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Tirer le meilleur du troupeau et des cultures pour équilibrer les revenus

L’herbe n’est pas plus verte en France qu’en Belgique… Du moins, c’est qu’il ressort de l’histoire de Jean-Charles et Didier Blanckaert. Si leurs grands-parents, originaires de Wallonie, ont pu y développer leurs activités, la situation actuelle est plus compliquée pour les deux frères. Les prix actuels, notamment du lait, impacte la rentabilité de leur exploitation.

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Trouver le bonheur en France semblait encore possible voici plusieurs générations. Ainsi, les grands-parents de Jean-Charles et Didier s’y sont installés, en vue d’exercer leur métier d’agriculteur. Les deux frères ont, quant à eux, pris la succession de leur mère. « La taille du troupeau laitier avait entre-temps quadruplé, grâce à nos parents », précisent-ils. Tous deux sont aujourd’hui à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage de 160 ha s’étendant sur la commune de Saint-Hilaire-au-Temple et ses environs, dans la Marne.

D’une manière générale, être agriculteur en France n’est pas plus facile qu’en Belgique selon Jean-Charles. « L’agriculture française est mise sous pression par les consommateurs. De plus, les normes imposées par l’État sont plus sévères que demandé par l’Europe… Et ne parlons pas des prix… Les agriculteurs essayent de travailler du mieux qu’ils le peuvent et de moins polluer mais les prix du marché, notamment pour le lait, sont insuffisants. Cette dure réalité s’applique également pour la betterave, alors que les agriculteurs marnais ne disposent que d’un emblavement moyen. »

La rentabilité grâce à la diversité

La ferme des deux frères est encore bien vivante. « Le point négatif, c’est que la surface cultivée est assez petite. Mais nous y faisons face en diversifiant grandement nos productions. » La recherche de nouvelles terres se poursuit, mais celles-ci sont rares dans la région.

Tant les cultures que le bétail laitier sont gérés le plus efficacement possible. « Nous essayons de produire autant que possible sous contrat, comme des semences pour gazon, du pavot ou encore du lait pour la filière « Bleu-Blanc-Coeur ». Sur le plan technique, cela requiert davantage de main-d’œuvre et apporte son lot de difficultés. Mais les prix sont également plus rémunérateurs. »

Selon Jean-Charles, de plus en plus de producteurs recherchent de nouveaux débouchés. Certains optent pour le bio, d’autres, comme ici, pour la filière « Bleu-Blanc-Coeur » visant à proposer au plus grand nombre une alimentation qui respecte la Terre, les animaux et les hommes. « Nous espérons ainsi obtenir quelque 10 à 30 € de plus par 1.000 l de lait, par rapport à une filière classique. »

Un large panel de cultures

Les frères diversifient grandement leurs cultures : 35 ha de betteraves sucrières, 15 ha de maïs, 70 ha de céréales d’hiver et de printemps et 10 ha de pommes terre. À cela s’ajoutent 10 ha de pavot, à destination de l’industrie pharmaceutique, et 10 ha de semences pour gazon. « Ce type de culture est moins fréquent, mais cela permet de compléter nos revenus. »

Environ 15 ha sont encore dédiés à la luzerne, un élément important dans l’alimentation du bétail. « Ces deux derniers étés, les pluies se sont faites rares et la sécheresse s’est abattue sur les prairies. Cela complique l’affouragement du troupeau. A contrario, la luzerne se montre plus résistante face à de telles conditions climatiques grâce à son pivot racinaire. »

La culture reste en place trois ans et est récoltée quatre fois par saison. La première coupe est ensilée, les deuxième et troisième sont enrubannées tandis que la dernière est fanée et séchée. Un apport de lisier est effectué entre la troisième et la quatrième coupe.

La luzerne n’est évidemment pas le seul aliment au menu du bétail. La ration se compose également de maïs et de pulpes de betterave sucrière.

Avec un employé et des entrepreneurs

Bien que les deux agriculteurs soient fiers d’effectuer une grande partie des travaux de la ferme, certaines opérations doivent être déléguées. Ils réalisent eux-mêmes les semis, les différents travaux du sol et la récolte des céréales. Les travaux relatifs aux pommes de terre et betteraves sont gérés par des entrepreneurs.

De la paille est épandue dans les étables, pour le bien-être du troupeau.
De la paille est épandue dans les étables, pour le bien-être du troupeau. - MV

« La coopérative dont ils font partie les aide pour les ensilages et les épandages de lisier. Elle nous accompagne également dans la vente des céréales et betteraves », explique Jean-Charles.

En matière de répartition des tâches, Didier nourrit les animaux et passe les deux tiers de son temps dans les cultures. Jean-Charles s’occupe, quant à lui, des soins aux animaux, de la gestion du parc machines et participe aux récoltes. Un employé est également présent sur la ferme. Il est actif tant du côté du bétail que dans les cultures.

11.500 l par lactation

Enfin, le duo s’attelle à tirer le meilleur de son bétail laitier. Jean-Charles et Didier possèdent 80 vaches dans leurs étables. « Les veaux mâles sont vendus à l’âge de 14 jours », précisent-ils.

Afin d’offrir tout le confort nécessaire aux animaux, les étables sont paillées. Des brosses ont également été installées pour augmenter le bien-être du troupeau. Certaines vaches portent des colliers afin de suivre la variation de leur température corporelle et ainsi surveiller l’œstrus. À l’extérieur, les animaux ne disposent que d’un hectare de prairie pour le pâturage.

Chaque laitière produit environ 11.500 l de lait par lactation. La traite est entièrement robotisée. « Nous avons deux robots Delaval. L’un est neuf et l’autre a été acheté d’occasion. » Les éleveurs se disent satisfaits de la qualité de leur lait. Ses teneurs sont de 3,3 % de protéines et 3,8 % de matières grasses.

Pour être rentables, les deux frères surveillent leurs coûts de production et les prix qui leur sont payés. « Il n’est pas toujours facile de trouver un équilibre… Mais avec une bonne gestion, nous arrivons à stabiliser nos revenus. »

D’après Marlies Vleugels

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