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Ce que Biden prévoit de changer pour les farmers

Avant que le président nouvellement élu soit connu, les deux candidats avaient répondu aux questions du syndicat agricole majoritaire, le Farm Bureau. Leurs réponses divergeaient sur tous les dossiers, à l’exception de la gestion des risques et des biotechnologies. Joe Biden veut notamment accélérer la séquestration du carbone.

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Le président élu Joe Biden devra proposer une réforme du Farm Bill en 2022. Sur ce plan, il n’a pas proposé de réorientation majeure dans la distribution des aides, orientée vers la gestion des risques depuis l’introduction du soutien à l’assurance en 2008 et de l’aide contracyclique en 2014.

Raccord avec Trump sur l’assurance et la biotech

Les deux (ex)candidats majeurs sont favorables au soutien à l’assurance et une protection des revenus des agriculteurs. « L’assurance récolte et les outils de gestion des risques sont très importants pour les agriculteurs », estime Joe Biden. Autre consensus – qui ferait davantage débat en Europe : les deux personnalités sont favorables à l’usage des biotechnologies en agriculture.

Aide à l’installation, protection des agriculteurs noirs

Voilà sûrement les seuls points d’accord de leurs programmes, qui rapidement divergent. D’abord, Joe Biden se distingue en promettant de renforcer l’aide aux jeunes agriculteurs ; un sujet dont il n’était en revanche pas question dans le programme de Donald Trump. Dans le cadre du Farm Bill, le Démocrate promet, d’une part, un doublement du plafond d’aide aux jeunes agriculteurs hors-cadre familial, via le cadre du Programme de microcrédit existant dans le Farm Bill. D’autre part, il veut augmenter les fonds dédiés à un autre programme de prêts dédiés à l’acquisition de fermes. Autre spécificité de Joe Biden, il souhaite « mettre fin aux discriminations envers les agriculteurs noirs », sans préciser la nature du phénomène.

Une réglementation Antitrust renforcée

Plus généralement, Joe Biden veut « protéger les petites et moyennes exploitations ». Et cela passe, selon lui, par un renforcement de la réglementation sur la concurrence, appelée Antitrust aux États-Unis. Il souhaite notamment réviser le Clayton Antitrust Act et le Packers and Stockyard Act. « Des intrants qu’ils achètent, aux marchés où ils écoulent leurs produits, les agriculteurs et les éleveurs sont lésés par une concentration croissante », estime le président nouvellement élu.

Payer pour protéger la nature et stocker le carbone

C’est justement sur le terrain de la réglementation, en particulier environnementale, que les deux programmes s’affrontaient le plus. Dans le cadre du Farm Bill, Biden a expliqué qu’il était favorable à un renforcement des moyens alloués aux farmers pour protéger la nature, via le Conservation Stewardship Program, que l’administration Trump avait proposé au Congrès de supprimer en 2018, en vain. Le Démocrate propose d’ajouter audit CSP des paiements pour séquestrer le carbone. Il souhaite par ailleurs que l’agriculture américaine « soit la première à atteindre le zéro émissions nettes ». Autre question environnementale, celle de la loi sur les espèces en danger (ESA), que Biden veut renforcer. Durant son mandat, Trump l’a assouplie, ce qui a conduit son administration à sortir – en pleine campagne – le loup de la liste des espèces protégées.

Investissement dans les biocarburants

Avec son Green New Deal à 400 Mrd$, Joe Biden se veut aussi un champion de l’investissement dans la transition énergétique, dont l’agriculture pourrait bénéficier via l’agriculture de précision, le biosourcé, et particulièrement les biocarburants cellulosiques. Et le Démocrate veut notamment mobiliser les flottes de véhicules de l’administration pour booster les biocarburants. Ce sujet des biocarburants a alimenté les attaques contre Trump durant la campagne. Biden l’a accusé d’avoir accordé à l’industrie pétrolière (Big Oil) de trop nombreuses dérogations aux objectifs d’incorporation d’éthanol.

Accusé de vouloir augmenter la taxe sur le foncier

En matière de fiscalité, le « presque » président démocrate met en avant son projet d’augmenter les taxes payées par les « grandes entreprises » pour la mettre au même niveau que les plus « petites », parmi lesquelles il place les exploitations agricoles. Partisan des baisses d’impôts, Trump rappelait à l’inverse qu’il a abaissé durant son mandat les taxes sur les entreprises et le capital : « Cela a permis aux agriculteurs d’avoir des certitudes pour les générations futures et d’investir davantage. »

Une stratégie commerciale « mondiale »

Sur le terrain de la politique commerciale, le président élu Biden veut « une stratégie mondiale » pour « lutter contre les pratiques commerciales déloyales mettant en péril la production sur le sol américain ». Donald Trump revendiquait sa méthode rugueuse de négociations bilatérales et les rétorsions subies chinoises sur les marchés agricoles, pour lesquelles il a versé 28 milliards de dollars aux agriculteurs durant son mandat. Il a d’ailleurs remercié les agriculteurs de lui avoir permis de tenir face aux Chinois » et projetait de boucler les négociations avec la Chine (phase 2), le Japon, la Grande-Bretagne et l’Union européenne. Cette dernière représente « un des marchés les plus défavorables aux agriculteurs américains », estimait Trump.

Légaliser davantage de travailleurs agricoles étrangers

Enfin, qu'en est-il du statut des travailleurs étrangers, notamment illégaux, nombreux à travailler dans les exploitations agricoles. Joe Biden a indiqué saon intention de faire en sorte que les travailleurs qui ont travaillé plusieurs années sur une ferme américaine soient légalisés ». Et de préciser que son administration serait favorable à « un statut légal basé sur un passé de travailleur agricole et une accélération de l’accès aux green cards et à la citoyenneté ».

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