Zones tampon: des outils pour la mise en œuvre de ces espaces de non traitement!

Pour faciliter le travail de lecture des étiquettes et de conversion de la largeur des zones tampons, l’asbl Protect’eau a développé différents outils à l’attention des agriculteurs et entrepreneurs.
Pour faciliter le travail de lecture des étiquettes et de conversion de la largeur des zones tampons, l’asbl Protect’eau a développé différents outils à l’attention des agriculteurs et entrepreneurs.

Le 17 juillet dernier, Phytoweb publiait un communiqué de presse annonçant l’intention du Fédéral de mettre à jour les valeurs des zones tampon indiquées sur l’étiquette des produits phyto. Objectif : tenir compte des obligations régionales en matière de réduction de la dérive de pulvérisation d’au moins 50 % par rapport à une « technique classique ». Le but est de simplifier le message pour les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques.

Le respect des zones tampon constitue une mesure efficace pour protéger nos cours d’eau et la biodiversité à proximité des parcelles agricoles. Elles protègent à la fois ceux-ci des contaminations dues à la dérive des gouttelettes de produit lors de la pulvérisation, et celles dues aux eaux de ruissellement potentiellement chargées en produits par contact avec le sol ou la culture.

Pourquoi est-ce si important que des produits phyto n’atteignent pas les nappes d’eau ?

Les produits phyto sont nocifs pour l’eau et la biodiversité. Les sols agricoles ont la capacité de dégrader les substances actives grâce à la vie microbienne qu’ils abritent. Plus un sol est « vivant », c’est-à-dire riche en microorganismes, plus il sera efficace pour « métaboliser » ces molécules. Mais une fois dans l’eau, certains produits phyto se décomposent beaucoup plus difficilement et peuvent devenir persistants. Par exemple, l’atrazine (interdite depuis 2004) et les molécules issues de sa dégradation (les métabolites), sont encore retrouvés de manière quasi systématique dans les eaux souterraines.

Pour rappel, l’établissement de zones tampons vise à protéger les organismes aquatiques et, de manière plus générale, les eaux de surface, des produits phytopharmaceutiques susceptibles d’être entraînés par les brumes de pulvérisation.
Pour rappel, l’établissement de zones tampons vise à protéger les organismes aquatiques et, de manière plus générale, les eaux de surface, des produits phytopharmaceutiques susceptibles d’être entraînés par les brumes de pulvérisation.

Zone tampon et « technique classique » de pulvérisation

En Wallonie, on distingue 2 catégories de zones tampon :

1.  les zones tampon minimales, correspondant à la législation régionale. Celles-ci varient de 1 à 6 m en fonction des lieux sensibles à protéger (cours d’eau, fossé…) ;

2.  les zones tampon spécifiques aussi appelées zones tampon « étiquette », correspondant à la législation fédérale. Celles-ci sont spécifiques au produit utilisé et peuvent être retrouvées sur l’étiquette du produit ou sur le site de Phytoweb. Leur largeur peut être réduite en utilisant des techniques de réduction de la dérive (50, 75 ou 90 %).Si l’utilisation d’une technique de réduction de la dérive (50 % minimum obligatoirement, voir paragraphe suivant) permet de réduire la largeur de la zone tampon étiquette, la zone tampon minimale, elle est invariable, peu importe la technique de pulvérisation.

Il est important de retenir que pour une situation et un produit donnés, il convient de toujours comparer la largeur de ces deux catégories de zones tampons (ZT) et de respecter la plus large des deux.

Les zones tampons spécifiques, actuellement mentionnées sur les étiquettes, font référence à une « technique classique » de pulvérisation, sans réduction de la dérive. Or, la Flandre et la Wallonie (depuis janvier 2019) imposent désormais de réduire la dérive de pulvérisation de minimum 50 % à l’aide de techniques reconnues et publiées sur Phytoweb (buses anti-dérive, pulvérisateur à assistance d’air…).

Un communiqué de Phytoweb, paru sur leur site le 17 juillet dernier, mentionne la volonté du Fédéral de tenir compte, dans le futur, du pourcentage minimum de réduction de la dérive de 50 % sur l’étiquette des produits. Ceci représente déjà un premier pas vers une simplification. Cependant, l’emploi de techniques anti-dérive classées à 75 ou 90 % permet également de réduire la largeur de la zone tampon. Dans ces cas, il devient alors nécessaire de savoir convertir la largeur mentionnée sur l’étiquette du produit utilisé.

D’autres mesures de réduction du risque, comme, par exemple, l’obligation de réduire la dérive pour protéger les organismes non-cibles, peuvent également s’ajouter pour certains produits. Dans ce cas également, une interprétation de la zone tampon indiquée sur l’étiquette est nécessaire.

En attendant cette simplification annoncée, quels sont les outils pouvant aider à y voir plus clair ?

Pour faciliter ce travail de lecture d’étiquette et de conversion de largeur de zone tampon, l’asbl Protect’eau a développé différents outils à l’attention des utilisateurs de produits phyto. Ils sont disponibles gratuitement sur le site internet (www.protecteau.be > publications > fiches techniques et autres outils) et également auprès de ses conseillers techniques.

Autocollant « Les zones tampon en détail »

Un tableau synthétise les législations régionale et fédérale concernant les zones tampon présentées dans la première partie de cet article. Celui-ci détaille les lieux sensibles le long desquelles les zones tampon « minimale » et « étiquette » doivent être respectées. Une subtilité y est indiquée correspondant aux cas où les zones tampon étiquette ne doivent pas être respectées s’il y a absence d’eau au moment de la pulvérisation. Ce tableau est disponible en format « autocollant ». Ce format est très pratique car il peut être collé dans un classeur, dans son pulvérisateur ou dans son carnet de champ. Pour l’obtenir par courrier, n’hésitez pas à contacter le conseiller Protect’eau de votre région.

Fiches zones tampon par culture

Des tableaux de conversion des zones tampon étiquette en fonction du pourcentage de réduction de la dérive existent. Néanmoins, ce travail de conversion est fastidieux. C’est pourquoi l’asbl a développé des fiches zones tampon par culture qui compilent la liste des produits agréés et, pour chacun d’eux, la largeur de la zone tampon à respecter en fonction de la technique de réduction de la dérive utilisée, tout en tenant compte des zones tampons minimales qui sont d’application en Wallonie, selon la zone sensible concernée (cours d’eau, fossé…).

Les fiches «zones tampons par culture» sont utiles pour comparer les produits entre eux.
Les fiches «zones tampons par culture» sont utiles pour comparer les produits entre eux.

Les deux premières colonnes « Protection des eaux de surface » reprennent les zones tampon et mesures anti-dérive qui doivent être respectées 1) le long des masses d’eau naturelles et artificielles ; ou 2) le long des fossés de bord de route ou de drainage, ainsi que le long de terrains non cultivables reliés à un collecteur d’eau de pluie ou une eau de surface. La fiche reprend également les obligations relatives à la « Protection des organismes non-cibles » lorsqu’il y en a. Cette information est reprise dans la troisième colonne des fiches. L’outil est également particulièrement intéressant pour comparer les restrictions d’utilisation des produits entre eux avant d’effectuer ses achats.

Liste de buses

Pour accéder facilement à la liste des buses anti-dérive classées à 50, 75 ou 90 % de réduction de la dérive reconnues en Belgique, vous pouvez onsulter la fiche « Buses anti-dérive reconnues en Belgique » sur le site. Les buses y sont classées par pourcentage de réduction de la dérive et par technologie (pastille de calibrage, aspiration d’air…).

Par ailleurs, si vous souhaitez des informations concernant le calibre des buses (couleur), l’impact de votre choix sur la taille des gouttes, ou sur vos habitudes de travail (vitesse, pression, vol/ha), d’autres fiches relatives à la pulvérisation sont également à votre disposition. Pour un conseil personnalisé, n’hésitez pas à faire appel à votre conseiller Protect’eau.

Formations phytolicence

Vous vous posez toujours de nombreuses questions sur la réglementation zones tampon ou sur l’usage de buses anti-dérive ? Les équipes de l’asbl animent des formations sur ces sujets. Les contenus phyto font, par ailleurs, l’objet d’un agrément phytolicence. Il n’y a pas besoin d’être très nombreux pour solliciter une formation. Si vous faites partie d’un Ceta, d’une section locale ou d’un autre type de collectif, n’hésitez pas à contacter lesdites équipes ou à consulter la page www.protecteau.be > phyto > professionnels > Formations.

Site web

Le site web de Protect’eau regorge d’autres informations techniques et réglementaires en matière de manipulation de produits phyto.

Plus d’infos : info@protecteau.be ; www.protecteau.be.

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