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Les chips de Lucien: «Pour plus de valeur et de reconnaissance en notre savoir-faire!»

Depuis plusieurs mois déjà, les chips de Lucien côtoient avec succès les grandes marques de supermarchés. Leur particularité ? Elles sont 100 % naturelles et locales, transformées en direct par un trio de cousins producteurs de pommes de terre. Leur objectif ? Valoriser au mieux leur matière première et retrouver un peu de reconnaissance pour le travail accompli.

Temps de lecture : 7 min

Les chips de Lucien sont nées de la volonté de trois jeunes agriculteurs -Thomas, Antoine et Stany- de se rapprocher du consommateur tout en apportant de la valeur ajoutée à la matière première produite : « Nos productions agricoles manquent de reconnaissance. Dans bien des cas, nous livrons à l’industriel la production d’une année en étant ultratransparents sur la manière dont elle a été produite mais nous n’en retirons aucune récompense morale. Ça passe dans la masse. De plus, nous n’avons aucune gestion de notre chiffre d’affaires : nous pouvons faire pile poil la même chose d’une année à l’autre et gagner deux fois moins car nous sommes mis en concurrence avec des pays où la main-d’œuvre et la terre sont moins chères. L’idée, c’était donc de se rapprocher du maillon final et de pouvoir lui expliquer notre métier grâce à un produit fini », explique Thomas. La spécialité des trois cousins étant la pomme de terre et leur péché mignon les chips, le choix a vite été fait.

Une unité de production indépendante

Les jeunes entrepreneurs ont choisi d’installer leur ligne de production dans le zoning de Mettet. « Nos exploitations sont proches l’une de l’autre mais nous avons décidé d’établir l’unité de production en dehors de nos fermes afin d’éviter que l’un d’entre nous ne se retrouve avec une surcharge de travail. Les chips de Lucien, c’est une coopérative d’indépendants. L’entreprise doit tourner indépendamment des fermes avec une structure qui nous permet d’avoir un rôle plus administratif et de continuer à nous investir dans nos exploitations. De même, chacun à son rôle et est souverain dans son poste, ça ne nous empêche pas de gérer certaines situations ensemble mais nous ne nous marchons pas sur les pieds et nous nous appuyons sur nos points forts », dit Stany. Ainsi, ce dernier profite de son expérience professionnelle passée dans la gestion des équipes, l’approvisionnement et la fabrication quotidienne. Antoine s’occupe plus particulièrement du suivi et développement de la ligne de production. Enfin, Thomas se consacre à la communication et aux échanges commerciaux.

L’objectif des trois jeunes agriculteurs est de valoriser leurs pommes de terre  à un meilleur prix pour assurer la pérennité de leurs exploitations.
L’objectif des trois jeunes agriculteurs est de valoriser leurs pommes de terre à un meilleur prix pour assurer la pérennité de leurs exploitations.

Se former aux ressources humaines et au métier

Pour faire tourner la petite usine, le trio peut compter sur une équipe d’une dizaine d’employés actifs au secrétariat, à la production (en deux pauses) et dans les échanges commerciaux. « Nous avons la même équipe depuis le début. Il n’empêche que la gestion des ressources humaine a été un défi pour nous tous car c’est un domaine que l’on connaît mal ou que l’on gère différemment en agriculture. On travaille souvent en famille ou avec des saisonniers et selon des horaires un peu particuliers, c’est donc assez différent. Nous avons dû nous former et former notre équipe au métier. Nous sommes passés par beaucoup d’étapes avant d’arriver au résultat actuel et, parfois, des lots entiers ont dû être déclassés pour l’alimentation animale », explique Antoine.

Ce qui fait la différence…

Chaque exploitation livre à tour de rôle la petite usine. Les pommes de terre arrivent triées et déterrées, et sont lavées sur place. « Nos pommes de terre sont cultivées de manière raisonnée. Nous produisons et transformons notamment de la Lady Claire et de la Lady Rosetta. Cette année, nous nous sommes également lancés dans la culture bio et nous en transformons déjà une petite partie en vue de proposer une gamme de chips bio », dit Thomas.

Des pommes de terre non épluchées

Le coupe chips est alimenté en pommes de terre entières. « Nos pommes de terre n’étant pas traitées avec un antigerminatif chimique, nous avons décidé de ne pas les éplucher afin de conserver tous les nutriments et vitamines présents dans la peau »

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La cuisson prenant plus de temps que l’empaquetage, cela crée des temps morts.  C’est pourquoi cette partie de la ligne de production sera prochainement doublée.
La cuisson prenant plus de temps que l’empaquetage, cela crée des temps morts. C’est pourquoi cette partie de la ligne de production sera prochainement doublée. - DJ

Pourquoi pas de l’huile de colza ?

Les pommes de terre sont coupées et les chips sont cuites dans un bain d’huile végétale. « Nous souhaiterions aller plus loin à ce niveau et utiliser notre propre huile de colza, toujours dans l’idée de valoriser nos propres produits. Avec l’accord de l’obtenteur et en collaboration avec le CRA-W, nous sommes en réflexion sur l’utilisation d’une variété résistant à la hausse des températures. On pourrait même envisager des partenaires locaux puisqu’une entreprise de la région presse déjà de l’huile de colza », détaille Antoine.

Les chips de Lucien traitent 20 tonnes de pommes de terre  par semaine pour produire 5 tonnes chips.
Les chips de Lucien traitent 20 tonnes de pommes de terre par semaine pour produire 5 tonnes chips. - DJ

Sel, paprika, poivre&sel, saveur épicée et pesto

Après cuisson et tri, les chips sont aromatisées au moyen de mélanges d’épices 100 % naturelles : « Nous travaillons avec un fournisseur qui nous propose des recettes à base d’ingrédients cultivés, séchés et broyés, sans exhausteur de goût ou passage en laboratoire. La qualité peut donc un peu varier en fonction de la récolte mais c’est le lot du naturel », dit Stany. La gamme comprend ainsi 5 références : sel, paprika, poivre&sel, épicée et pesto qui vient récemment de compléter les saveurs proposées. « À moyen terme, l’idée est d’utiliser des épices bios en vue du développement de la gamme bio. D’autres références devraient également être envisagées et, pourquoi pas du vrac ».

La gamme comprend 5 références: sel, paprika, poivre&sel, épicée et pesto. Cette dernière vient de sortir mais d’autres références sont à l’étude, ainsi qu’une gamme bio.
La gamme comprend 5 références: sel, paprika, poivre&sel, épicée et pesto. Cette dernière vient de sortir mais d’autres références sont à l’étude, ainsi qu’une gamme bio. - DJ

Saine concurrence

Les chips de Lucien traitent 20 tonnes de pommes de terre par semaine pour produire 5 tonnes de chips. « Nous produisons 1 tonne de chips par jour, c’est 200 fois moins que les spécialistes en production de chips mais c’est très bien comme ça. Heureusement que les grandes industries sont là pour dynamiser le secteur. Notre usine n’a pour vocation que de transformer la production de nos exploitations et peut-être un jour nous apporter un peu d’autonomie. Il n’y a donc aucun problème à ce que l’on coexiste. De plus, nous n’avons pas du tout la même cible. Nous nous intéressons aux personnes qui ne mangeaient pas de chips auparavant et qui soutiennent notre produit parce que ça a du sens pour eux. ».

Des entreprises similaires sont en passe d’installation en Wallonie et en Flandre mais cela n’inquiète pas notre trio : « Nos structures ne sont pas vraiment identiques et puis la concurrence peut aider à se dépasser et développer notre philosophie. De plus, s’il y a une plus grande offre de chips artisanales sur le marché, les gens en achèteront peut-être plus », dit Thomas.

« Nous nous intéressons aux personnes qui ne mangeaient pas de chips auparavant ».

Des épiceries fines aux supermarchés

Les chips de Lucien sont vendues aussi bien dans les commerces locaux et épiceries fines que les supermarchés : « L’idée de départ était de privilégier les indépendants et les épiceries fines mais nous nous sommes vite rendu compte que ça ne collait pas à notre business modèle qui est de transformer 100 % de notre production à terme. On sait que les gens s’arrêtent sur leur chemin pour faire leurs courses et qu’il est difficile de changer leurs habitudes. L’après confinement nous en a d’ailleurs donné la preuve. Dans ce contexte, il est difficile de se passer des supermarchés », dit Antoine.

Le chantier est grand

À peine un an après la sortie du premier paquet, les chips de Lucien s’agrandissent déjà. « Nous avons un nouvel espace de stockage nous permettant de faire l’appoint le week-end et de libérer de la place en production. La cuisson prenant plus de temps que l’empaquetage, la ligne de cuisson sera prochainement doublée afin de réduire les temps morts. Nous installerons également un trieur optique afin de nous affranchir du tri manuel qui est un travail harassant. On croit en notre idée et notre cause mais ça demande beaucoup d’investissements professionnels et personnels. La remise en question est constante et il faut être en recherche et contact permanent avec le client. Le chantier est grand mais stimulant », affirment les trois collègues.

D.Jaunard

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