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CIPAN: les maintenir en place pour la «Saint Nicolas»

Les épisodes de sécheresse sont devenus fréquents dans nos régions. Cela n’est pas sans conséquence sur le démarrage des couverts intermédiaires et le piégeage du nitrate. Comment protéger les ressources en eau malgré tout? Eclairage avec l’asbl Protect’eau.

Temps de lecture : 3 min

Le manque d’eau en début d’interculture ne permet pas toujours d’implanter une culture intermédiaire piège à nitrate - cipan – dans de bonnes conditions ou dans des délais raisonnables. Le démarrage du couvert est freiné, retardant le piégeage du nitrate initialement recherché. L’azote résiduel du sol est alors sujet au lessivage par les potentielles pluies automnales et peut rejoindre les eaux souterraines.

Risques et recommandations

Les prélèvements APL dans les fermes de référence en 2019 ont mis en évidence que l’apport estival d’engrais de ferme pouvait représenter un risque pour la qualité des eaux si de bonnes pratiques n’étaient mises en œuvre après l’épandage. Cette année-là, les mois de juillet à septembre accusaient un déficit hydrique de 30% par rapport à la normale. Parmi les parcelles de céréales suivies d’une culture de printemps échantillonnées, environ la moitié avait bénéficié d’un apport d’engrais de ferme en été. Au début de la période de prélèvement, l’APL moyen de ces parcelles était deux fois plus élevé que celui des parcelles non amendées.

«Dans ce genre de situation, il est primordial de laisser les cipans en place au-delà de la date réglementaire autorisant leur destruction. Quelques semaines supplémentaires permettront aux couverts de remplir leur mission de piège à nitrate», indique Christophe Vandenberghe (Grenera, Gembloux Agro-Bio Tech). La destruction pourra avoir lieu en décembre, après la Saint Nicolas. »

D’autres situations à risque sont identifiées tels qu’un semis tardif de ciopan ou une levée du couvert hétérogène consécutive à une technique de semis inadaptée.

Environnement et investissement : un double avantage

Prolonger la durée du couvert permet également de valoriser l’investissement réalisé. « En se décomposant, le couvert libérera de l’azote qui sera disponible pour la culture suivante. Cet effet engrais vert dépend de la biomasse et du rapport carbone/azote du couvert enfoui. Si le rapport C/N est favorable, on observe que plus la biomasse est abondante au moment de la destruction, plus l’effet engrais vert est important (voir tableau)», relève Marc De Toffoli (Elia, UCLouvain).

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A la date où le calendrier règlementaire autorise la destruction, il est donc parfois intéressant de laisser le couvert en place pour maximiser son intérêt agronomique, si les conditions climatiques sont favorables. « Le travail de destruction peut être planifié en commençant par les parcelles semées plus tôt ou qui présentent une bonne biomasse. L’objectif est d’atteindre un minimum d’1,5 à 2 tonnes de matière sèche par ha. Cela représente un couvert proche de la hauteur du genou. »

Bon à retenir

La sécheresse estivale a freiné le développement des cipans. Pour leur permettre de jouer leur rôle de piège à nitrate, il est vivement conseillé de les laisser en place plusieurs semaines au-delà de la date règlementaire autorisant leur destruction. Les situations particulièrement à risque sont les parcelles ayant reçu des engrais de ferme en été, les couverts semés tardivement et ceux dont la levée s’est révélée hétérogène ou étalée dans le temps.

En outre, lorsque le rapport C/N est favorable, plus la biomasse est abondante au moment de la destruction, plus l’effet engrais vert est important.

Pour plus d’infos: www.protec teau.be.

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