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Filip Bonte et Els Vermeulen à Schore (Fl.): «Bien s’entourer pour maintenir le cap!»

Chaque crise a aussi son côté positif : revoir sa propre culture d’entreprise et en tirer les enseignements. Et à cela, Els et Filip, éleveurs porcins et cultivateurs, n’y ont pas dérogé. Et ils en tirent aujourd’hui davantage profit grâce aux excellents prix des porcelets et des porcs dans leur coopérative, la « Liebaertswaele ».

Temps de lecture : 7 min

Filip Bonte et Els Vermeulen vivent et travaillent à Schore, près de Middelkerke. Leur exploitation se veut familiale et mixte. Si Filip était prédestiné à devenir agriculteur, Els ne l’était pour ainsi dire pas.

« Mes parents exploitaient une ferme mixte, comme souvent à cette époque, avec quelques porcs, des vaches de race rouge de Flandre et quelques cultures. Nous nous sommes mariés en 2000 et avons repris la ferme en 2004. Un choix évident ! J’aime le grand air, les animaux, l’indépendance et l’atmosphère qui s’en dégage. Je peux ainsi avancer à mon propre rythme… », explique Filip.

De la propriété à la porcherie

Pour Els Vermeulen, les cartes étaient différentes. Elle n’est pas fille de fermier et a fait la connaissance de son futur mari grâce au pendant de la FJA en Flandre, lorsqu’elle a déménagé avec ses parents de Kuurne à Nieuport. Au début, elle a gagné sa vie pendant de nombreuses années dans une agence immobilière sur la côte et a décidé, il y a 7 ans, de travailler à plein-temps dans l’élevage porcin.

« Vaccination, insémination, gestion des maternités, antibiotiques… Aujourd’hui, Els en sait plus que moi », sourit Filip. « Elle a acquis une certaine finesse dans ses gestes du quotidien. C’est une qualité que j’admire chez elle. Évidemment, au besoin, je l’assiste dans les tâches plus lourdes. » Els l’interrompt : « Et dire que je ne voulais jamais rentrer dans une porcherie. L’élevage porcin m’a effrayé au départ. Mais la curiosité a ensuite pris le pas. C’est comme cela qu’on grandit. J’aime l’élevage, j’aime travailler avec du vivant. Au final, j’adore me sentir avec eux dans la porcherie. »

En 2013, de lourds investissements ont été réalisés dans de nouvelles infrastructures, suivis deux ans plus tard par une crise relativement grave. Filip s’en souvient comme si c’était hier, mais préfère ne pas y repenser. « Nous venions d’investir dans une nouvelle structure pour la mise bas et la gestation, comme l’Europe l’avait prescrit. Nous sommes très efficaces dans ce domaine et nous déployons beaucoup d’efforts en matière de biosécurité et de réduction de l’usage des antibiotiques. »

Aujourd’hui, la Liebaertswaele compte 300 truies et de leur suite, ainsi que de 520 porcs à l’engraissement. La majorité des porcelets quittent l’exploitation à l’âge de 10 semaines. Le couple travaille selon le système des 4 semaines. « C’est très intense. Nous envisageons donc de passer prochainement à un système de 3 ou 5 semaines. »

De dreiging van de Afrikaanse varkenspest houdt veel varkenshouders bijzonder alert.
De dreiging van de Afrikaanse varkenspest houdt veel varkenshouders bijzonder alert. - Foto: LV

Et d’aborder leur lutte contre l’antibiorésistance : « Les antibiotiques étaient autrefois la solution la moins chère à un problème. Aujourd’hui, nous abordons cette problématique différemment, avec les aspects bien-être animal et économique en tête. Nous avons opté pour une truie moins productive – le nombre de porcelets par gestation est plus faible. L’avantage ? Nous épargnons du temps de travail et des coûts. Notre objectif est et reste de maintenir une situation financière saine en période de prospérité comme en période de crise économique. »

Plus fort à travers la crise

Filip et Els pensent aussi à l’avenir. Surtout maintenant que leurs deux fils montrent de l’intérêt pour l’exploitation. Ils évoquent d’ailleurs la possibilité de se lancer dans des hautes études en agronomie après leurs secondaires.

« On nous donne à nouveau la possibilité et l’ambition de franchir une étape de croissance dans l’entreprise, mais c’est toujours la même musique. En tant qu’entrepreneur, nous devons également penser à la succession, mais nous ne voulons pousser personne. Le fait est que le nombre d’élevages de porcs diminue. Mais nous avons toujours un bon œil sur le secteur et y sommes bien implantés. »

Retour sur l’année de crise 2015. « Les temps ont été très durs. Nous nous sommes dits : « Que fait-on ? » En tant que couple, nous nous sommes toujours soutenus mutuellement. Nous nous sommes battus ensemble et sommes devenus encore plus forts grâce à cela. Mais ce fut dur. »

Pour s’en sortir, ils ont dû mettre leurs dernières réserves dans l’entreprise. Les insomnies étaient devenues monnaie courante. Et les factures qui ne cessaient d’arriver… Le prix de base moyen était de 25 euros par porcelet, nous n’avons fait que des pertes cette année-là. Pour de nombreux éleveurs de porcs, la crise était celle de trop.

Un regard extérieur différent

Si le climat d’affaires est bon actuellement (nous sommes début mars, ndlr), personne n’est à l’abri d’une nouvelle crise. « C’est en partie pour cette raison que nous avons commencé à travailler différemment et plus efficacement. Moins dépendants, plus autonomes. Certains fabricants vous choient en permanence, mais le prix qu’ils vous donnent est ridiculement bas. Il était grand temps de nous entourer des bonnes personnes et d’avancer selon notre propre feuille de route. C’est là qu’Els a joué un rôle prépondérant. Je travaillais plus selon la tradition, par habitude. Els – en tant qu’extérieure – avait un point de vue différent à ce sujet. Et en effet, beaucoup de choses dans les affaires étaient non seulement chères, mais aussi totalement illogiques », admet Filip.

De dreiging van de Afrikaanse varkenspest houdt veel varkenshouders bijzonder alert.
De dreiging van de Afrikaanse varkenspest houdt veel varkenshouders bijzonder alert. - Foto: LV

Entre autres choses, l’achat d’aliments traditionnels a été revu. « Nous choisissons désormais une formulation ouverte pour les porcs. Du sur-mesure pour notre entreprise. Nous négocions nous-mêmes les prix avec les fournisseurs. Nous sommes à nouveau libres, et cela fait du bien. Si on y gagne à la manœuvre, c’est une démarche chronophage et énergivore. mais nous en sommes satisfaits », poursuit l’éleveur. D’autant que les résultats financiers suivent derrière…

Il s’agit d’une autre approche globale des opérations commerciales. Dans le passé, et comme c’est encore le cas dans de nombreuses entreprises, c’était plutôt une relation « amicale », voire trop « familière ». « Et les entrepreneurs peu scrupuleux en profitent. Une exploitation agricole est avant tout une activité économique. Nous voulons aussi en tirer quelque chose ! »

« Bien sûr, tout comme 2017, 2019 a été une bonne année pour les éleveurs de porcs avec un prix moyen du porcelet de 36,5 euros. 2020 a également bien commencé du point de vue de la rentabilité. Début mars, le prix du porcelet était à nouveau bien supérieur à 50 euros, ce qui est excellent. Mais attendons de voir comment cela va évoluer. Bien que l’ensemble du secteur porcin espère que les beaux jours vont prospérer, tout le monde le sait : les bonnes périodes sont toujours suivies de mauvaises. Ce n’est que dans les bonnes années que nous pouvons constituer des réserves pour les périodes moins favorables. C’est aussi ce que la crise de 2015 nous a appris ».

Pour un respect mutuel

Bien que la peste porcine africaine se rapproche, l’avenir semble prometteur. « Heureusement, la viande sera toujours consommée. Les marchés devront toujours être approvisionnés. Nous ne pensons même pas nous diversifier : pas de vente en circuit court. Nous ne sommes pas dans ce moule-là. Respect de ceux qui font de la transformation et dans la vente à la ferme. Els et Filip peuvent toujours vous suivre. » Grâce aux réseaux sociaux, le couple peut donner un aperçu virtuel de leur travail. De cette façon, ils entretiennent un certain contact social. S’ils reçoivent parfois des remarques négatives, celles-ci ne les atteignent pas. Le respect des deux parties est, pour le couple, essentiel !

Filip repense à des vacances en Hongrie où il estime que le respect pour l’agriculture et l’horticulture, ainsi que pour l’élevage, y est bien plus grand que chez nous. « Là-bas, les produits carnés sont mis en valeur. On ne trouve pas des stands végétariens à tous les coins de rue. Ici, c’est différent. Il y a un tel battage médiatique contre la viande, alimenté par certains médias et autres associations… Tout ce que nous demandons, c’est le respect. Que chacun compose son assiette comme il l’entend sans critiquer les choix alimentaires de ses voisins… »

D’après L.V.

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