Accueil Maïs

Culture de maïs fourrage et grain: retour sur les faits marquants de cette année

Après des semis très échelonnés, les plantes ont connu un lent démarrage sous des conditions sèches. Les adventices ont généralement été bien maîtrisées. Début juin, les pluies sont survenues à temps pour lancer la croissance dans la majorité des parcelles qui ont fleuri fin juillet. Avec des rendements très variables, les ensilages ont été réalisés plus tôt que la normale, bousculés par l’emballement des teneurs en MS. La récolte du maïs grain a connu des dates particulièrement précoces avec une qualité et des rendements souvent décevants.

Temps de lecture : 8 min

En 2020, le recensement provisoire de l’Office belge de statistique indique une surface totale en maïs sur notre territoire de 234.216 ha dont 182.158 ha concernant le fourrage et 52.058 ha destinés au grain. Par rapport à l’an dernier, cela représente une augmentation de 3,9 % des surfaces en maïs fourrage et de 7,0 % des surfaces en maïs grain (tableau 1).

Des semis en bonnes conditions en avril…

Après un mois de janvier légèrement plus sec que la normale, Les précipitations des mois de février et mars ont permis de reconstituer partiellement les réserves d’eaux souterraines après la pénurie de précipitations en 2019. C’était surtout le cas en février avec 108 mm à Uccle au lieu de 63 mm pour la normale. Malheureusement, les réserves n’ont pu être entièrement reconstituées dans de nombreuses régions et cela s’est vite fait sentir dès le mois d’avril.

Le réchauffement rapide des sols en avril et les conditions plus sèches ont permis d’accéder assez rapidement aux parcelles. Les premiers semis ont pu débuter vers le 10 avril et se sont poursuivis jusqu’à la fin avril dans de bonnes conditions. À cette date, la majorité des champs destinés au maïs grain ou au maïs fourrage tardif étaient semés.

Le réchauffement rapide des terres a permis de commencer les semis vers le 10 avril et de les poursuivre jusqu’à la fin de ce mois dans de bonnes conditions. Ci-dessus, un semis de maïs grain, le 11 avril dernier, à en Brabant wallon.
Le réchauffement rapide des terres a permis de commencer les semis vers le 10 avril et de les poursuivre jusqu’à la fin de ce mois dans de bonnes conditions. Ci-dessus, un semis de maïs grain, le 11 avril dernier, à en Brabant wallon. - M. de N.

… suivis de semis en conditions sèches au mois de mai

Après quelques légères averses au début du mois de mai, les semis se sont poursuivis jusqu’au 10-15 mai en conditions plus froides et sèches. Des semis après ray-grass ont été réalisés après cette date en conditions très sèches. Après le 20 mai, certaines parcelles devaient encore être semées.

Les levées étaient généralement bonnes à l’exception des parcelles semées après ray-grass où les levées étaient plus irrégulières.

Un début de croissance lent en conditions sèches

En raison des conditions sèches des mois d’avril et mai, la germination n’était pas optimale. Le maïs a parfois mis plus d’une dizaine de jours pour sortir de terre. Cela était parfois dû aussi à une profondeur de semis plus basse en prévision de la sécheresse et des attaques d’oiseaux. Au final, le pourcentage de levée était souvent satisfaisant dans de nombreuses situations. Les levées se sont parfois déroulées en deux temps dans les parcelles plus sèches.

Comme attendu en raison du retrait du Mesurol, des dégâts d’oiseaux ont été constatés dans certaines parcelles sur des plantes émergentes et jusqu’à un stade de 5 à 6 vraies feuilles. Un certain nombre d’agriculteurs ont dû ressemer des parcelles à la suite de ces dégâts. Cette année, une superficie relativement importante était encore protégée contre les dégâts d’oiseaux grâce au traitement Korit et aux derniers stocks de semences traitées au Mesurol.

Quelques gelées tardives ont parfois occasionné de légers dégâts sur les plantules sans pour autant détruire totalement la plante. Ce n’est qu’à partir de la première décade du mois juin que la croissance a véritablement démarré grâce aux retours de quelques pluies.

Les pucerons se sont montrés discrets tandis que des attaques de taupins ont été localement observées particulièrement dans le sud du pays.

Attendues avec impatience depuis les semis, les précipitations survevues au début de mois de juin ont fait beaucoup de bien aux cultures!
Attendues avec impatience depuis les semis, les précipitations survevues au début de mois de juin ont fait beaucoup de bien aux cultures! - M. de N.

Un contrôle des adventices globalement efficace

En raison des conditions sèches d’avril et mai, les possibilités de traitements de préémergence étaient souvent limitées. Les parcelles semées avant le 20 – 25 avril et préparées de manière optimale avaient encore suffisamment d’humidité dans le sol pour un traitement de préémergence. De plus, elles ont pu bénéficier des quelques rares averses de fin avril. Après cette date, les traitements de pré-émergence n’avaient guère de sens.

La majorité des traitements ont été réalisés en post-émergence à un stade 4 à 5 vraies feuilles du maïs. Les traitements à 2-3 vraies feuilles ont été moins fréquents. Dans les situations de sécheresse plus marquées ou à la suite de la présence d’adventices plus développées, il a parfois fallu recourir à des doses plus élevées de produits de contact.

Dans l’ensemble, le contrôle des adventices a été réussi pour des stades normaux d’applications. Dans les parcelles désherbées tardivement ou avec un mauvais choix de produits, la concurrence pour l’eau a très vite été observée.

Les pluies de juin sauvent la floraison et la période de croissance

Après un début de croissance en conditions très sèches, les précipitations de début juin ont été bénéfiques. Au cours du mois de juin, 69,4 mm de précipitations (71,8 mm pour la normale) ont été relevés à Uccle en 14 jours. Pour la majorité des parcelles, la pluie est arrivée à temps. Ensuite, les conditions chaudes et humides ont favorisé la croissance du maïs jusqu’à la floraison. La majorité des maïs ont fleuri durant la deuxième moitié du mois de juillet avec quelques floraisons tardives en août pour les derniers semis.

Le mois d’août a été sec et très chaud avec plusieurs journées caniculaires. Bien que la majorité des parcelles ait relativement bien supporté ces conditions difficiles, la chaleur et la sécheresse ont progressivement posé problème pour les maïs sur sols légers où les feuilles se recroquevillaient avant d’être complètement brûlées. Cela a pénalisé le remplissage des épis avec des pertes de rendement à la clé.

L’arrivée de quelques pluies (parfois orageuse) à partir de la mi-août et les températures un peu plus fraîches lors de la dernière décade, ont été bénéfiques pour la culture de maïs. Ensuite, début septembre, les températures ont de nouveau augmenté avec comme conséquence une rapide diminution de la quantité d’eau présente dans les tiges ce qui a favorisé une augmentation très rapide de la matière sèche de la partie tige-feuilles.

Maïs fourrage : des récoltes précoces…

Après une évolution vers la maturité exceptionnellement rapide fin août-début septembre, les premières récoltes de maïs fourrage ont commencé vers le 5-10 septembre dans des conditions sèches et souvent très chaudes. Certaines parcelles de maïs n’ayant pas ou peu développé d’épis ont parfois été récoltées plus tôt dès la fin août.

Globalement, les récoltes se sont déroulées avec 2 à 3 semaines d’avance par rapport aux dates habituelles. Cette avance a surpris nombre d’entrepreneurs et agriculteurs. De plus, l’augmentation rapide des teneurs en matière sèche (jusqu’à 5 à 6 % en une semaine) en raison des fortes chaleurs a perturbé l’organisation des chantiers de récolte. Résultat : beaucoup de parcelles ont été récoltées trop tardivement avec régulièrement des teneurs en matière sèche supérieure à 40 %.

Cela montre à nouveau l’importance de bien anticiper le choix de la date de récolte sur la base des avertissements diffusés et de la météo annoncée à 15 jours. À la fin-septembre, pratiquement toutes les surfaces maïs fourrage étaient récoltées.

Généralement, toutes les cultures montraient une bonne tenue de tige lors de la récolte. Quelques parcelles ont toutefois été affectées par les vents assez forts survenus à la fin du mois d’août avec parfois des dégâts de verse et bris de tiges.

Dans toutes les régions, les maïs fourrage ont pu être récoltés en absence de fusariose des tiges ou sur épis. La présence de charbon sur tiges n’était pas rare avec des contrastes bien visibles entre variétés tandis qu’il était peu présent sur épis. Dans certaines régions, des dégâts de pyrale ont été observés. L’intensité des attaques de pyrale était généralement faible avec souvent moins de 2 % de plantes attaquées.

… avec des rendements et des valeurs alimentaires très variables

À la suite des conditions sèches qui ont prévalu durant l’été, les rendements sont pour certains satisfaisants et pour d’autres décevants dans beaucoup de régions (tableau 2). On constate de fortes disparités inter et intrarégions selon le type de sol, la profondeur de sol et la répartition des pluies (orageuses).

En Campine, en région sablonneuse et en région limoneuse, les rendements sont généralement plus faibles que ceux de l’an dernier mais avec une assez grande variabilité entre parcelles. La région sablo-limoneuse a bénéficié de pluies supplémentaires au mois d’août qui ont permis au maïs d’atteindre des niveaux de rendements comparables à ceux de l’année passée.

Au sud du pays, les rendements sont souvent inférieurs à ceux de 2019 avec une grande variabilité selon les régions.

Les disparités sont également de mise en ce qui concerne la qualité du maïs récolté. En effet, le déficit hydrique post-floraison a influencé négativement le nombre de grains et le remplissage des épis. Les valeurs nutritives sont souvent très variables et parfois d’un faible niveau. Cependant, dans les parcelles où le maïs avait un développement correct grâce à quelques pluies bénéfiques, la qualité est au rendez-vous.

3946-MAIS-BILAN 2

Des récoltes précoces également en maïs grain

Les récoltes de maïs grain ont débuté à partir du 20 septembre avec une avance de 4 semaines par rapport aux dates habituelles. Les conditions sèches et chaudes d’août et septembre ont permis au grain de mûrir rapidement. Dans beaucoup de situations, le stade de récolte « grain humide » (34 % d’humidité) était déjà atteint ou dépassé à la fin du mois de septembre.

Cette année, les rendements en grains ont souvent été décevants ou du même niveau que ceux obtenus en 2019
Cette année, les rendements en grains ont souvent été décevants ou du même niveau que ceux obtenus en 2019 - M. de N.

Les rendements en grains (tableau 3) sont souvent décevants ou du même niveau que ceux obtenus en 2019. La majorité des parcelles a été récoltée avec une teneur en humidité se situant entre 24,5 et 28,5 %. Sur certains sites d’essais, les teneurs de certaines variétés sont parfois descendues jusqu’à 22 %.

3946-MAIS-BILAN 3

Généralement, l’état sanitaire était bon à la récolte avec parfois un peu de fusariose des tiges sur des variétés plus sensibles. Quelques problèmes de verse et/ou de bris de tiges ont été observés sur certaines parcelles suite aux coups de vent de la fin août et du mois d’octobre.

Michaël Mary, Fabien Renard, Guy Foucart

,

Cipf, Centre pilote maïs, Faculté des bioingénieurs, Ucl Louvain-la-Neuve

A lire aussi en Maïs

Voir plus d'articles