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«Oui à une réduction des volumes de lait; non au stockage privé», soutient l’EMB

Dans plusieurs pays, dont la Belgique, des producteurs et productrices de lait membres de l’EMB ont manifesté leur désaccord quant aux mesures de stockage privé adoptées par l’Europe pour enrayer la crise laitière actuelle. Tous plaident pour l’instauration d’un programme de réduction volontaire de la production, qu’ils estiment être plus efficace.

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Le 7 mai, des producteurs laitiers belges, français, allemands, italiens, danois…, tous membres de l’European Milk Board (EMB), ont mené diverses actions, afin d’adresser leur message à la Commission européenne et aux États membres : « Nous, les producteurs de lait, disons oui à une réduction des volumes de lait dans toute l’Union européenne et non au stockage privé de beurre, de lait en poudre et de fromage comme mesure de gestion de crise ».

Un épais brouillard de poudre de lait

La poudre de lait, symbole de ce stockage privé que refuse l’EMB, était au cœur des manifestations, servant à l’édification d’une tour à Berlin, devant la chancellerie, ou s’abattant sous forme d’un épais brouillard sur les champs de nombreux départements français.

En Belgique, des actions d’épandage similaire ont été menées en Flandre, à Laarne, et en Wallonie, à Braine-le-Comte. Plusieurs centaines de kilos de poudre ont été déversées sur les champs, en signe d’opposition à la politique menée par l’Europe.

Pour Erwin Schöpges, président de l’EMB, ces actions constituent un signal important envoyé aux responsables politiques européens. « Aujourd’hui, dans toute l’UE, le lait écrémé en poudre est devenu le symbole du mauvais cap suivi pour la gestion de la crise dans le secteur laitier. Nous devons changer de cap afin de pouvoir vraiment faire face à la situation actuelle », explique-t-il.

« Au profit de l’industrie, pas pour les agriculteurs »

La crise que vivent actuellement les éleveurs laitiers résulte de l’effondrement de la demande en produits laitiers, conséquence directe de la crise sanitaire du Covid-19. La fermeture des écoles, des crèches et établissements publics ainsi que l’arrêt quasi complet du secteur de la restauration ont fortement réduit les débouchés pour les produits laitiers.

« Face au surplus, il faudrait réduire la production laitière dans l’ensemble de l’Union européenne. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités et à participer à un programme de réduction des volumes coordonné par la Commission », ajoute Roberto Cavaliere, membre italien du comité directeur de l’EMB. Toutefois, l’Europe n’a pas souhaité s’engager dans cette direction.

Ce que déplore son homologue français, Boris Gondouin : « Les aides au stockage privé ne changent absolument rien aux problèmes que le coronavirus pose aux agriculteurs. Ce sont surtout les prix du lait aux producteurs qui dégringolent. Toutefois, comme annoncé provisoirement, 30 millions d’euros de subventions pour les produits laitiers transformés iront à l’industrie privée. Il s’agit donc d’une mesure prise au profit de l’industrie de transformation, pas pour les agriculteurs ».

Une décision que l’EMB juge aberrante. « Des ressources sont gaspillées afin de fabriquer des produits pour lesquels il n’y a pas de demande, juste pour les stocker ensuite à l’aide de subventions… »

S’attaquer aux volumes de lait produit

Les membres du syndicat estiment que ce n’est pas la première fois que l’Europe se trompe dans le choix de ses instruments de gestion de crise. « En 2017 déjà, aux côtés d’autres organisations, nous avions attiré l’attention sur la problématique de la constitution de stocks trop importants pendant la crise. Nous demandons donc instamment à l’UE de ne pas miser sur l’instrument du stockage mais de travailler conjointement avec les producteurs de lait et de mettre en œuvre, ensemble, un programme de réduction des volumes »,

C’est pourquoi, l’EMB souhaiterait que les 30 millions dédiés au stockage privé soient plutôt mobilisés pour financer un programme de réduction des volumes. À travers ledit programme, accessible dans tous les pays de l’Union européenne, les producteurs de lait qui sont prêts à réduire leur volume de production recevraient une indemnité par litre de lait non produit. « Car c’est seulement en s’attaquant directement aux volumes de lait produit que nous pourrons endiguer cette crise », conclut-il.

Les actions du 7 mai ne seront pas les dernières manifestations politiques sur le lait en poudre. De nombreux producteurs de lait allemands ont notamment annoncé que de nouvelles actions suivront prochainement.

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