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La Chine toujours en manque de viande bovine

Alors que les prix de la viande porcine reculent fortement depuis début septembre, les cours de la viande bovine demeurent élevés et tirent les importations.

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Après avoir progressé jusqu’à la fête de la mi-automne et aux vacances du 1er octobre, le prix de la viande bovine au détail est restée quasi-stable, à 85,5 RMB/kg (10,5 €/kg), depuis son record historique atteint en février 2020 (85,7 RMB/kg). Alors qu’il avait progressé en 2019 dans le sillage de celui de la viande porcine, le cours de la viande bovine semble désormais déconnecté du prix du porc qui a fortement fléchi depuis début septembre.

Ce niveau très élevé des prix montre une demande toujours forte en viande bovine que n’arrive pas à combler une offre en repli.

Offre nationale en retrait

Les données officielles chinoises, pour le 1er semestre 2020, font état d’une baisse de 2 % du nombre de bovins abattus par rapport à la même période de 2019 qui se traduit par un recul de 3,4 % des volumes produits (-100 .000 téc par rapport à 2019).

Ce décrochage s’expliquerait par la conjonction de plusieurs phénomènes. Fin 2019, suite à une période de rétention des animaux ayant fait grimper les cours, une vague d’abattages a eu lieu dans de nombreux endroits en Chine. Les animaux qui auraient dû être vendus après la Fête du Printemps l’ont été en masse un à deux mois à l’avance, entraînant une baisse des cours des animaux gras, et un recul des poids carcasse.

Cette petite panique a donc réduit les disponibilités au 1er  semestre 2020. Mais la baisse des cours des animaux gras, de -6 % entre décembre et janvier, a également provoqué un certain attentisme des engraisseurs et donc une réduction des mises en place début 2020. Ce phénomène a été accentué par la fermeture, en février et mars, de la plupart des marchés aux bestiaux, dans le cadre de mesures sanitaires de lutte contre la Covid-19. Le nombre de bovins mis à l’engraissement au 1er trimestre aurait donc fortement reculé, limitant de fait la production attendue au 2nd semestre 2020.

En outre, le nombre de bovins vivants importés en contrebande d’Asie du Sud-Est aurait chuté de plus des deux tiers du fait de contrôles renforcés, dès avant la pandémie et davantage depuis. À tel point que ces animaux n’auraient plus d’intérêt en termes de prix sur le marché chinois, freinant les effets baissiers de cette offre. Ainsi, le prix de marché d’un animal de contrebande dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine) serait le même que celui des bovins d’engraissement dans le Nord-Est.

Un autre facteur à prendre en compte dans la hausse des cours des animaux gras concerne l’augmentation du coût de la main-d’œuvre et de l’alimentation animale, mais également des animaux maigres.

Des importations records

Ce manque d’offre sur le territoire national attire les importations de viande bovine qui ont atteint un nouveau record. Sur les 9 premiers mois de l’année, elles se sont élevées, en Chine continentale, à près de 2 millions de téc (+39 % par rapport à 2019), soit seulement 5 % de moins que le volume total importé en 2019. Dans le même temps, les importations via Hong-Kong n’auraient reculé que de 3 % sur les 7 premiers mois (-20.000 téc), permettant d’afficher, en cumulant les deux entités, un solde largement positif.

Le Brésil (x2,5 par rapport à 2019) et l’Argentine (+37 %), les principaux bénéficiaires de la hausse des importations, fournissent désormais à eux deux près des 2/3 des volumes en Chine continentale. L’interdépendance est forte car plus de 50 % des volumes brésiliens sont destinés au marché chinois (et même plus des 2/3 si l’on inclut Hong-Kong). Cet oligopsone vers la Chine a aussi des conséquences sur les prix intérieurs brésiliens qui ne cessent de progresser.

Les importations en provenance d’Australie sont en léger recul sur la même période (-1 % par rapport à 2019). En hausse sur les 5 premiers mois de 2020, les achats chinois ont ensuite commencé à se replier à partir du mois de juin, sous le double effet d’abattages australiens en recul, compte tenu de la recapitalisation du cheptel local, et des sanctions prises par la Chine à l’encontre de plusieurs abattoirs australiens.

La viande néozélandaise se fait également plus rare sur le marché chinois (-23 % par rapport à 2019) tandis que les importations de viandes étatsuniennes en Chine continentale progressent rapidement (+85 %) avec des volumes encore relativement marginaux (14.000 téc). Hong-Kong demeure encore la principale porte d’entrée de la viande étatsunienne en Chine, avec environ 40.000 téc sur les 7 premiers mois de 2020.

Les pays européens sont encore peu présents. Les importations de viande irlandaise progressent cependant régulièrement pour atteindre 9.500 téc sur les trois premiers trimestres 2020 (+60 % par rapport à 2019). Les volumes de viande française se chiffrent à 985 téc, à comparer aux 54 téc reçus sur la même période de 2019. Les envois français ont réellement commencé fin 2019.

Enfin, les envois de viande indienne vers le Vietnam, pays de transit vers la Chine, ont chuté de plus de 60 % sur les 8 premiers mois de l’année (-220.000 téc à 130.000 téc).

Le phénomène de réorientation des importations de viande bovine vers la Chine continentale, aux dépens de Hong-Kong et des flux gris en provenance d’Inde, initié il y a quelques années, s’est donc prolongé et renforcé en 2020.

La croissance des importations chinoise ne saurait cependant se poursuivre à ce rythme au cours des années à venir. L’offre locale devrait progresser, compte tenu du nombre de nouvelles exploitations bovins viande créées récemment. Les volumes disponibles chez les principaux fournisseurs devraient également atteindre leur limite.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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