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A la HEPN agro Ciney: trois mois (de stage) pour explorer le monde

Après la vanille à Madagascar, le biochar (Pérou, Bénin et Colombie) et la protection de la nature (Burkina Faso, Afrique du Sud et Bénin), cette fois la Haute école de la province de Namur nous emmène à la rencontre de Corentin Jaaques, un bachelier en agronomie, parti faire son stage en Roumanie.

Temps de lecture : 4 min

P our la troisième année consécutive, un étudiant de la HEPN Agro Ciney a la chance de faire son stage de fin d’études de trois mois en Roumanie, et plus exactement dans l’Exploatatia agricola Birda, une ferme située au sud de Timisoara. Sa singularité ? Elle est en agriculture biologique et sur une surface de 1.600 hectares d’un seul bloc entièrement clôturé.

Pour une solide expérience

Autre particularité, les deux enseignants qui se rendent à Timisoara, où ils vont évaluer Corentin, sont accompagnés de 3 étudiants. L’un d’eux, F. Regout, y réalisera un reportage avec son drone. Son projet est de travailler avec ces aéronefs dans l’agriculture, mais pas seulement. Les deux autres, F. Meunier et F. Haeghens, sont candidats pour un stage l’an prochain sur cette ferme. Le but est qu’ils se familiarisent dès aujourd’hui à l’environnement, de manière à être opérationnels au plus vite. D’autant que la démesure est de circonstance. Toutes les machines qu’ils piloteront sont en 9 m de large. Les tracteurs sont de grosses puissances et piloter un Quadtrac Case IH n’est pas habituel en Wallonie. Cependant, puissance n’empêche pas précision, puisque les engins travaillent en Controlled Traffic Farming (CTF) grâce à l’autoguidage Real Time Kinematic (RTK). Une personne motivée et passionnée par les grandes cultures trouve là le moyen de prendre confiance en acquérant une solide expérience.

Le Relay cropping au centre

Dans le cadre de son stage, Corentin fait des essais de relay-cropping, une technique culturale récente et très pointue visant notamment à diminuer les engrais chimiques et à favoriser la résilience de l’exploitation (changements climatiques, conservation et fertilité des sols, etc.) par des associations de cultures (froment-soja) rendant des services écosystémiques (fixation d’azote, pompe biologique, désherbage…). Les perspectives d’expérimentation à venir sont colossales. Il faut dire que Nicolas Lefèbvre, le gérant, a une envie permanente d’évoluer, ce qui permet d’échanger énormément avec lui et d’essayer tout ce qui est possible sur l’exploitation. Les innovations sont permanentes.

Les énergies renouvelables, l’informatique et les nouvelles technologies, sont également au rendez-vous. Sur la deuxième ferme, les étudiants font face à 9.000 ha. Ils découvrent les enjeux de la biomasse (5.103 ha de forêt implantés), mais aussi de la puissance de la gestion. Au cœur du système, un logiciel développé en interne qui cybersurveille les opérations. Consommations de carburant, de semences… sont suivies en « live ». Dès qu’un tracteur sort du périmètre, une alerte est envoyée sur les gsm des responsables. Un engin fait le plein de carburant ; la comptabilité est informée instantanément. La gestion sur de telle surface impose un mode d’opérations proportionnel. Froylan retrouve les drones qui servent à diverses fonctions. Ces étudiants, déjà très réputés en Excel, vibrent devant les perspectives des NTIC.

Un stage sur mesure

Le profil des jeunes qui partent sur de telles exploitations requiert au minimum de savoir utiliser les engins d’une ferme. Cela ne signifie pas qu’il faut être issu du milieu agricole, mais cela aide évidemment.

Outre les compétences agronomiques à posséder pour gérer le relay-cropping, Corentin se retrouve plongé dans la mécanique puisqu’il participe à la construction de prototypes ou la modification de machines.

Autres qualités attendues : l’envie de partir (s’adapter à d’autres cultures), de continuellement apprendre et l’enthousiasme. La motivation, l’autonomie, le goût de l’effort et la force de travail vont de soi. Quant à la compétence, elle se jugera au long du parcours scolaire.

La Roumanie n’est pas la seule destination que propose la HEPN. La Pologne, la Hongrie, le Québec, la RDC, le Burundi, le Costa Rica et la Belgique (sans que la liste soit exhaustive), sont autant de destinations possibles. Au total, c’est plus de 50.103 ha qui peuvent accueillir les étudiants aventuriers. Chaque année, de nouvelles portes s’ouvrent sur le monde.

Si vous êtes attirés par de telles aventures, rejoignez-nous. Le monde du travail a besoin de vous. D’ailleurs, 100 % des étudiants ayant fait leur stage en Roumanie ont reçus une offre d’emploi. Corentin pourrait d’ailleurs partir pour la France ou rester en Roumanie sur de grands domaines. Mais il préférera sans doute revenir sur sa ferme familiale qui lui manque après ces mois passés loin de chez lui.

W. Couttenier, C. Jaaques,

F. Haeghens, F. Meunier

& F. Regout.

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