2019 a été positive pour les ventes de machines agricoles et horticoles, estime Fedagrim

En 2019, les ventes de tracteurs de plus de 50 ch ont accusé  un léger recul, s’établissant à 2.053 unités, contre 2.128 en 2018.
En 2019, les ventes de tracteurs de plus de 50 ch ont accusé un léger recul, s’établissant à 2.053 unités, contre 2.128 en 2018. - J.V.

Chaque année, Fedagrim – la Fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements pour l’agriculture et les espaces verts – dresse une analyse pointue du secteur en matière de ventes de tracteurs, machines agricoles, matériels d’élevage et outils pour les espaces verts. S’ensuit généralement une présentation à la presse et aux membres de ladite Fédération. Coronavirus oblige, celle-ci s’est déroulée de manière digitale cette année. Peut-être faut-il y voir une manière de travailler qui se généralisera à l’avenir ?

Du côté des chiffres à proprement parler, Gert Van Thillo, coordinateur fédération, constate que les ventes accusent une tendance générale à la baisse en 2019. « Toutefois, les chiffres d’affaires se maintiennent car les machines vendues sont plus grandes (que ce soit en largeur de travail ou capacité) et intègrent davantage d’options. » Les ventes à destination de marchés autres que l’agriculture et l’horticulture, comme l’industrie, l’aménagement paysager ou auprès des particuliers, contribuent aussi au maintien du chiffre d’affaires.

2019 a, malgré tout, été une année correcte, avec une évolution positive des ventes au cours des moins de septembre, octobre, novembre et décembre. Les modifications apportées début 2020 à la législation fiscale sur les investissements ont dopé les ventes de fin d’année. Cela s’est notamment ressenti durant Agribex où de nombreux bons de commande ont été signés.

Depuis 2016 déjà, Fedagrim observe aussi que l’agriculture de précision et la robotisation de certaines tâches suscitent un intérêt croissant des agriculteurs et horticulteurs. « Les vendeurs et techniciens doivent donc acquérir de nouvelles connaissances et compétences. »

Davantage de télescopiques et « petits » tracteurs

En ce qui concerne les ventes de tracteurs de moins de 50 ch, M. Van Thillo indique que 743 unités ont été vendues en 2019 contre environ 500 les années précédentes. La liste des fabricants de ce type de tracteurs s’est agrandie ces dernières années avec l’apparition de nouveaux acteurs asiatiques sur notre marché, dont certains se profilent en « casseurs de prix ». Nombre d’entre eux ne s’adressent toutefois qu’aux particuliers, hobbyistes, éleveurs de chevaux… et plus rarement aux usagers professionnels quotidiens que sont les agriculteurs.

Les tracteurs de plus de 50 ch voient leurs ventes légèrement reculer : de 2.128 en 2018, elles s’établissent à 2.053 en 2019. Ces chiffres restent néanmoins supérieurs à ceux observés en 2016 et 2017 (environ 1.850 unités). 27 % des tracteurs vendus affichent une puissance comprise entre 50 et 120 ch, 36 % entre 120 et 180 ch, 28 % entre 180 et 250 ch et 8 % développent une puissance supérieure à 250 ch.

Du côté des télescopiques, 851 unités ont été vendues en 2019, soit 150 de plus que l’année précédente. Les acheteurs se tournent de plus en plus fréquemment vers les plus grands modèles, en témoignent les chiffres : « 54 % des télescopiques vendus présentent une hauteur de levage supérieure à 6,50 m ».

Moissonneuses-batteuses en souffrance

En matière de récolte, les tendances observées diffèrent fortement d’une gamme de produits à l’autre.

Moissonneuses-batteuses et ensileuses

Si les ventes de moissonneuses-batteuses ont progressé de 5 unités en 2019 (42 ventes contre 37 l’année précédente), la tendance sur 5 ans est nettement plus inquiétante. En effet, 73 engins de récoltes ont été vendus en 2015… La baisse amorcée ne semble pas vouloir s’arrêter.

Les ventes d’ensileuses sont, quant à elles, restées stables : 43 unités en 2019, soit un léger recul de 3 unités par rapport à 2018. Si l’on regarde depuis 2015, la tendance est également à la stabilité.

Presses à balles

Ici aussi, la stabilité est de mise, avec 219 unités vendues (-2). On notera un accroissement net des ventes de presses à balles carrées, au détriment des modèles à balles rondes et des presses-enrubanneuses.

Remorques autochargeuses

Ce type de matériel fait un retour en force depuis près de 10 ans. Cela s’explique par la facilité qu’il représente pour les grandes exploitations laitières et le fait que certains modèles puissent aussi servir au transport de fourrages, comme le maïs. Depuis 2015, une trentaine d’unités sont vendues chaque année, avec un pic à 53 en 2018. 2019 figure dans la moyenne, avec 34 ventes.

Traite : les robots gagnent encore du terrain

« Les producteurs laitiers belges poursuivent leur développement. Une fois encore, le nombre de robots de traite vendus sur une année grimpe fortement », observe Gert Van Thillo. En 2019, 138 robots sont venus remplacer des salles de traite, contre seulement 88 en 2018. Le nombre d’exploitation installant plusieurs robots est également en hausse.

Le nombre de tanks à lait vendus a augmenté de 92, en 2018, à 114 en 2019. En parallèle, leur capacité augmente. « Deux choses sont à retenir : d’une part, ce marché se redresse ; d’autre part, la tendance à se diriger vers des tanks de grande capacité se renforce. »

J.V.

Parcs et jardins: des batteries chargées à bloc

Depuis 2018, Fedagrim s’intéresse également aux matériels « parcs et jardins » sur batterie. Et Gert Van Thillo de constater que « ce marché s’étend d’année en année, principalement en raison de la facilité que le matériel sur batterie procure aux travailleurs, qu’ils soient des professionnels ou des particuliers ». Cette tendance s’observe aussi bien pour les tronçonneuses que pour les coupe-bordures et les taille-haies.

Du côté des tondeuses, le nombre de modèles autoportés vendus recule, en raison du succès que rencontrent les robots de tonte. « Ici aussi, les acheteurs optent clairement pour la facilité. » Les tondeuses sur batterie voient également leurs ventes augmenter.

Le coronavirus laisse déjà des traces

En présence de membres de Fedagrim, Gert Van Thillo s’est intéressé à l’impact qu’a la crise sanitaire sur l’agriculture et l’horticulture. Du côté positif, il constate que la politique agricole commune est sous pression. « Disposer d’une chaîne de production alimentaire propre et fonctionnelle est d’une importance cruciale. On s’en rend peut-être enfin compte », souligne-t-il.

Dans le secteur de la mécanisation agricole, l’éclatement de la crise a provoqué ce que l’on pourrait appeler un « choc logistique ». La livraison des nouvelles machines a été compromise tandis que le personnel a été contraint de rester à domicile pour cause de chômage, maladie ou encore garde d’enfant. Un phénomène de stockage a aussi été observé. « Davantage de pièces détachées et consommables ont été mis en stock. Dans les élevages, ce sont les gants et autres produits désinfectants qui ont connu une certaine popularité. »

Occasions au point mort

Bon nombre d’outils agricoles se caractérisent par une période de vente précise. Ainsi, la vente et la livraison d’une grande partie du matériel de fenaison ont été assurées avant que la crise sanitaire n’éclate. Celle-ci n’aura donc qu’un impact limité sur ledit matériel. Mais qu’en est-il des produits automnaux, tels que les broyeurs de branches ? Dans quelle mesure seront-ils produits, transportés et vendus ? On sait que certains importateurs ou concessionnaires disposent d’un stock, mais celui-ci n’est pas infini.

Tim Aerts (Aerts) témoigne : « Le printemps 2020 avait déjà été bouclé en hiver. En tant que constructeur de charrue, notre carnet de commandes était rempli et les livraisons se sont poursuivies. A contrario, les démonstrations ont été annulées ». Il se demande néanmoins comment se déroulera le reste de l’année vu la baisse des prix des productions agricoles. Elie Verhaege (Grimme) le rejoint : « La production de machine n’a pas été impactée Mais qu’en est-il des machines d’occasion qui ne suscitent que peu d’intérêt pour l’instant ? ».

Joost Merckx (Merckx machines), qui s’exprimait au nom des concessionnaires, ne peut qu’abonder : « En raison des mesures de « distanciation sociale », il n’y a actuellement aucun intérêt pour le matériel d’occasion. Les mouvements non essentiels étant interdits, les ventes ont cessé ». Il constate également que le matériel vendu à Agribex est, du moins en partie, déjà au travail. Le matériel non livré constitue un problème pour les concessionnaires. « Ces commandes ne peuvent être clôturées et donc facturées… »

Parcs et jardins : forte concurrence

Les clients, principalement les particuliers, découvrent de nouveaux canaux de vente suite à la fermeture obligatoire des magasins non alimentaires. La vente en ligne a ainsi gagné en importance. « C’est certainement une bonne chose pour les grands acteurs qui commerçaient déjà de cette manière mais les vendeurs locaux de matériels agricoles et horticoles en sont les grands perdants », déplore M. Van Thillo. Ceux-ci accorderont probablement davantage d’importance à l’e-commerce à l’avenir.

Michel Carlier (Etesia), estime à ce sujet que « les mesures gouvernementales prises pour éviter la propagation du Covid-19 ne sont pas toujours claires ». « Que peuvent faire ou non les concessionnaires spécialisés en matériel parcs et jardins ? », interroge-t-il. « De nombreuses personnes confinées travaillent dans leur jardin mais ne peuvent se rendre dans les commerces spécialisés. C’est une situation qui a profité aux grandes enseignes alimentaires qui vendent aussi des outils de jardinage. On peut parler de concurrence déloyale alors que nous sommes dans une période cruciale pour le chiffre d’affaires. »

Reports des investissements

Fedagrim s’est intéressé aux conséquences du coronavirus sur les autres secteurs de l’agriculture. Et de constater que certains impacts sont assez surprenants : « Il semble, par exemple, y avoir une pénurie de containers réfrigérés nécessaires à nos exportations de viande, notamment vers l’Asie. La viande de porc en est une des victimes et voit son prix baisser ». À cela s’ajoutent d’importantes conséquences sur les marchés des produits laitiers et des pommes de terre. Le tout pourrait toucher sévèrement la trésorerie des exploitations et les inciter à reporter certains investissements.

Le président de la Fédération, Johan Colpaert, qui est également à la tête de l’entreprise de construction Altez, explique que celle-ci a dû cesser ses activités durant les deux premières semaines de la crise. Depuis, les activités ont repris mais avec des problèmes de disponibilité de la main-d’œuvre étrangère. Pour les mois à venir, il craint que de nombreux projets de construction soient abandonnés. « D’autant que les autorités prennent davantage de temps pour examiner les permis et que les banques accorderont moins facilement les financements », ajoute-t-il.

Prudence !

Gert Van Thillo constate encore que la prudence règne dans le secteur. « Les achats sont souvent reportés à des temps meilleurs, bien que l’usure du matériel soit une donnée à prendre en compte. »

Ce que l’avenir proche apportera sera différent pour chaque sous-secteur (agriculture, horticulture, industrie) car la composition de la clientèle est différente. L’impact sur les prix, le besoin d’investir et la campagne de commercialisation diffèrent aussi On constate même que les situations varient d’un concessionnaire ou d’un importateur à l’autre. « Le secteur agricole est généralement plus stable que les autres en situation de crise. Nous avons affaire à des entrepreneurs qui cherchent des solutions pour surmonter les problèmes qui se présentent face à eux », conclut-il.

J.V.

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