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Les MAEC en détail: diminuer la charge à l’hectare pour davantage d’autonomie fourragère (MB9)

Le programme agroenvironnemental wallon présente un large panel de méthodes. Au fil des semaines, Natagriwal aura l’occasion de les passer en revue. Cette semaine, parlons autonomie fourragère...

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D’une manière générale, les méthodes wallonnes de base sont appliquées « à la carte » sur certaines parcelles, sans impact sur les autres parcelles de l’exploitation. À l’inverse, la méthode « autonomie fourragère » est une méthode dite globale car elle vise la totalité des superficies fourragères, et essentiellement de prairies permanentes de l’exploitation.

Cette méthode encourage avant tout les éleveurs à s’inscrire dans un système de production animale autonome basé sur la capacité de nourrissage à l’herbe et aux cultures fourragères produites sur l’exploitation. L’ancien nom de la méthode « autonomie fourragère » mettait moins en avant les côtés positifs mais était plus explicite : la faible charge en bétail. En effet, le principal point du cahier des charges consiste à respecter une charge limitée, sur l’ensemble de l’exploitation.

Par rapport à un élevage classique, basé sur une association herbe ensilée, maïs et soja avec une charge de plus de 2,5 UGB/ha de surfaces fourragère, l’élevage en autonomie fourragère présente des risques réduits pour l’environnement. C’est particulièrement le cas pour la protection des eaux. Il limite également les émissions de gaz à effet de serre (moins de bétail, peu ou pas d’aliments et d’engrais venant de l’extérieur de la ferme). En outre, des études ont montré que l’utilisation limitée d’engrais et d’amendements permet de retrouver une proportion plus élevée de prairies riches en biodiversité dans ces fermes. Il s’agit donc d’une méthode particulièrement compatible et cumulable avec les autres méthodes concernant les prairies, qu’il s’agisse de la prairie naturelle, de la prairie à haute valeur biologique ou de l’agriculture biologique.

Le principal point du cahier des charges de l’autonomie fourragère (MB9)  consiste à respecter une charge limitée, sur l’ensemble de l’exploitation.
Le principal point du cahier des charges de l’autonomie fourragère (MB9) consiste à respecter une charge limitée, sur l’ensemble de l’exploitation.

La mesure concerne aujourd’hui 1.100 agriculteurs pour 17% des prairies permanentes en Wallonie.

La méthode aide les éleveurs qui ont un système de production animale soutenable sur le long terme, essentiellement basé sur la capacité de nourrissage du bétail avec les fourrages produits sur l’exploitation, même en cas de conditions climatiques moins favorables comme les sécheresses de ces dernières années. C’est pour maintenir ou adopter ce mode d’élevage que les agriculteurs sont rémunérés, pour compenser la perte de revenu qui y est liée.

Rentrons un peu dans le détail

L’administration calcule le nombre de bêtes détenues sur l’exploitation qui souhaite s’engager, en utilisant le système de comptage des UGB (pour Unité Gros Bétail). Cette méthode présente l’avantage de pouvoir comptabiliser en même temps des vaches (1 UGB), du jeune bétail (entre 0,4 et 0,6 UGB), des chevaux (1 UGB) et des moutons (0,15 UGB).

Une fois cette charge en bétail calculée, l’administration se penche sur les superficies fourragères de l’exploitation. Si l’exploitant présente une charge en bétail comprise entre 0,6 et 1,4 UGB par hectare, il rentre dans les critères de la méthode. Il peut dès lors bénéficier d’un soutien s’élevant à 120 euros par hectare de prairie permanente.

Prenons un exemple concret : une ferme d’élevage dispose d’une superficie de 50 hectares, répartis entre 40 hectares de prairies permanentes et 10 hectares de maïs. Le troupeau est composé, en moyenne, de 40 vaches, 1 taureau, 30 veaux et 25 génisses, ce qui correspond à 68 UGB, soit une charge moyenne de 1,36 UGB par hectare. Cette ferme pourrait dès lors s’engager en MB9 et toucherait 4.800 euros par an pour les 40 ha de prairies.

Il existe également une variante moins exigeante de la méthode, réservée aux agriculteurs situés en dehors de la zone vulnérable pour le nitrate. Pour cette variante, l’agriculteur doit présenter une charge inférieure à 1,8 UGB par hectare. L’indemnisation est alors de 60 € par hectare de prairie permanente. Cette variante représente environ 20 % des engagements.

Vous l’aurez compris : cette méthode semble sans doute inaccessible aux fermes où la charge en bétail est élevée. En revanche, les fermes avec une charge modérée et proche du seuil d’engagement peuvent la maintenir, voire réduire leur cheptel de quelques bêtes tout en améliorant leur bilan financier et leur charge de travail.

Elle est bel et bien destinée aux éleveurs, et pas simplement aux détenteurs de prairies. En effet, si la charge en bétail présente un plafond, la ferme doit également présenter suffisamment de bêtes pour atteindre la charge minimale de 0,6 UGB par hectare, faute de quoi les paiements sont réduits.

Comme il s’agit d’une méthode de base, vous n’avez pas besoin de l’intervention d’un conseiller pour vous engager. Si vous avez des questions, ce dernier pourra néanmoins y répondre. Vous trouverez les coordonnées sur www.natagriwal.be, en tapant le nom de votre commune, ou tout simplement en appelant le secrétariat au 010/47 37 71. Leur newsletter devrait donner prochainement des solutions pour faciliter le calcul de la charge.

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