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Maraîchage: surveiller de très près la mouche mineuse des alliacées

Les observations sur la présence de la mouche mineuse des alliacées redémarrent. En Wallonie, les parcelles de poireaux sont disséminées sur l’ensemble du territoire. Il convient de rester attentif aux messages émis par les services de suivi, mais aussi de prévoir des observations à la parcelle.

Temps de lecture : 5 min

La mouche mineuse (Phytomyza gymnotoma) peut provoquer d’énormes dégâts. Ce ne sont pas tellement les piqûres de nutrition, mais bien les galeries creusées par les larves qui provoquent des déformations et la présence des pupes dans le fût des poireaux. Le feuillage de ces légumes se déforme, les fûts éclatent et ne sont plus commercialisables. Deux générations par an provoquent leur pic de dégâts, au printemps et en automne.

Les dégâts sont devenus très importants depuis la vague de vol de cette mouche en 2008-2009 (voir aussi notre édition du 20 mai 2016). La présence simultanée de plantes porteuses de pupes au printemps et de jeunes poireaux en pépinière ou venant d’être plantés permet le cycle complet de la mouche sur le site de la ferme maraîchère.

Les bordures des parcelles et les plantes pièges de ciboulette sont à surveiller de près dès le début septembre pour repérer les piqures de nourrissement.
Les bordures des parcelles et les plantes pièges de ciboulette sont à surveiller de près dès le début septembre pour repérer les piqures de nourrissement. - F.

Depuis cette époque des années 2008-2009, il semble que des auxiliaires se soient progressivement installés chez nous. Mais il est encore trop tôt pour oser penser que nous en sommes à une rémission à la suite de l’adaptation des ennemis naturels comme ce fut observé dans les pays au sud-est de notre région.

Le cycle

de la mouche mineuse

L’adulte est une mouche de 3 mm de longueur de couleur grise. Ses ailes sont transparentes et plus longues que le corps. Lors du vol, la mouche se nourrit en piquant le feuillage de plantes de la famille des alliacées. Le poireau et la ciboulette sont très attractifs, l’oignon et l’échalote moins. Les piqûres sont alignées et laissent des traces visibles. Nous les appelons « piqûres de nourrissement ».

Le mâle et la femelle s’accouplent dans les deux jours qui suivent leur sortie des pupes. La femelle incise la feuille de la plante avec son ovipositeur et pond ses œufs à l’intérieur de la feuille.

Des œufs sortent des larves de couleur jaune. Elles se nourrissent en rongeant le parenchyme des feuilles. Elles évoluent dans les tissus foliaires et descendent jusqu’à la base du fût ou de la plante en suivant un itinéraire rectiligne ou presque. Les larves mesurent 6 mm de longueur à la fin de leur développement. Les traces de mine sont internes, elles ne pourrissent pas.

Les larves s’empupent au niveau du fût du poireau. Les pupes sont de couleur rougeâtre à brunâtre. Leur présence nombreuse provoque l’éclatement du fut du poireau.

Nous constatons chez nous deux générations de la mouche mineuse des alliacées :

– le 1er vol de la première génération s’étend d’avril à juin. Il n’y a pas de vol en été durant une période plus chaude, c’est la diapause estivale ;

– le 2e vol commence dès le début septembre. C’est lui qui nous amène les pertes importantes constatées dans les fûts de poireaux en automne et en hiver. Sur les débris végétaux abandonnés sur place ou près de la ferme, les pupes donneront les adultes du printemps suivant, après l’hibernation.

Les vols vont reprendre, prudence !

Les premiers vols n’ont pas encore commencé, c’est pour très bientôt, soyons vigilants. La période de risque d’automne couvre septembre et la première quinzaine d’octobre. Nous devons être très attentifs à l’apparition de piqûres de nutrition.

Pour faciliter les observations, il est temps d’installer des plantes de ciboulette aux bords de la parcelle concernée. Ces plantes très attractives pour la mouche mineuse permettront une meilleure réussite de nos observations. Elles seront sacrifiées ultérieurement pour ne pas servir de source d’inoculum en fin de saison !

Les conditions chaudes et sèches de ce printemps et de cet été sont défavorables à la mouche des alliacées. Mais nous devons rester attentifs pour la fin de l’été et l’automne.

Les dégâts sur les futs de poireaux peuvent être considérables.
Les dégâts sur les futs de poireaux peuvent être considérables. - F.

La lutte en pratique

Plusieurs types de mesures sont vivement recommandés.

Hygiène d’exploitation

Les débris de cultures enfouis très superficiellement sont rapidement explorés par des auxiliaires présents dans le sol et capables de se nourrir des pupes ou des larves. Le cycle s’arrête alors. Les tas de déchets de triage mis à composter avec élévation de la température permettent la mortalité des larves et des pupes.

Mesures préventives

La rotation seule ne suffit pas comme mesure prophylactique, les adultes volent sur plusieurs centaines de mètres au moins à la recherche d’alliacés hôtes.

Les cultures associ ées ne suffisent pas pour perturber la mouche mineuse dans cette recherche de plantes accueillantes.

La pose de voile anti-insecte de maille de 0,8 mm fonctionne bien si le placement est suffisamment hermétique. Les poireaux seront à protéger avec des filets aux mailles de maximum 0,8mm, en particulier lors des deux périodes à grands risques (avril et fin août jusque novembre). Cela ne suffit pas, il faut encore sacrifier une ou deux rangées en bordure de parcelle et qui ne seront pas couvertes de filets. Ceci permet de limiter le risque de constater que les mouches s’acharnent à pondre à travers des filets dans la parcelle. Bien entendu, ces rangées « extérieures » seront sacrifiées ultérieurement.

Des auxiliaires se sont installés progressivement et diminuent significativement les dégâts en culture. L’emploi d’insecticide sur culture complique leur installation.

Plusieurs insecticide s sont homologués dans la lutte contre les mouches mineuses en poireaux. Consulter https ://fytoweb.be/fr.

Les mesures préventives et la lutte active sont vraiment efficaces quand elles sont pilotées sur la base des observations des vols.

Les produits insecticides peuvent être utilisés sur les adultes lors du vol et répétés après une semaine étant donné leur efficacité sur les jeunes larves sortant des œufs. N’oublions pas de tenir compte des délais avant récolte.

En résumé : surveiller de près les piqûres de nourrissement pour intervenir efficacement.

F.

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