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Manager la santé des chèvres à l’aide des capteurs du rumen

La technologie des capteurs gagne en importance dans les diverses branches de la médecine vétérinaire. Pour les bovins, divers capteurs sont déjà disponibles sur le marché pour, entre autres, la détection des chaleurs, l’analyse du lait et sous forme de détecteurs de naissance. Dans le secteur de la chèvre laitière, de tels dispositifs n’existent pas encore.

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Les capteurs enregistrent en permanence divers paramètres cliniques qui peuvent nous aider dans la gestion de chaque chèvre ou du troupeau entier. Ces données enregistrées peuvent aider l’éleveur et l’avertir à temps de l’état métabolique d’un animal individuel et/ou de l’état général d’un groupe de production au sein d’un troupeau. Le projet Bolucap développe un prototype de capteurs comprenant une intelligence artificielle (IA) qui cartographie la santé de la chèvre.

Monitoring de la santé

L’un des défis de l’élevage caprin professionnel est sans aucun doute la gestion des troupeaux et des animaux. Il est important de bien observer le cheptel dans son ensemble. L’état nutritionnel d’une chèvre est également déterminé par la facilité d’ingestion de la ration. Des troubles tels que la diarrhée et la boiterie doivent être rapidement observés car, d’une part, ils peuvent être le signe de changements nutritionnels et, d’autre part, en plus de la souffrance inutile des animaux, ils entraîneront également des pertes de production. Le suivi régulier de l’arthrite arthrite-encéphalite caprine ou AEC (dite maladie des « gros genoux »), de la paratuberculose, des cas de lymphadénite et de boiterie fait certainement partie de l’optimisation de la santé d’une exploitation. En outre, le rationnement est un facteur clé pour un bon management et une bonne production.

La production laitière nécessite une ration équilibrée – adaptée au stade de lactation ou au niveau de production. Par exemple, les chèvres recevront suffisamment d’énergie au début de la lactation qu’elles mobiliseront dans la production laitière. Plus tard, la ration est ajustée pour que les chèvres ne s’engraissent pas pendant la durée de sa lactation. La ration de tarissement (juste avant l’agnelage) détermine à son tour le début de la prochaine lactation. Dans chaque phase de production, l’équilibre entre concentrés et fourrage grossier est essentiel pour la santé de la chèvre afin d’optimiser la rentabilité économique.

Les chèvres ne sont pas autant monitorées que les vaches aujourd'hui.
Les chèvres ne sont pas autant monitorées que les vaches aujourd'hui. - Marjolein Brack

La fièvre de lait

Les déséquilibres nutritionnels peuvent très rapidement entraîner des maladies, des souffrances animales et des pertes de production. Après l’agnelage, les chèvres courent le risque de se retrouver avec un bilan énergétique négatif. Les réserves de graisse sont donc mobilisées et un taux de cétones trop élevé est libéré dans le sang. Celui-ci réduit à son tour l’appétit, qui induit à son tour l’immobilisation des graisses, de sorte que davantage de cétones arrivent dans le sang.

Au cours du dernier trimestre de la gestation, la demande en sucre va fortement augmenter car les fœtus ont besoin de beaucoup d’énergie. Cela peut conduire à une toxémie de gestation lorsque le besoin en énergie dépasse leur capacité d’absorption. En particulier, une chèvre qui a une gestation multiple sera capable d’absorber moins de matière sèche, ce qui perturbera d’autant plus son métabolisme énergétique. Il est utile pour l’éleveur de diagnostiquer cette cétose à un stade précoce, avant l’apparition des symptômes cliniques. Les cas (sub-)cliniques individuels peuvent refléter le déséquilibre de l’approvisionnement énergétique par groupe de production, ce qui permet d’ajuster la ration en temps utile.

Acidose ruminale

Un autre problème chez la chèvre ? L’acidose ruminale. Cette acidification est causée par la fermentation rapide de sucres facilement digestibles, généralement par l’absorption brutale de quantités excessives. Le maïs est un produit connu pour cela, mais le blé et l’avoine peuvent également faire baisser le pH si une trop grande quantité est absorbée. Plus la taille des particules est faible, plus rapidement les bactéries du rumen vont les digérer et plus vite l'acidité du rumen va diminuer. Dans un environnement acide, les lactobacilles qui produisent des lactates se multiplient à grande vitesse, ce qui entraîne une acidification encore plus importante du contenu du rumen. Le lactate formé dans le rumen est également osmotiquement actif et va puiser de l’eau dans la circulation sanguine, ce qui augmente la pression du rumen. Plus tard, l’acide affectera la paroi du rumen, provoquant la « fuite » des bactéries et des toxines dans le sang.

Dans l’élevage caprin professionnel, l’acidification du rumen causée par une ration non ajustée est évitée en adaptant la ration aux besoins du groupe de production spécifique. Néanmoins, cela reste un trouble important qui peut avoir des implications majeures sur la production laitière d’une exploitation. Les chèvres laitières seront nourries avec de grandes quantités d’aliments riches en glucides, surtout après l’agnelage.

Le projet Bolucap

Au vu de la forte croissance que connaît le secteur caprin laitier, une gestion optimale de la santé et des rations peut maximiser l’efficacité de la production. Les troubles et maladies métaboliques (comme la cétose ou l’acidification du rumen) peuvent réduire la production de lait jusqu’à 35 %, entraînant des pertes économiques. À mesure que les élevages de chèvres laitières prennent de l’ampleur, la gestion de la santé devient plus importante. Les développements technologiques pourraient y contribuer.

Un capteur ou bolus qui mesure l’action du rumen – en fonction, par exemple, du pH, de la contractilité, de la consistance, de la température et de la pression – peut être un outil intéressant pour surveiller ces 2 troubles digestifs. Ainsi, la ration est optimisée avant que des symptômes cliniques ou une perte de production ne soient observés.

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Le projet Bolucap est né du besoin de disposer de données plus fondées sur la chèvre et est donc également parrainé par Vlaio (Agentschap Innoveren en Ondernemen). Ce projet pluriannuel est mené par 6 parties différentes : IMEC-WAVES-UGent, NXP Semiconductors Belgium, W. Govaerts & Co, J. Kusters (Alprina), les studios ORL et la Faculté de médecine vétérinaire de l’UGent.

Comme mentionné précédemment, l’utilisation des rations est fortement liée à la surveillance de la santé. Les différentes parties prenantes au projet se concentreront sur ce point. Grâce à ces données, l’agriculteur, le conseiller agricole et le vétérinaire pourront travailler à l’optimisation des résultats. La détection automatique des chaleurs est également l’une des possibilités. À ce jour, l’insémination artificielle chez les chèvres est généralement précédée d’un traitement hormonal à base de PMSG (Hormone Gonadotrope sérique de jument gravide) pour induire et synchroniser l’œstrus. Cependant, le soutien à ce traitement est en baisse parmi les consommateurs car cette hormone ne peut être extraite que du sang des juments pleines. Comme ces traitements hormonaux sont progressivement mis sous pression, il faut chercher une alternative. Un capteur qui détecte les chaleurs naturelles des chèvres pourrait être une solution possible. Prévoir le moment de la mise bas peut être une bonne chose, mais n’est pas encore considéré comme un « must ».

Marjolein Brack,

UGent

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