Accueil Maraîchage

Des soins attentifs tout au long de la saison, pour une récolte généreuse de chou-fleur de printemps

Dans les fermes maraîchères diversifiées, la culture du chou-fleur hâtif a sa place pour permettre une commercialisation en juin. Pour ce faire, les semis doivent être effectués fin janvier ou début février. Et si l’on souhaite travailler avec un éleveur spécialisé, n’hésitons pas à passer commande dès maintenant.

Temps de lecture : 6 min

L es hybrides sont largement dominants dans les variétés de chou-fleur de printemps proposées à la vente dans les catalogues des semenciers. N’hésitons pas à commander déjà les plants chez les éleveurs afin de disposer des variétés les mieux adaptées à nos besoins.

L’assortiment de variétés proposé par les semenciers est d’ailleurs en évolution, avec l’apparition de nouveautés comme Aerospace, Alcala, Alston, Ansart, Bering, Flirt, Guideline, Kornalu ou Mardi qui complètent l’assortiment classique.

De la production…

L’élevage dure environ 40 jours, voire un peu plus. Le semis se fait dans les mottes pressées classiques, fin janvier ou début février. Cette date permet d’espérer la plantation à la mi-avril. Les mottes pressées de 5 cm de côté (au lieu de 4 cm) coûtent un peu plus cher mais ont l’avantage de permettre plus facilement un report de la date de plantation en cas de nécessité. C’est pratique.

Comme l’élevage demande un apport de chaleur, il est souvent préféré de commander les plants chez des éleveurs spécialisés.

… à la plantation

La plante doit pouvoir développer son enracinement rapidement et sans encombre. La structure du sol doit être impeccable, le drainage bon et le pH proche de 6,5 à 7.

Les choux-fleurs sont plantés à raison de 2 plantes/m² pour les variétés à fort développement foliaire, à 2,3 plantes/m² pour les autres. Les premières ont un développement végétatif puissant qui demande de plus larges distances de plantation.

Le champ de production est couvert d’une voile jusque mi-mai ou fin-mai.

Les plants en mottes sont généralisés.
Les plants en mottes sont généralisés. - F.

L’analyse de sol, pour adapter la fertilisation

Les analyses de sol permettent d’ajuster la fertilisation en azote et en soufre, notamment, mais aussi en potassium et permettent d’ajuster le pH.

Les choux-fleurs sont, en effet, très sensibles au pH du sol. À plus de 7,0 de pH KCl, les risques de blocage du bore sont réels. À moins de 6,5, les risques de hernie sont importants, surtout si la rotation est chargée en choux ou crucifères. L’analyse de sol permettra de corriger ce paramètre le cas échéant.

Les besoins en N – P2O5 – K2O – MgO – SO3 sont proches de l’équilibre 1 – 0,35 – 1,30 – 0,07 – 0,35. Nous visons un calcul du bilan d’azote pour atteindre une disponibilité de 220 unités en choux-fleurs hâtifs en nous basant sur une analyse de profil et un calcul de bilan N. Les exportations représentent de 25 à 35 % des apports. Les restitutions au sol via les résidus de culture (feuilles, tiges, partie supérieure des racines) sont de 65 à 75 % des besoins totaux.

Les choux valorisent très bien les apports organiques, ils se développent très bien aussi après des cultures d’engrais verts ou de SIE.

Irriguer ? À réfléchir dès début mai

Deux ou trois binages permettent de contrôler le désherbage ainsi que les buttages. Mais la présence du voile complique ces opérations mécaniques. Plusieurs herbicides sont homologués en production conventionnelle, contre les dicotylées et les graminées.

En pratique, la question de l’irrigation des choux-fleurs hâtifs se pose vers début mai, soit un mois après la plantation. En cas de déficit hydrique, nous pouvons prévoir un apport de 30 mm d’eau par aspersion au-dessus du voile, à répéter éventuellement deux semaines plus tard.

L’irrigation sera calculée sur base de l’ETP (évapotranspiration) en se basant sur un coefficient cultural de 0,4 les trois premières semaines après la plantation, 0,7 pour les cinq semaines suivantes et de 1 pour les semaines suivantes.

Juin, le mois des récoltes

La récolte pourra commencer début juin pour les variétés les plus précoces et s’étendra jusque fin juin. Les standards sont uniformisés en Europe en catégories Extra, Cat. I et Cat. II pour les choux-fleurs. En chou-fleur de printemps, nous pouvons espérer des poids de l’ordre de 1,5 kg par chou.

La conservation se fait à 1,5ºC, à 97 % d’humidité relative.

Attention aux ramiers

Les ramiers sont à la recherche des parcelles de choux en début d’année. Ils sont d’autant plus à craindre que les parcelles de choux sont rares dans la plaine. Il est important de mettre en œuvre plusieurs moyens de lutte pour éviter que ces oiseaux ne s’habituent aux moyens d’effarouchement. La pose du voile est déjà une bonne précaution. Mais il faut mettre en place des moyens alternatifs de protection entre la plantation et la pose du voile, même s’il ne s’écoule qu’un ou deux jours.

Protéger la culture des insectes

Des insectes peuvent provoquer des dégâts. Les altises, les piérides et autres chenilles, les pucerons et la mouche du chou sont les plus fréquents. En pratique, si une intervention insecticide était requise, elle pourra se faire sur les plants avant la plantation.

Concernant la mouche du chou, qui est surveillée de près également, les interventions doivent se faire au pied des plants et, le cas échéant, avant la pose du voile.

Les altises des crucifères

Phyllotreta spp. provoquent des dégâts de mai à septembre, surtout sur les jeunes plants. Ils hivernent dans le sol et ressortent en mai. Des rotations courtes ou des parcelles très proches des lieux occupés l’an passé sont des situations à risques. Plusieurs insecticides sont homologués en culture conventionnelle.

Les chenilles défoliatrices

Les piérides du chou et de la rave, les noctuelles et la teigne mangent le feuillage et souillent les pommes des choux. Les piérides sont les plus fréquentes. Les vols des papillons blancs sont facilement repérables de jour ; quelques jours plus tard, les chenilles éclosent des œufs déposés en paquets d’une ou deux dizaines. Les noctuelles et la teigne volent de nuit.

Les filets sont efficaces. Les traitements à base de Bacillus thurigiensis le sont également sur jeunes chenilles et respectent parfaitement les auxiliaires. Les produits à base de spinosad sont utilisables en conventionnel et en bio, avec des précautions pour éviter les effets indésirés sur les auxiliaires. De nombreux insecticides sont homologués en conventionnel.

Les pucerons

Les ravages de pucerons, dont le puceron cendré du chou, ne sont pas fréquents si les auxiliaires ont pu s’installer dans ou à proximité de la parcelle. La diversité floristique a toute son importance.

La mouche du chou

Les dégâts sont provoqués par les larves qui rongent le collet et les racines des plantes. Les voiles anti-insectes fonctionnent bien. Des insecticides sont homologués en traitement au pied des plantes ou en application généralisée. Voir www.fytoweb.be.

La mouche du chou est surveillée de près, les interventions devant  se faire au pied des plants et, le cas échéant, avant la pose du voile.
La mouche du chou est surveillée de près, les interventions devant se faire au pied des plants et, le cas échéant, avant la pose du voile. - F.

Peu de maladies foliaires

Les maladies foliaires ne sont pas fréquentes en chou-fleur hâtif. Plusieurs fongicides sont homologués, notamment à base de dimethomorphe ou de propamocarbe.

La hernie du chou peut provoquer d’importants dégâts si la rotation est mauvaise et si le pH du sol est acide.

Sclerotinia sclerotiniorum est une maladie tellurique liée à la rotation. Elle se maîtrise par Contans apporté avant la culture (voir www.fytoweb.be).

Et du côté des accidents physiologiques ?

De manière générale, des plants vigoureux placés dans un sol à bonne structure et irrigués en cas de sécheresse donnent peu de problèmes en chou-fleur hâtif.

F.

A lire aussi en Maraîchage

La fertilisation en maraîchage diversifié

Maraîchage La fertilisation des cultures maraîchères et celle des grandes cultures répondent aux mêmes principes. Il s’agit d’améliorer le sol physiquement, chimiquement ou biologiquement. Cependant, les particularités propres aux cultures maraîchères influencent les décisions prises par les producteurs, notamment en ce qui concerne la durabilité économique, sociale et environnementale.
Voir plus d'articles