujours davantage spécialisées, c’est une tendance qui pourrait se confirmer dans le futur. Mais partir sur cette base n’est peut-être pas la bonne optique. » Voilà pourquoi Daniel Jacquet se raccroche à ce que vivent les élevages actuellement.
Un revenu décent
Pour assurer la durabilité d’une exploitation, il faut d’abord s’assurer un revenu décent. D’autant qu’il a un impact sur les deux autres piliers, à savoir : les aspects social et environnemental.
« Si l’éleveur n’a pas de revenu, à moins qu’il soit très motivé, il va être
Pas de recette miracle !
Rester réaliste avant tout
Et de présenter quelques chiffres issus de l’exercice 2018 extraits des comptabilités de gestion du service technico-économique d’Elevéo. Ceux-ci ne concernent que les fermes laitières wallonnes spéciali
Maîtriser ses coûts de production
Seul un paramètre est important dans l’
Des investissements sont possibles
Viser une certaine compétitivité
Attardons-nous aux éléments qui permettent d’être compétitifs. « Le prix du lait ne permet pas une rentabilité en faisant n’importe quoi. Trois postes sont essentiels : les frais variables, les investissements, la main-d’œuvre. Pour obtenir une marge, un revenu, il faut au minimum être compétitif sur l’un de ces trois aspects.
– les charges variables :
Une taille de ferme inadaptée, en général, vu la liaison à une superficie, à la géographie, va diminuer la compétitivité sur le poste des charges variables. Plus la ferme grandit, plus les terrains sont éloignés, ce qui va inévitablement saper la compétitivité sur ce poste (aller chercher les fourrages et épandre les lisiers loin).
Toutefois, dans pareil cas, une rentabilité est possible, pour autant qu’il y ait peu d’investissements et que la main-d’œuvre soit productive et plutôt mal payée.
– les investissements (bâtiment) :
Il est possible d’investir mais jusqu’à certaines limites (par litre de lait et en capital/UTT). Attention en cas de reprise, tout est à payer, il n’y a alors pas d’investissement amorti… Il est donc nécessaire de gérer finement ses charges variables, et le revenu de la main-d’œuvre pourrait en pâtir…
– la main-d’œuvre :
Si au moins un des 2 autres postes est compétitif, revenu il y aura. Si les 2 autres postes sont compétitifs, la marge sera bonne ! C’est, selon l’orateur, le tiercé gagnant. À l’inverse, si aucun des 2 autres postes ne l’est… Malheureusement, la production laitière n’est pas rentable à ce point que pour pouvoir être non compétitif dans aucun de ces trois domaines.
« Des dépenses peuvent néanmoins être réalisées au sein de ce poste : engagement d’un ouvrier ou équipements visant à diminuer la main-d’œuvre (robots…) pour autant que l’on soit concurrentiel dans les autres postes (charges variables et investissements). Il est impossible de construire une nouvelle étable, d’engager un ouvrier et d’en tirer un revenu. Et encore plus s’il faut aller chercher des terrains relativement loin pour produire de la nourriture. »
Prendre le temps de grandir