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Produits laitiers dans le monde: le redressement des marchés se poursuit

Après avoir décroché jusqu’à la mi-avril, les cours des ingrédients laitiers se sont redressés et ont, pour certains, retrouvé leurs niveaux d’avant crise. La fermeté des marchés se confirme sur la fin du 1er semestre. Mais la poursuite de la propagation du Covid-19 dans certaines parties du monde ou le reconfinement au sein de certains pays, ainsi que la crise économique à venir, interrogent sur la durabilité de cette reprise.

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Les évolutions des cours des fromages ont été divergentes en juin. La cotation de l’emmental, qui avait fléchi en mai, a rebondi en juin et retrouvé son niveau d’avril (+4 % par rapport à 2019), à 4.550 €/t. À l’inverse, le cours du gouda allemand a poursuivi son recul entamé en mars et a perdu 200 € en juin, à 2.610 €/t (-14 %). En 3 mois, la baisse se chiffre à -640 €/t, soit -20 %.

Les fabrications européennes de fromages ont reculé de 3 % vis-à-vis de 2019 en avril, les transformateurs ayant privilégié les fabrications de beurre/poudre. La consommation dans l’Union européenne a affiché un net repli, notamment en RHD (restauration hors domicile) et dans les canaux traditionnels, partiellement compensé par des exportations en hausse. Mais au final, les stocks ont bondi en avril 2020, à près de 400.000 t et ont pesé sur les cours. L’aide au stockage privé a été fortement sous-utilisée, puisque seulement 47.700 t ont été proposées sur les 100.000 t permises par la Commission européenne.

Aux États-Unis, le cours du cheddar a montré une forte volatilité durant le mois de juin. Après avoir plongé en avril (-25 % d’un mois sur l’autre), il a entamé une remontée en mai et juin (+74 % en 2 mois) pour afficher 5.300 €/t, un record historique. Cette brusque remontée des cours s’explique par une petite baisse des fabrications de cheddar en mai en même temps qu’une demande en forte hausse depuis le déconfinement de plusieurs États. La tension sur le marché des fromages a obligé les sites de fabrications à fonctionner à pleine capacité en juin.

En outre, l’USDA a annoncé poursuivre les achats de produits alimentaires en juillet en août, pour 1,16 milliard de dollars, après 1,2 milliard en mai et juin (sur une enveloppe totale de 3 milliards de dollars). Les stocks de fromages états-uniens se sont quasi-stabilisés en mai, à des niveaux très élevés (+21 % par rapport à 2019). Mais un retournement du marché est redouté par les opérateurs. Les prix très élevés début juillet sont difficilement tenables car le cheddar états-unien n’est plus compétitif sur le marché mondial. Sans oublier, les mesures de reconfinement en cours dans plusieurs États qui devraient freiner la consommation.

Convergence des cours du beurre

Le marché du beurre a retrouvé l’équilibre qui prévalait avant la période de confinement. En France, la cotation ATLA du beurre cube sur le marché spot a regagné 800 €/t depuis le creux atteint mi-avril. Début juillet, il a retrouvé, son niveau de début mars, à 3.400 €/t (-11 % par rapport à 2019). Le cours du beurre départ Europe de l’Ouest affiche une moyenne de 3.166 €/t en juin, en recul de 3 % d’un mois sur l’autre.

La production européenne de beurre a progressé en avril de 3 %, tirée par l’Allemagne, l’Irlande et la Pologne, tandis qu’elle a reculé de 1 % en France. Malgré les exportations européennes soutenues en avril, grâce à la très bonne compétitivité sur la scène internationale, les volumes supplémentaires ont eu plus de mal à s’écouler. Les stocks européens de beurre ont donc bondi en avril de 40.000 t, pour atteindre 221.000 t. L’aide au stockage privé reste cependant sous-utilisée, puisque seulement 67.200 t de beurre ont été proposées sur les 140.000 t disponibles. Les démarches apparemment compliquées et la remontée des cours semblent avoir freiné les opérateurs dans leurs velléités.

Aux États-Unis, le cours du beurre a fortement rebondi en mai et juin pour afficher 3.630 €/t (-22 %) et les stocks se sont presque stabilisés à niveau encore relativement élevé (172.000 t, soit +21 %).

Poudre de lait écrémé : relative fermeté du marché

La cotation ATLA de la poudre maigre avait rebondi de +440 €/t entre son point bas mi-avril et début juin pour s’afficher à 2.310 €/t. Rappelons qu’elle avait dévissé de près de 600 € en 4 semaines entre le début du confinement et la mi-avril, pour ensuite se stabiliser jusqu’à la fin avril. L’évolution du mois de juin a été hésitante, le cours affichant une baisse à 2.150 €/t avant de retrouver son niveau de début de mois, à 2.300 €/t, montrant les incertitudes du marché. Le prix demeure cependant supérieur à celui de l’année dernière (+7 %). Cette remontée des cours en mai et sa stabilisation en juin peuvent s’expliquer par des fabrications françaises en recul en avril (-4 %) et des exportations qui ont rebondi en mai.

En Europe, les cours de la poudre maigre ont progressé en juin (+8 % d’un mois sur l’autre), à 2.150 €/kg (+5 %). Les fabrications européennes avaient reculé en mars (-5 %), mais progressé en avril (+2 %), soit un total négatif en cumulé sur les deux mois (-3 %). Les stocks de poudre maigre ont faiblement progressé en avril, à 115.000 t (+10.000 t par rapport à 2019).

Comme pour les fromages et le beurre, l’aide au stockage privé n’a pas rencontré un grand succès. Seules 20.100 t ont été proposées sur les 90.000 t disponibles. Outre les difficultés administratives, le montant de l’aide ne semblait pas très attractif. Le pic annuel des fabrications est maintenant passé en Europe et les fabrications devraient donc reculer.

Le cours de la poudre maigre aux États-Unis a affiché une hausse pour le 2e mois consécutif, à 1.980 €/t en juin. La levée du confinement dans plusieurs États et la bonne compétitivité du produit à l’international ont tiré la demande. Les exportations de poudre maigre en mai ont ainsi progressé de 25 %. En conséquence, les stocks de poudre, après avoir bondi en avril, ont fortement reculé en mai (-22 % d’un mois sur l’autre), pour s’établir à 156.000 t au 1er juin, soit + 27.000 t par rapport à 2019.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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