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À l’issue d’un dialogue nourri au marché couvert de Ciney, le ministre Clarinval se pose en facilitateur

Vendredi 16 octobre, pour sa première prise de contact officielle avec le secteur agricole depuis ses prises de fonctions au fédéral, le ministre Clarinval a rencontré les marchands au Marché couvert de Ciney. Une première sortie pour « témoigner sa considération envers l’ensemble des travailleurs des secteurs de l’élevage et de l’agriculture ».

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«  Le monde agricole en général est un monde que je connais très bien ; je suis issu d’une commune rurale et de par ma profession, j’ai côtoyé beaucoup les agriculteurs et je suis naturellement très proche de leurs préoccupations… mais je dois bien avouer en avoir découvert de nouvelles, à l’issue de cette rencontre avec des éleveurs de bétail bovin, marchands, transporteurs et représentants d’abattoirs», indique d’emblée David Clarinval, fraîchement nommé ministre fédéral des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture, des Réformes institutionnelles & du Renouveau démocratique.

De la considération, svp !

Le nouveau ministre fédéral déplore la stigmatisation totalement injuste qui frappe trop souvent les agriculteurs et les éleveurs.

« Ceux-ci exercent une profession qui mérite d’être soutenue et considérée à sa juste valeur. On les caricature souvent, voire pire, on les sabote. Certaines organisations de pression, certaines ONG donnent une image très sombre de la profession, la salit alors qu’elle est non seulement respectable, mais également vitale pour l’ensemble de nos concitoyens. »

« J’ai été au Parlement fédéral pendant près de 12 ans. Quand on parle de l’agriculture dans cette institution, c’est rarement pour en faire la promotion. Je veux apporter aux agriculteurs de la compréhension, du soutien, de la considération et de l’empathie. C’est l’attente légitime d’un secteur auquel certaines forces politiques ne sont pas nécessairement à l’écoute, et qui a trop souffert dans le passé d’une vision caricaturale de leur métier. Et je pense que mes origines et mon attachement à la ruralité sont de nature à les rassurer, affirme David Clarinval.

Une énorme pression ressentie

Les messages délivrés par les éleveurs, marchands, transporteurs, représentants d’abattoirs ont été nombreux lors de cette matinée à Ciney. Ils traduisent, si pas un malaise profond, tout au moins une pression énorme, et ce pour diverses raisons.

Le ministre de l’Agriculture retient d’abord ce manque de considération déjà évoqué : « une image écornée par des émissions chocs à la télévision, par des ONG irrespectueuses, la caricature de leurs activités, les attaques sur l’élevage coupable de tous les maux. À la longue, cette accumulation de reproches, de dénigrements est usante, pesante, crée de la fébrilité. »

David Clarinval identifie également le sentiment pour tous ces professionnels de l’élevage « d’être l’objet de tracasseries administratives énormes. Ils disent faire l’objet de contrôles tatillons, d’une absence de compréhension et expriment le besoin de davantage de collaboration et de confiance de la part des autorités publiques (Fédéral et Régions) plutôt qu’un bâton pour les punir dans un esprit de suspicion a priori ».

Les professionnels de la filière évoquent également un nombre considérable de ponctions financières (double prise de sang, nettoyages multiples de camions pour un même voyage, etc.) parfois renforcées de tracasseries et d’amendes administratives… qui s’accumulent et pèsent sur leurs marges bénéficiaires et mettent en péril la rentabilité et l’attractivité de leurs métiers.

Les différents intervenants présents au marché couvert aux bestiaux de Ciney n’ont pas manqué d’interpeller le nouveau ministre sur tous les dossiers chauds qu’ils souhaitent voir se résoudre d’une manière apaisée et collaborative.
Les différents intervenants présents au marché couvert aux bestiaux de Ciney n’ont pas manqué d’interpeller le nouveau ministre sur tous les dossiers chauds qu’ils souhaitent voir se résoudre d’une manière apaisée et collaborative. - M. de N.

Déminer le terrain

L’affaire Veviba serait-elle l’élément déclencheur de raidissements entre le secteur et l’administration, faisant glisser la présomption d’innocence vers une présomption de culpabilité ?

« Lors de mes nombreux contacts dans le marché et durant la réunion technique qui a suivi, beaucoup m’ont fait part d’une plus grande difficulté dans les relations avec des organismes tels que l’Afsca et l’Arsia. Des éleveurs, marchands, transporteurs… déplorent le manque de confiance mutuelle. Ils se disent suspectés a priori, jusqu’au moment où ils ont pu faire la preuve de leur bonne foi. Autrement dit, la présomption de culpabilité serait de mise, alors que cela devrait être l’inverse. ».

Faisant référence à son expérience de bourgmestre et de député, David Clarinval identifie le principe de précaution comme une source fréquente de conflits. « L’administration ne veut plus prendre de risques, veut se couvrir, et le bon sens n’a plus cours par crainte de problèmes. C’est aussi à niveau là qu’il faut essayer de rassurer les uns et les autres. »

Au sujet de l’Afsca, le ministre n’entend pas s’engager dans des réformes majeures, qui en outre ne lui ont pas été demandées, mais dit vouloir remettre de la confiance, de la compréhension dans les relations, rapprocher les différents interlocuteurs. « Le secteur est en demande d’un partenariat avec l’administration, plutôt qu’une confrontation avec celle-ci. Garantir la sécurité alimentaire optimale dans le pays n’est pas une chose simple, il faut trouver le bon équilibre et je ne suis pas là pour critiquer les uns ou les autres. »

David Clarinval se présente donc comme le facilitateur d’un dialogue constructif entre les parties. « Ce sera ma première tâche. Et si ce rapprochement ne s’avère pas suffisant, il faudra peut-être aller plus loin ».

L’excès est l’ennemi du bien

Concernant la commercialisation du bétail, David Clarinval souligne qu’« à force de rendre les contraintes tellement grandes sur un marché, parce que celui-ci est visible, on risque de produire l’effet inverse, c’est-à-dire à favoriser les marchés parallèles de gré à gré, échappant alors à toute transparence. Autrement dit : l’excès de contrôle d’un côté peut engendrer des comportements totalement opaques de l’autre. Et au final, la situation sanitaire en sera moins bonne, et tout le monde sera perdant ».

La concurrence déloyale fait très mal !

Évoquant enfin la problématique du Mercosur, le ministre fédéral affirme que le volet agricole de l’accord commercial avec l’UE n’est pas acceptable dans sa forme actuelle et est donc à revoir. « La concurrence déloyale est un poison. Il n’y a rien de plus frustrant et démotivant que cela ! Nos agriculteurs et éleveurs travaillent dans le respect de normes sociales, sanitaires, de bien-être animal, environnementales les plus élevées dans le monde et ils en paient le prix… et au final, ils doivent subir la concurrence déloyale de producteurs de pays qui sont soumis à des contraintes beaucoup plus faibles et bien moins onéreuses. ce n’est pas admissible ».

M. de N.

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