Ovinpiades 2020: de la formation… à la consécration européenne

Une septantaine d’étudiants ont participé à la journée de formation  au  Centre de Recherche Ovine (UNamur).
Une septantaine d’étudiants ont participé à la journée de formation au Centre de Recherche Ovine (UNamur).

L es Ovinpiades des jeunes bergers ne sont autres que la compétition européenne pour les jeunes passionnés de mouton. Elle rassemble des épreuves pratiques et théoriques pour découvrir le métier d’éleveur de l’intérieur. Elles s’adressent aux étudiants de l’enseignement agricole âgés de 16 à 24 ans.

La France en exemple

Voilà maintenant 15 ans qu’elles existent en France qu’elles s’inscrivent dans le programme Inn-Ovin, qui vise à répondre au défi de l’installation ovine avec deux grands objectifs :

– produire davantage d’agneaux et de lait pour satisfaire la demande et ainsi créer plus d’emplois sur l’ensemble du territoire ;

– accroître le revenu des éleveurs tout en améliorant leurs conditions de travail et donc l’attractivité du métier d’éleveur ovin.

Outre la technicité et la modernité de cet élevage, les candidats découvrent, à travers les différentes épreuves, le potentiel de ce secteur : organisation du travail, équipement, aide à l’installation, conduite d’élevage (l’élevage de brebis peut être spécialisé ou complémentaire à une autre production).

La compétition se déroule d’abord au sein de chaque région française. Ensuite, les 40 meilleurs jeunes français viennent à Paris pour représenter leur région et tenter de remporter le titre de Meilleur Jeune Berger de France lors du Salon International de l’Agriculture. Chaque année ce ne sont pas moins de 750 jeunes issus de 100 établissements agricoles qui prennent part au concours.

Et en Belgique ?

L’aventure a commencé fin 2015 en Wallonie. Sous l’impulsion de Christel Daniaux (Collège des producteurs) et de Lode Baerts (professeur à l’Epasc Ciney), un premier groupe d’étudiants a ainsi pu être sensibilisé au secteur ovin et formé à ces différentes épreuves. Ils s’étaient donné rendez-vous au Centre de recherche ovine (UNamur) de Faulx-les-tombes accompagnés d’un formateur venant du Lycée Agricole de Mirecourt (Vosges).

C’est au salon Agribex cette année-là que les étudiants ont pu monter sur le ring pour la première fois afin de mettre en avant la filière ovine ! À l’issue de la journée, les deux meilleurs étudiants ont été invités à participer à la sélection régionale française des Vosges.

Et depuis, la machine s’est emballée ! Dès 2018, la France a ouvert une sélection européenne à son concours national et les étudiants wallons ont saisi la balle au bond. Les premières « Ovinpiades Wallones » ont rassemblé 15 étudiants, ensuite 50 et enfin cette année plus de 70 ! Un réel engouement se fait sentir auprès des jeunes et des écoles pour aller à la découverte du secteur ovin, souvent peu abordé dans les cursus scolaires.

Journées de formation inter-écoles

Depuis 3 ans des dizaines d’étudiants se retrouvent en automne au Centre de recherche ovine de l’Université de Namur pour une journée de formation inter-écoles. La matinée est consacrée à une partie plus théorique sur la conduite de l’élevage et sur les différentes races sous forme de quizz. L’après-midi est consacrée à des exercices pratiques dans les bergeries.

Quatre ateliers sont proposés : la manipulation des brebis, l’évaluation de la note d’état corporelle (NEC) des brebis et de leur état sanitaire, le parage des onglons et l’évaluation de l’état d’engraissement des agneaux.

Les étudiants, répartis en petits groupes de 8 étudiants, sont encadrés par des techniciens, des éleveurs, des vétérinaires et des professeurs pour effectuer ces différents ateliers.

Cette année, pas moins de 72 étudiants du secondaire et du supérieur de 7 écoles de la Wallonie (La Reid, Ciney, Huy, Bastogne, Ath et Soignies) ont fait le déplacement à Faulx-les-tombes.

Première finale belge à Agribex

Suite à cette journée de formation, tous les étudiants désireux de décrocher le titre de meilleur jeune berger se sont donné rendez-vous à Agribex pour la première finale belge. En effet, 30 étudiants wallons ont été rejoints à Bruxelles, pour la première fois, par une dizaine d’étudiants flamands venant de Geel et de Merchtem.

Il s’agissait cette fois de montrer ce dont ils étaient capables sur le grand ring du palais 1. Au menu : une épreuve de reconnaissance de race et quatre épreuves pratiques. Tous les participants ont pu démonter au jury leur capacité à réaliser les gestes quotidiens d’un éleveur professionnel devant un public nombreux réuni autour du ring.

Parmi les différentes épreuves, les étudiants doivent pouvoir évaluer l’état sanitaire, comme vérifier la
présence et la bonne position des dents.
Parmi les différentes épreuves, les étudiants doivent pouvoir évaluer l’état sanitaire, comme vérifier la présence et la bonne position des dents.

À l’issue de la journée, quatre étudiants, deux Wallons et deux Flamands, ont décroché leur ticket pour la finale européenne à Paris. C’est ainsi que Victorien Mathieux de l’EPASC (Ciney) termine meilleur jeune berger wallon devant Julien Roisin IPES (Ath). Côté flamand, c’est Cisse Boen qui devance Luka Scheelen, tous deux venant du Sint Jozef Geel Instituut.

La présidente de la Fédération Nationale Ovine Française (FNO), Michèle Baudouin, était aux côtés de Jean Devillers, président du Brussels Livestock Show, pour la remise des prix. L’objectif ? Soutenir les futurs jeunes éleveurs et rappeler l’importance de travailler ensemble entre voisins au développement de ladite filière ! Amaury Alexandre, député de la province de Namur en charge de l’agriculture et Jean Devillers, président du Brussels Livestock Show, ont également tenu à féliciter tous les étudiants pour leurs performances.

Grande finale européenne au Sia à Paris

Ensuite, direction Paris avec l’équipe belge ! Cette année la section européenne était relevée. En effet, les participants venaient de régions où l’élevage de moutons est une véritable tradition : Angleterre, Ecosse, Pays de Galle et Irlande.

La section européenne des Ovinpiades : Angleterre, Irlande, Pays de Galles, Ecosse et Belgique.
La section européenne des Ovinpiades : Angleterre, Irlande, Pays de Galles, Ecosse et Belgique.

La journée débute par le quizz technique et économique sur l’élevage ovin européen. Ensuite, il s’agit d’identifier 10 races parmi les 42 présentes sur le salon ; de la Manech à tête Rousse par exemple, en passant par le Cotentin, la Lacaune, le Texel, le Berrichon du Cher, le Rouge de l’Ouest ou encore l’Ile de France ou le Mérinos.

La journée se poursuit par les épreuves pratiques sur le grand ring des concours. À chaque atelier, une fois l’exercice terminé, c’est l’occasion d’échanger et de discuter avec les membres du jury (techniciens et éleveurs) de l’exercice réalisé et de repartir avec des conseils pour encore s’améliorer.

La manipulation et l’évaluation des agneaux d’engraissement se déroulent très bien. L’équipe belge est impressionnante à l’épreuve du tri, ils obtiennent tous le maximum des points. Par contre, le bât blesse au niveau du parage. Un point à améliorer pour la prochaine fois.

Si la journée fut stressante pour nos candidats, la remise des résultats fut libératrice ! En effet, un étudiant wallon est appelé juste avant la proclamation avec un étudiant anglais pour une question subsidiaire, ils étaient à égalité parfaite au bout des 6 épreuves de la journée. La suite, vous la connaissez, Victorien Mathieux remporte la section européenne des Ovinpiades des Jeunes Bergers 2020 à tout juste 16 ans ! Dans un classement officieux, établi en éliminant les deux épreuves françaises non retenues pour la section européenne, Victorien se classe de justesse sous le premier Français.

Encore bravo à tous !

C. Régibeau

Elévéo asbl

Les ovinpiades en six épreuves

Les ovinpiades sont constituées de six épreuves. Les voici :

– un quizz et une reconnaissance de race ;

Le quizz est destiné à valider les connaissances sur l’élevage ovin (filière, alimentation, reproduction, génétique, santé…) et une épreuve de reconnaissance de races parmi 10 sélectionnées.

– trier les brebis avec un lecteur de boucles électroniques ;

Trier les animaux est primordial pour bien gérer son troupeau et lui permettre d’exprimer tout son potentiel. Les candidats auront pour mission d’isoler des brebis repérées parmi un lot de 15 brebis, en les faisant passer dans un couloir de contention pour lire les informations contenues dans leur boucle électronique.

– apprécier la santé des brebis ;

Santé publique, bien-être animal, compétitivité de l’élevage, sécurisation de la filière, sécurité pour l’environnement… les enjeux d’un troupeau en bonne santé sont cruciaux. Les candidats devront donc contenir une brebis désignée par le jury parmi un lot de femelles et en apprécier l’état de santé dans un temps limité : observation de la 3e paupière, de la dentition, des pieds, de la mamelle etc.

– manipuler et évaluer l’état corporel ;

Évaluer l’état corporel des brebis pour une meilleure productivité et connaître les risques professionnels (notamment les troubles musculo-squelettiques) d’une mauvaise maîtrise de la contention ou de la manipulation. Après avoir évalué la note d’état corporel de 3 brebis, le candidat en saisit une, la fait marcher le long d’un parcours balisé et l’assoie dans une zone définie avant de la relâcher dans le parc d’attente. La précision et les techniques de notation et de manipulation sont évaluées en veillant à ne pas favoriser la force par rapport au savoir-faire.

– Évaluer l’état d’engraissement des agneaux ;

Produire des agneaux adaptés aux besoins du marché doit être une des priorités de l’éleveur. Les candidats doivent donc être capables d’évaluer en un temps limité l’état d’engraissement et de finition de 3 agneaux.

– parer les onglons ;

Cette épreuve est l’occasion de sensibiliser les candidats à l’intérêt pour l’animal de conserver de bons aplombs et ainsi de prévenir l’apparition de certaines maladies telles que le piétin. À l’aide d’une cage de retournement qui facilite la manipulation des animaux, les jeunes taillent les onglons d’une brebis. Rapidité, précision du geste, manipulation de l’animal et respect des consignes de sécurité sont évalués.

Pour chaque épreuve, le jury est composé de 2 ou 3 personnes : un éleveur, un technicien et/ou un enseignant agricole. Un président du jury est désigné avant chaque épreuve.

Le direct

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