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Enfin un nouvel élan?

Préservation de la biodiversité et du paysage, amélioration de la qualité de l’eau et du sol, limitation des émissions de gaz à effet de serre, adaptation aux effets du changement climatique… Comme la majorité des agriculteurs le sait, le programme de mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) est un menu d’actions positives pour l’environnement. Les adhérents au programme bénéficient d’une rémunération pour couvrir le manque à gagner et les coûts de mise en œuvre. L’agroenvironnement doit contribuer au développement d’une agriculture durable et, de manière particulièrement déterminante son volet relatif à la biodiversité.

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Depuis sa création, la progression globale des mesures agroenvironnementales a été très nette entre 1995 et 2009 avec une interruption pendant trois années seulement. La croissance a été plus lente de 2009 à 2012. Le succès a été à son apogée cette année-là avec 57 % des producteurs engagés dans le programme. L’année suivante on notait une chute de la participation qui n’a pratiquement pas cessé jusqu’en 2018. Elle était retombée à ce moment à 45 %. On comptait sur cette période 3.100 participants de moins au programme (passage de 8.800 à 5.700 agriculteurs engagés sur la période).

Comme montré par le graphique 1, les années 2013 à 2015 ont été très mauvaises comme suite principalement à la transition difficile entre l’ancien et le nouveau programme (suppression de mesures, suspension pendant deux ans des mesures de base, annonce de suppressions suivies de réintégrations, annonce de plafonnements finalement non retenus, nouvelles modalités d’engagement, nouvelles règles d’éligibilité et de contrôle déstabilisantes…). 2017 a annoncé une modeste reprise qu’on estime à ce moment très liée à la conjoncture en tout cas pour des méthodes liées aux cultures (tournières, bandes aménagées) en relation avec la très mauvaise année culturale 2016. La stabilisation à ce moment est aussi attribuée à celle du programme et de ses modalités administratives ainsi qu’à l’activité de plus en plus efficace déployée par Natagriwal dont le réseau de conseillers s’est fortement professionnalisé.

P-Y FIGURE

Le redémarrage récent semble net mais reste modeste par rapport au succès du début des années 2000. Quelque 47 % des producteurs sont dans le programme en 2019. Cette reprise est soutenue surtout par une revalorisation financière pour certaines mesures à partir de 2018 mais ne les touche pas toutes. Elle semble toujours d’actualité avec une bonne « demande » enregistrée pour les engagements de l’année 2020 dans les mesures ciblées selon Natagriwal.

Un redémarrage mais nous sommes très loin du but

Ce redémarrage est donc encourageant pour l’avenir à long terme du programme et rassure sur la volonté d’action des agriculteurs. On doit cependant garder à l’esprit la tendance très défavorable de ces dernières années qui a pour première conséquence de laisser la Wallonie très loin de ses objectifs environnementaux.

À titre d’exemple, pour la conservation de la biodiversité dans la zone agricole nous devrions avoir au moins deux fois plus de surfaces de prairies peu intensives sous contrat qu’actuellement. Dans les cultures, il faudrait cinq fois plus de maillage sous la forme de bords de champs, tournières, bandes et parcelles aménagées. Ceci aurait d’ailleurs notamment un effet sur la réduction de l’utilisation de certains traitements insecticides en améliorant les équilibres entre ravageurs et auxiliaires comme c’est maintenant bien reconnu même dans des cultures industrielles comme la betterave.

La réglementation wallonne et les projets de règlements européens prévoient pour la nouvelle période de la politique agricole commune l’installation de bandes de couvert végétal permanent le long des cours d’eau et un pourcentage minimum d’éléments « non productifs » dans les superficies agricoles. Le programme agroenvironnemental wallon nous a préparés à ces nouvelles normes et devrait nous accompagner dans la mise en œuvre du défi qui reste de concilier agriculture plus performante et reconstitution d’un maillage écologique beaucoup plus dense. Ce dernier est en effet indispensable pour freiner la réduction accélérée de la biodiversité, particulièrement dans l’espace agricole.

Th. Walot

UCL. Earth and Life Institute

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