Des menaces planent sur les marchés agricoles mais l’Europe se refuse d’agir

Plusieurs secteurs sont menacés – viande porcine, viande bovine, lait, vin... – mais la Commission européenne refuse d’agir.  Au mieux, elle se contente d’une promesse : « Nous suivrons la situation de près, en particulier à l’approche de Noël  et dans la perspective du Brexit et de possibles perturbations des flux de marchandises » .
Plusieurs secteurs sont menacés – viande porcine, viande bovine, lait, vin... – mais la Commission européenne refuse d’agir. Au mieux, elle se contente d’une promesse : « Nous suivrons la situation de près, en particulier à l’approche de Noël et dans la perspective du Brexit et de possibles perturbations des flux de marchandises » . - J.V.

Les ministres de l’Agriculture de l’UE avaient transmis à la Commission européenne leur cahier de doléances dans une période particulièrement mouvementée pour les différents secteurs agricoles pris entre la deuxième vague de Covid-19, les maladies animales (peste porcine africaine et influenza aviaire) et les incertitudes autour des négociations post-Brexit.

Mais, à l’occasion de l’échange de vues entre les Vingt-sept, la Commission européenne a estimé que la situation était globalement stable sur la plupart des marchés : « Pour tous les produits animaux, même si la situation n’est pas rose, des mesures exceptionnelles ne seraient pas justifiées maintenant ». Elle n’a néanmoins pas totalement fermé la porte à des interventions dans les secteurs viticole et porcin.

La discussion entre les ministres s’est faite sur la base d’un document de 37 pages réunissant les inquiétudes et demandes des États membres. Principaux secteurs concernés : les productions animales – porc, bovin (veau en particulier) et lait – et la viticulture. Sur ce sujet, la France, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie et les Pays-Bas ont demandé que les mesures d’urgence déjà prises soient prolongées.

Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a admis que la situation restait « précaire », malgré les mesures de distillation de crise et d’aide au stockage privé qui ont absorbé une partie de l’excédent de 2019. Il a confirmé qu’une prolongation d’un an de ces mesures, qui pourrait s’appliquer rétroactivement à partir du 16 octobre dernier, était envisagée.

Des mesures envisagées pour le porc

De nombreux États membres (France, Espagne, Autriche, Belgique, Hongrie, République tchèque, Croatie, Roumanie, Lituanie…) ont appelé à venir de nouveau en aide au secteur porcin. Le secteur s’est bien organisé pour faire face au confinement du printemps, constate l’UE, mais les récents cas de peste porcine africaine chez les sangliers en Allemagne (et l’embargo imposé par la Chine) l’ont perturbé.

Sans se montrer formel, Janusz Wojciechowski a donc indiqué, à l’issue de la réunion du Conseil agricole, qu’il envisageait d’intervenir mais que ces services étaient en train d’étudier les meilleurs moyens d’agir, notamment en ouvrant des aides au stockage privé.

Mais globalement, se félicitent le commissaire et ses services qui surveillent de près l’évolution des marchés, la deuxième vague de la pandémie de Covid-19 – et les mesures de restrictions prises par les États membres pour y faire face – n’a pas eu d’impact majeur sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire. « Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les chaînes d’approvisionnement alimentaire de l’UE ont prouvé leur résistance pendant cette crise. Nous avons évité qu’une crise alimentaire ne vienne s’ajouter à une crise sanitaire », a déclaré M. Wojciechowski.

Et de détailler : « L’inflation des prix des denrées alimentaires à la consommation est à un niveau qui peut être considéré comme normal avec une hausse annuelle de 1,9 % en août et septembre, ce qui montre que les pressions liées à la pandémie se sont atténuées et que la chaîne d’approvisionnement alimentaire s’est bien adaptée, après des augmentations de prix de 4,5 % en avril. »

« Toute notre attention » sur le Brexit

La Commission européenne promet de continuer à suivre la situation de près, en particulier à l’approche de Noël et dans la perspective du Brexit et de possibles perturbations des flux de marchandises qui, assure le commissaire, reçoivent « toute notre attention ».

Le secteur de la viande bovine, « vulnérable », a souffert pendant le premier confinement et le Brexit constitue une nouvelle menace, a-t-il convenu. Mais selon lui, « des signaux positifs émanent du secteur de la vente au détail qui accepte de reprendre certaines découpes de grande valeur normalement vendues aux restaurants ». Et la volaille qui avait été « relativement résistante » au printemps, est maintenant confrontée au problème du démarrage précoce de la saison de la grippe aviaire, admet-il. Mais là encore, aucune mesure d’urgence n’est prévue.

Pour le secteur laitier enfin, les principaux défis restent les sanctions américaines et le Brexit mais, pour le commissaire, « les fondamentaux du marché restent bons, ne justifiant aucune intervention ». Et pour les autres secteurs comme les céréales, le sucre, les fruits et légumes ou l’huile d’olive, il estime que ceux-ci ont bien résisté. L’issue des négations sur la future relation entre l’UE et le Royaume-Uni sera, pour toutes ces productions le point déterminant dans les mois à venir.

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